La pandémie grippale de 2009
Aéroport de Shanghai, juillet 2009. À l’arrêt complet de l’appareil en provenance de Los Angeles, un message très ferme du commandant de bord ordonne aux passagers de ne pas quitter leur siège. Une hôtesse et un steward ouvrent la porte avant gauche. Aussitôt, six agents chinois gantés et masqués s’engouffrent dans l’avion à la manière d’un commando ou d’un groupe terroriste. Ils parlent fort pour rappeler des consignes au personnel de bord. Ils sont armés d’un drôle de pistolet, un pistolet-thermomètre qu’ils pointent sans ménagement sur le front de chaque passager. Les plus récalcitrants d’entre eux, ceux qui pourraient s’indigner de cette inspection sanitaire musclée, sont prestement renvoyés au fond de leurs sièges. C’est ainsi que, faute de pouvoir surveiller tous ses élevages de porcs, la Chine a décidé de mener la guerre contre la grippe A. Prenant des mesures à la hauteur de l’ampleur de la pandémie et du peu de considération et de ménagement qu elle réserve aux individus, surtout quand ils peuvent, bien malgré eux, devenir suspects.
Edgar Hernandez, lui, n’a jamais été suspecté d’une telle dangerosité. Tout d’abord parce qu’à cinq ans, même avec beaucoup de mauvaise volonté, on ne menace guère l’avenir de l’humanité, mais aussi, parce que personne dans son village de La Gloria (à 250 km à l’Est de Mexico) n’aurait pu imaginer qu’il allait devenir le premier patient à contracter un virus qui deviendrait bientôt la première préoccupation des habitants de la planète et de ses dirigeants. Car bien plus rapidement que la crise économique et financière, le virus de la grippe d’origine porcine dont Edgar était porteur allait se transformer en pandémie.
Baptisé par les médias «le patient zéro», Edgar a aujourd’hui l’étrange privilège d’être devenu un héros pour les trois mille habitants de son village. Edgar, qui vit près d’une grande ferme porcine appartenant à un consortium américano-mexicain, fut le seul à être testé positif au virus, sur 450 personnes se plaignant de troubles respiratoires. Bien entendu, selon la direction, il n’y aurait eu aucun malade, que ce soit parmi les salariés ou parmi les animaux. Si donc Edgar a été un cas isolé, où et comment l’infection a-t-elle pu s’étendre?
Vidéo : La pandémie grippale de 2009
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