La théorie du stress oxydatif et des radicaux libres
La mitochondrie utilise près de 90 % de l’oxygène de l’organisme, avec formation de radicaux libres surtout au niveau du cerveau et du muscle. L’ADN mitochondrial est plus sensible à l’action des radicaux libres que l’ADN du noyau cellulaire. Les principales lésions liées aux radicaux libres portent sur les mitochondries, sortes d’« usines énergétiques » de la cellule, où l’énergie synthétisée l’est sous forme d’adénosine triphosphate (ATP).
Les radicaux libres sont l’une des causes principales du vieillissement. 11 s’agit en fait d’une molécule d’oxygène qui diffère des autres par le fait qu’elle possède un électron libre, ce qui la rend instable et la fait réagir avec les autres molécules de façon très volatile et destructrice, du fait de cette charge négative en excès. Ainsi, le radical libre tend à s’attacher à d’autres molécules voisines pour leur prendre un électron et atteindre l’équilibre électrique d’une molécule stable. C’est ainsi qu’il provoque une réaction en chaîne, car il va entraîner la formation d’autres radicaux libres, attaquant les membranes cellulaires et provoquant des destructions tissulaires. Ils entraînent la libération de déchets métaboliques, les lipofuscines, à l’origine des taches foncées de la peau, dites « taches de vieillesse ». Les lipofuscines vont interférer avec la synthèse d’ADN et d’ARN, la synthèse de protéines, et détruire des enzymes cellulaires nécessaires à la vie.
Les radicaux libres vont être à l’origine d’un stress oxyda-tif. Le mot « stress » s’entend ici comme une agression biologique (de type « oxyda-tif ») de notre organisme.
Ces radicaux libres issus du métabolisme de l’oxygène que nous respirons, agressent et dénaturent les substrats qu’ils rencontrent en les oxydant. Ainsi les lipides qu’ils soient circulants ou structurels de nos membranes cellulaires, les protéines, et notre ADN, sont les premières victimes de cette agression radicalaire. Ce stress oxyda-tif va entraîner ainsi la création de mutations cellulaires, des réactions inflammatoires à l’origine de lésions des parois vasculaires, voire des lésions cancéreuses et la mort. On peut voir leur action sur la peau, du fait qu’ils attaquent le collagène et l’élastine, substances qui rendent la peau hydratée, souple et élastique. Cela va aboutir à la formation de rides profondes et de plis cutanés. L’oxydation des protéines, des lipides et de l’ADN pourrait aussi contribuer, selon de nombreuses études, à l’apparition de plus de deux cents maladies, du fait des lésions causées par les radicaux libres, ne pouvant être toutes réparées: les maladies cardiovasculaires, métaboliques, l’athérosclérose, le cancer, le diabète, la dégénération des cellules dopaminergiques dans la maladie de Parkinson. Ce phénomène favoriserait aussi la maladie d’Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives comme la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) ou la SLA (sclérose latérale amyotrophique). Par ailleurs, le stress oxyda-tif est reconnu aujourd’hui comme l’explication essentielle des phénomènes du vieillissement.
Les radicaux libres proviennent de l’environnement lorsqu’il y a pollution, du tabagisme, des nombreuses toxines que l’on ingère, y compris des médicaments. Mais la plupart sont produits au sein de notre organisme, lors de la conversion des aliments en énergie. Lorsque les mitochondries produisent de l’énergie (ATP) à partir du glucose et de l’oxygène, certaines molécules d’oxygène peuvent devenir des radicaux libres, tandis que les enzymes mitochondriales recyclent l’ATP. Ainsi, environ 10 % de l’air que nous respirons chaque jour est à l’origine de radicaux libres créés par les enzymes mitochondriales. Selon le Pr Ames, de Berkeley, notre organisme serait frappé chaque jour par un véritable bombardement de 10000 radicaux libres, pouvant être à l’origine de lésions génétiques sur notre ADN (18, 19).
l’action des radicaux libres sur les gènes
Chaque individu possède sa propre « carte » génétique qui le rend plus ou moins sensible à l’action des radicaux libres. Ces derniers peuvent casser la structure de l’ADN, en activant certaines protéines comme le facteur kappa (NF-KB), entraînant une augmentation des réponses inflammatoires et immunitaires, dont la cytokine TNF alpha.
Le facteur kappa s’attache aux gènes qui favorisent l’inflammation ainsi que l’allergie, l’asthme, la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis et la maladie périodique. Il active également les gènes qui favorisent la croissance tumorale et bloque les gènes qui augmentent la destruction des cellules tumorales. À l’inverse, des antioxydants qui bloqueraient l’action du facteur kappa peuvent freiner le processus de vieillissement.
Ainsi, le vieillissement serait la conséquence de l’accumulation de dommages aléatoires de l’ADN, des protéines, des lipides et glucides, au fur et à mesure de la vie, pouvant dépasser les capacités d’auto-réparation du corps. Comme les gènes endommagés ne peuvent passer une information correcte pour la production d’enzymes et de protéines, cela entraîne deux types de conséquences : des mutations génétiques à l’origine de cancers et des syndromes inflammatoires.
