La nécessité et la difficulté de l'information chirurgicale
Un des problèmes les plus délicats que nous sommes amenés à rencontrer en ce moment est la difficulté d’informer les patients de l’existence de complications.
Par ailleurs, cette information est biaisée par le développement des émissions télévisées, des journaux féminins où des journalistes en quête de sensationnelles promotions de techniques qui n’ont pas fait leur preuve chirurgicale ; ils font naître ainsi des faux espoirs et des illusions en matière de chirurgie esthétique.
On pourrait dire que si le chirurgien lisait tous les journaux féminins chaque semaine, il apprendrait ainsi deux ou trois opérations totalement nouvelles ! Scoop chirurgical = augmentation assurée des tirages !
En effet, rien n’est plus facile que de donner un nouveau nom à une ancienne opération en rajoutant un effet publicitaire à des techniques qui sont ou bien reconnues ou bien qui au contraire ont été rejetées par la communauté scientifique.
Prenons l’exemple des ultrasons, au cours des liposuccions.
Dans les années 1985-1990, l’utilisation des ultrasons (qui avaient été démontrés très efficaces pour briser les calculs rénaux ou de l’extraction des cristallins en ophtalmologie) a paru intéresser des industriels.
Des appareils de liposuccion à ultrasons ont été alors développés.
Avant même que la preuve de leur efficacité n’ait été démontrée, les fabricants d’appareils ont promotionné par publicité directe les machines qu’ils fabriquaient.
Ils vendaient les machines avant même toute vérification scientifique, ils donnaient aux patientes qui étaient intéressées par cette technique le nom et l’adresse des médecins qui avaient acheté la machine.
C’était un véritable détournement gravissime de l’éthique médicale, une incitation pour des patients non avertis de subir des interventions avec des appareils qui étaient ou bien inefficaces ou bien qui dans d’autres cas s’étaient révélés sur- puissants et très dangereux.
Les contrôles que l’État a exigé pour mettre ces appareils sur le marché ont démontré qu’il s’agissait d’appareils extrêmement dangereux avec de nombreuses complications à titre de brûlures ou de perforations.
Les ultrasons ont été alors totalement interdits au cours de l’utilisation des liposuccions.
Depuis, les firmes américaines semblent avoir un peu résolu le problème ; « Iles mettent sur le marché des machines efficaces mais toujours un peu dangereuses.
Progressivement le consensus se fait, une liposuccion traditionnelle reste au moins aussi efficace qu’une liposuccion aux ultrasons ; l’utilisation des ultrasons, si elle favorise le geste chirurgical, comporte une part de risque qu’il faut à chaque fois mettre en compte avant de le proposer aux patients.
La responsabilité sans faute et l’indemnisation des patients
En 1936, l’arrêt Mercier définissait une responsabilité médicale purement contractuelle.
C’est-à-dire que le médecin était tenu envers le patient à une obligation de moyen ; le résultat final pouvait être mauvais sans que la faute du médecin puisse être impliquée si les moyens qu’utilisait le médecin étaient conformes aux données de la science de l’époque.
Petit à petit, cette législation est apparue comme désuète.
Tout récemment, le 15 janvier 1999, la Cour d’Appel de Paris a reconnu qu’un médecin qui avait crée un dommage n’avait commis aucune faute.
Néanmoins, du fait de l’existence du dommage le patient devait être indemnisé car il avait subi une complication tout à fait exceptionnelle et jamais décrite dans la littérature médicale.
Cette condamnation a donc été prononcée au motif d’une obligation de sécurité du patient.
Ainsi, le médecin via son assurance est devenu le seul responsable possible susceptible d’indemniser les patients.
Il est évident que ce retournement complet de la législation (qui admet qu’à partir du moment où il y a préjudice, un remboursement doit être fait, ou au moins indemnisation, via les assurances) entraîne des conséquences particulièrement néfastes dans la pratique médicale et chirurgicale, dans la relation entre le médecin et son patient.
En effet, si un patient ne peut pas admettre qu’il existe une part infime mais néanmoins incompressible de risque que lui-même doit encourir en envisageant une opération de chirurgie, aucune opération ne pourra bientôt plus être pratiquée par les chirurgiens qui ne sauraient se décider à prendre le risque à la place du patient.
Il est donc vraisemblable que dans les années qui vont venir une modification du contrat qui lie le patient et le chirurgien survienne.
