La santé, première condition d'une vieillesse réussie
On présente traditionnellement l’augmentation des risques de maladies et de pertes d’autonomie comme essentiellement provoquée par des facteurs intrinsèques qui échappent au contrôle de l’individu et qui appartiennent ainsi à la catégorie age-graded. Des recherches récentes tendent en fait à prouver que les relations existant entre l’âge, l’hérédité, les styles de vie et les risques de maladies doivent être conçues de façon dynamique et non mécanique. Une source passionnante d’informations est celle issue d’une recherche suédoise (Swedish Adoption/Twin Study of Aging, SATSA) conduite sur un échantillon de trois cents paires de jumeaux âgés en moyenne de 66 ans, la moitié ayant été élevés ensemble et l’autre moitié séparément. Un tiers étaient monozygotes (vrais jumeaux issus du même œuf) et les deux autres tiers dizygotes. L’étude SATSA a évalué la part d’explication liée à l’hérédité pour les facteurs de risques d’accidents cardiovasculaires et cérébraux. Il apparaît que le poids de l’hérédité est très variable selon l’âge des sujets. Plus précisément, avant 65 ans les risques sont déterminés surtout par l’hérédité alors qu’après 65 ans ils apparaissent surtout liés au style de vie. Cela confirme le modèle de Baltes qui suppose une augmentation des influences non normatives sous le contrôle de l’individu. Les résultats montrent que lorsqu’une femme âgée de moins de 65 ans perd sa sœur jumelle (homozygote), son risque de mourir dans les mois qui suivent est quinze fois supérieur que si elle avait plus de 65 ans (Marenberg et al., 1994).
On peut résumer les recherches par trois points saillants. Premièrement, les facteurs intrinsèques seuls, quoique très importants, ne sont pas dominants chez les personnes de plus de 65 ans. Les facteurs extrinsèques et le style de vie jouent donc un rôle prépondérant chez l’âgé. Deuxièmement, après 65 ans la contribution de l’hérédité baisse au profit de celle de l’environnement. Troisièmement, conséquence des deux premiers points, la vieillesse habituelle est hautement modulable.