Les radicaux libres entraînent aussi Fin activation de l’oxyde nitrique, élément important de la régulation de la tension artérielle. L’oxyde nitrique joue également un rôle dans la prévention de l’insuffisance cardiaque, de l’athérosclérose, de l’impuissance sexuelle et serait impliqué dans la régulation du sommeil de rêve ou REM sleep. Une équipe française de Lvon (20) a pu montrer que, durant le vieillissement, la synthèse d’oxyde nitrique au niveau cérébral contribuerait à déclencher et maintenir un sommeil de rêve, donc à permettre un sommeil profond et de bonne qualité. On peut donc penser que si, par le traitement d’apnées du sommeil, par exemple, on augmente le sommeil de rêve et la synthèse d’oxyde nitrique au niveau cérébral, on freine l’action des radicaux libres et donc le vieillissement cellulaire.
Ainsi, le traitement du ronflement et des apnées du sommeil par ventilation nasale à pression positive (PPP), par chirurgie ou laser (en ambulatoire, sous anesthésie locale), qui permet d’obtenir plus de sommeil profond stade III et sommeil de rêve, faciliterait la synthèse et l’action de l’oxyde nitrique, entravant le vieillissement lié à l’action des radicaux libres. Ce traitement, à l’origine d’une meilleure ventilation et oxygénation tissulaire nocturne, peut améliorer toutes les variables cardiovasculaires et cérébrales : pression artérielle, fréquence cardiaque, saturation en oxygène dans le sang, EEG, etc., permettant ainsi de rester en meilleure santé plus longtemps.
L’oxyde nitrique est produit par une enzyme appelée la synthèse d’oxyde nitrique, lorsque l’acide aminé L-Arginine est oxydée et convertie en L-Citrulline. Cela aboutit à diminuer le tonus vasomoteur des vaisseaux sanguins, avec une vasodilatation, et à diminuer la tension artérielle. Notre organisme combat naturellement les radicaux libres grâce à des enzymes : la catalase et la super oxyde dismutase, qui leur offrent l’électron libre qui leur manque et les neutralisent.
Certains aliments contiennent beaucoup d’antioxydants : la L carnitine, l’acide alpha lipoïque, le Coenzyme Q10, les vitamines A, C et E, qui aident l’organisme dans cette bataille contre les radicaux libres.
comment réparer les dommages causés par les radicaux libres ?
Au fur et à mesure du vieillissement, le stress oxyda-tif produit de plus en plus de dommages génétiques. Si l’on veut éviter cela, les antioxydants
provenant de la nourriture que l’on consomme peuvent nous aider à nous défendre, normalisant l’activité des radicaux libres, notamment si notre régime alimentaire est riche en fruits, légumes, herbes médicinales et épices. Une étude récente (17) a montré que certains compléments alimentaires anti-oxydants comme l’acide alpha lipoïque (AAL) ou la L carnitine, le coenzyme Q10, la vitamine E, l’acide nicotinique, le glutathion, les enzymes catalase et superoxyde dismutase, pouvaient réduire ce stress oxyda-tif. La vitamine C et les oligo-éléments zinc et sélénium sont également efficaces.
Ils agissent en synergie en neutralisant les radicaux libres par différentes méthodes.
Prenons comme exemple, la liane du Pérou ou Uncaria tomentosa, appelée en espagnol Una de gato (griffe du chat) à cause des petites tiges en forme de griffes situées à la base de ses feuilles, est une liane à usage médicinal qui pousse sur les terres vierges de la forêt amazonienne, considérée comme sacrée par les indiens péruviens, parce qu’elle agit sur l’inflammation, l’infection, voire même sur certains cancers. Elle permet notamment de stimuler les enzymes de réparation de l’ADN, étant la seule substance connue pour avoir ces propriétés. Le Dr Pero, de l’université de Lund, en Suède, a tenté de comprendre comment cette plante agissait au niveau moléculaire. Il s’est aperçu que l’extrait actif de la plante était le carboxy-alkyl-ester (CAE) dont l’association à des compléments tels la vitamine B (nicotinamide), le zinc et des caroténoïdes naturels, augmentait son efficacité, parce qu’ils sont des co-facteurs pour les enzymes de réparation de l’ADN (21). Le CAE bloque l’inflammation en empêchant le facteur kappa de se coller et d’endommager l’ADN et en favorisant la destruction des cellules tumorales.
Comment freiner le vieillissement accentué par l’inflammation chronique?
Il faut notamment apporter à l’organisme des micro-nutriments (vitamines, minéraux et acides aminés), mais aussi changer son alimentation par des règles hygiéno-diététiques plus strictes, en restreignant sa consommation de sucres, d’alcool et de caféine, enfin, faire de l’exercice, réduire son stress et être plus jeune dans sa tête pour mieux l’être dans son corps. Mais le stress oxyda-tif n’est pas la seule cause permettant d’expliquer le vieillissement car d’autres théories peuvent également nous éclairer.