À l’heure actuelle le chirurgien est tenu vis-à-vis de son patient de lui exposer oralement et si possible par écrit l’ensemble des complications qu’une opération peut susciter.
C’est d’ailleurs le but de cet ouvrage, d’essayer d’une façon relativement claire de montrer un certain nombre de complications que nous, chirurgiens, n’osons pas toujours dire oralement de peur de brusquer le patient ou de rendre l’acte chirurgical trop angoissant.
Par ailleurs, nous sommes tenus de donner au patient un devis où figure de façon explicite l’ensemble des postes financiers que le patient doit payer ; ce patient a donc une quinzaine de jours pour se décider ou non à son opération en fonction des différents éclaircissements qu’il aura reçus.
Actuellement, de nombreux patients se promènent avec 3 ou 4 devis faits par des chirurgiens différents pour faire une comparaison ; ils pensent que l’on peut comparer les sommes que les différents chirurgiens envisagent de faire payer comme s’il s’agissait du même morceau de tissu qui aurait une valeur différente en fonction des tailleurs.
En réalité, chaque chirurgien envisage des opérations un peu différentes selon son style particulier ; il est difficile de comparer deux devis pour une même opération dans la mesure où justement il ne s’agit pas de la même opération, mais de conceptions souvent un peu différentes, plus ou moins élargies, variant d’un chirurgien à l’autre.
Dans ces conditions, une certaine sérénité et un peu d’humour doivent prévaloir dans les relations entre le patient et son chirurgien.
Chaque fois que nous donnons un coup de bistouri, nous créons un dommage !
Si à chaque fois nous devons avoir peur de payer, il est évident que nous serions bien plus heureux à la pêche à la ligne plutôt que dans l’activité qui consiste à faire un peu plaisir à nos patients en prenant nous même beaucoup de notre énergie, de notre temps et de notre savoir.
L’évolution législative devrait progressivement conduire à l’existence d’assurance privée à laquelle le patient souscrirait et qui justement devrait transférer le risque du chirurgien et de son assurance vers le patient ; vivement donc une assurance personnelle, un peu comme un touriste qui souscrit à une assurance privée
quand il prend un avion vers une destination qui n’est pas son endroit de villégiature.
Bien entendu en cas de faute, c’est au chirurgien et à son assurance qu’incomberait la charge de l’indemnisation.
La publicité, l’éthique et la déontologie médicale
La chirurgie esthétique ne doit pas être un commerce.
Comme toute la médecine, elle doit obéir à des règles morales et à un comportement éthique c’est-à-dire le respect des valeurs humanistes de la société occidentale contemporaine.
La déontologie médicale impose au chirurgien le devoir de réserve et le secret médical absolu concernant ses patients, avec tact et mesure dans la perception des honoraires.
Ceci dit le patient a lui aussi des droits et des devoirs.
Notamment le devoir de suivre les prescriptions médicales produites par son chirurgien, et de l’avertir en cas de problème ou de soucis, sans tourisme frénétique médical pour prendre plusieurs avis.
Notamment le devoir de régler ses honoraires après l’intervention, de ne pas escroquer ni le chirurgien ni la clinique où il a été opéré, d’accepter après une information satisfaisante les risques qu’une opération comporte.
Nous avons vu que l’ensemble de la communauté médicale commence à se rebeller contre les devoirs exorbitants et les responsabilités financières énormes que le législateur fait peser sur le corps médical.
Ceci n’empêche nullement que coincés entre le devoir de réserve et la tentation de gagner plus d’argent les médecins ne doivent pas faire de la publicité concernant leurs talents particuliers — sous peine d’une dégradante dérive.
Mais, la limite est très étroite entre une information sincère et une publicité déguisée.
Ecrire un livre, passer à la télévision, discuter en public à propos d’un débat de société, peut être taxé par des jaloux ou des confrères irrités comme de la publicité.
En effet, où s’arrête l’information et où commence la publicité ?
On pourrait dire que la publicité consiste à se faire valoir sans base scientifique sur des arguments purement commerciaux.
Le chirurgien dirait qu’il est le meilleur dans telle technique parce que c’est lui qu’il l’a mise au point même si cela n’est pas vrai.
Par contre, si un journaliste écrit à propos d’un médecin qu’un tel ou un tel a inventé une technique révolutionnaire, est-ce de la publicité ou est-ce de l’information ?
La très étroite limite entre la publicité et l’information est en général jugée par es groupements professionnels auquel le médecin adhère : Société de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique pour notre spécialité, Conseil de l’Ordre des Médecins pour tout le monde.
Le dernier argument qui nous paraisse évident c’est que les patients ont droit à [’information et à une information aussi complète que possible, en temps réel.
L’étalage des compétences et des publicités sur Internet est un exemple trivial le la contradiction entre information et publicité.
On admet que dans un article, un médecin ne doit pas faire figurer son nom plus d’une fois ; son adresse professionnelle ne doit pas être indiquée.
L’anonymat par contre est très difficile à respecter parce que le chirurgien qui parle doit être responsable de ses propos ; si jamais il ne donne pas son nom, comment attribuer à un tel ou à l’autre la responsabilité de ses assertions ?
Le débat éternel entre publicité, information et respect de la déontologie médicale n’est pas près d’être clos…
La plus grande réserve en tout cas s’impose au chirurgien dans son devoir d‘information, il doit se faire discret humble et reconnaître qu’il s’expose au égard de tout le monde, à l’oreille de tout le monde et donc au reproche de tout e monde ; le devant de la scène fait récolter des vivats et des œufs pourris !
Le côté positif de la chirurgie esthétique
Finalement en fin de ce panorama, nous constatons que la chirurgie esthétique qui essaye de valoriser l’image de l’individu peut obtenir trois effets extrêmement positifs : améliorer la vie privée, redémarrer une nouvelle expérience en étant sûr de soi, se sentir parfaitement en harmonie avec ses traits ou avec son corps.
Elle permet d’améliorer sa vie professionnelle en s’adaptant mieux à l’environnement extrêmement concurrentiel du monde du travail où actuellement la jeunesse triomphe et où le préretraité est considéré comme un sortant automatique de toute entreprise.
Dans ces conditions, la chirurgie esthétique remplit non seulement un rôle personnel mais joue un rôle de société en autorisant l’amélioration de l’énergie de chaque individu, celle qui fait qu’il est porteur d’une nouvelle puissance pour survivre, combattre et réussir dans sa vie.
Mais par les mêmes côtés où cette chirurgie esthétique entraîne une amélioration sur ces différents plans, elle peut également entraîner une dégradation.
Il suffit qu’il y ait un petit échec, une insatisfaction, des rapports houleux avec le chirurgien, un échec technique voire une complication pour qu’à l’inverse le côté valorisant de la chirurgie esthétique bascule dans le drame, l’insatisfaction, le procès, la récrimination ou parfois la complication gravissime pour laquelle il y aura peu de solutions.
C’est pourquoi, il est si important de se faire opérer par un chirurgien compétent, dont la compétence est reconnue auprès du Conseil National de l’Ordre des Médecins.
Cette compétence est délivrée en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique à l’exclusion de tout autre.
Une belle chirurgie
La chirurgie esthétique qui vise à atteindre les canons impossibles d’une beauté qui est toujours plus loin qu’on ne l’imagine est une belle chirurgie.
C’est une chirurgie extrêmement technique, d’une très grande finesse où il y a une grande part d’humain, d’écoute de l’autre.
La noblesse du chirurgien esthétique est de savoir refuser une opération si elle ne lui paraît pas opportune au détriment de son portefeuille.
C’est une chirurgie qui doit se pratiquer dans une atmosphère joyeuse, dans une ambiance de sécurité.
Il s’agit d’une profession médicale ; le chirurgien esthétique doit répondre à une éthique humaniste non commerciale pour aboutir à un résultat sûr, aussi proche que possible de ce qu’il avait soumis comme projet, entente, dessins ou image vidéo retouchée.
Bien sûr il n’y a pas d’obligation à 100 % malgré le durcissement de la loi à l’égard des chirurgiens notamment des chirurgiens esthétiques qui sont presque obligés d’obtenir un résultat prédéterminé ; il faut que nous acceptions cette petite part d’impondérable qui fait que le chirurgien et le patient vont dans la même direction : améliorer en sécurité, réparer avec justesse et permettre de continuer une vie longue avec un aspect jeune, dynamique et bien dans sa peau.
Vidéo : La nécessité et la difficulté de l’information chirurgicale
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La nécessité et la difficulté de l’information chirurgicale