La chirurgie esthétique : Les opérations comportant peu de problèmes
Certaines opérations de chirurgie esthétique, bien qu’étant extrêmement minutieuses, laissent peu de place à de graves complications. Néanmoins, il n’y a pas d’opération sans complication. Il faut que le lecteur comprenne que chaque coup de bistouri peut en lui-même générer des phénomènes de cicatrisation non contrôlables, des petits risques d’infection ou la persistance d’une visibilité de la cicatrice au-delà des délais habituels ou normaux que l’on constate.
Les paupières
L’opération de rajeunissement des paupières est la plus typique des opérations qui se passe en général très bien. Le principe étant d’enlever l’excédent de peau et de graisse au niveau des paupières supérieure et inférieure selon des lignes et des tracés qui varient en fonction des opérateurs, mais surtout aussi en fonction de la forme des yeux.
Dans certains cas, l’existence de paupières supérieures qui ont tendance à se creuser avec le temps, donnant un caractère excavé, quasiment squelettique, impose beaucoup de précautions de façon à ne pas enlever trop de graisse pour éviter d’accentuer ce côté creux de la paupière supérieure.
Au niveau de la paupière inférieure, le petit risque d’autrefois était de changer sa forme par une ablation exagérée de peau. Cet effet « corde à linge » qui tirait la paupière vers le bas entraînait l’ectropion, ou arrondissement de l’œil, ce qui était très laid. Actuellement, les techniques modernes permettent d’éviter ce genre d’incident, au besoin en prolongeant légèrement la cicatrice dans les ridules de la patte d’oie.
Un autre risque terrible qui doit être connu, mais qui n’est que théorique, est la perte de la vision : quelques cas de cécité ont été décrits au cours des opérations des paupières. On pense en général qu’il s’agit d’une réaction de stress important ou d’une anesthésie insuffisante. Le tiraillement sur la graisse à l’intérieur de l’orbite peut entraîner un réflexe qui spasme l’artère centrale de la rétine et entraîne la perte définitive de la vision. C’est un risque auquel tout chirurgien et
tout patient évitent de penser et qu’il est difficile de mentionner au cours d’une consultation orale tant il est dissuasif.
Mais les millions de patientes opérées avec satisfaction et sans aucun problème montrent bien qu’il s’agit d’un risque totalement exceptionnel, imprévisible ; on peut peut-être le prévenir par une mise en condition satisfaisante de la patiente en la relaxant en préopératoire et en évitant des opérations de chirurgie esthétique sauvages sous anesthésie locale pure.
Le contact avec la patiente, sa mise en confiance, le déroulement d’une opération dans un climat rassurant sont certainement les facteurs les plus importants pour éviter cet accident, que l’on peut assimiler à un infarctus du myocarde ou une crise cardiaque, quelque chose qui témoigne d’une réaction de terreur devant le bistouri — et non pas d’une plaie directe de l’œil ou de la rétine.
Il est pourtant des cas où une crainte postopératoire excessive peut se manifester et mettre en péril la réussite de l’opération.
Je me souviens d’une patiente qui présentait un excédent important de peau et de graisse au niveau des quatre paupières. On aurait pu dire qu’elle portait un masque caricatural, ressemblant à une véritable grenouille. L’opération s’était déroulée sans aucun problème, et lorsqu’elle revint quatre jours après pour se faire retirer les fils au cabinet, elle était dans un état de dépression et d’agitation intense.
« Mes deux yeux ne sont pas pareils ! » criait-elle. « Vous m’avez ratée ! »
Elle était extrêmement gonflée ; il était vrai que les deux cicatrices de la paupière supérieure n’étaient pas situées exactement au même endroit.
Or, nous prenons bien soin, en consultation préopératoire, d’expliquer à la patiente que cela sera toujours le cas puisque les paupières supérieures ne sont jamais identiques d’un côté et de l’autre, que la quantité de peau retirée n’est pas la même, et que le sillon dans lequel nous plaçons la cicatrice n’est jamais exactement à la même hauteur des deux côtés.
Tant que la cicatrice est visible, le mari, la copine, l’amant peuvent s’apercevoir, lorsque la patiente ferme les yeux, qu’il existe une petite asymétrie au départ ; mais comme la cicatrice devient invisible avec le temps, cette notion d’asymétrie disparaît complètement.
Par ailleurs, il peut arriver que les hématomes postopératoires entraînent, au début de la convalescence, un aspect d’œil un peu plus fermé d’un côté que de l’autre. Cet inconvénient disparaît assez rapidement avec la fonte des ecchymoses.
Cette patiente était désespérée. Lorsque nous lui avons demandé la raison de son anxiété, elle a répondu en criant : « C’est mon mari qui m’a dit que vous m’aviez ratée. »
En fait, elle avait fait cette opération à l’insu de son mari qui, absolument furieux d’une part que sa femme lui échappe par une opération, d’autre part que cela lui coûte de l’argent puisque c’était lui qui devait payer, avait cherché toutes les raisons de culpabiliser son épouse, qui venait ainsi déverser son anxiété sur nous.
Il n’est pas facile de réagir intelligemment à ce genre d’accusation. Il nous a fallu plusieurs jours de convalescence et des rendez-vous rapprochés pour parvenir à convaincre la patiente que tout allait bien. D’ailleurs, son résultat était superbe. Mais ce n’est qu’au bout de deux mois, après qu’elle n’eut reçu que des compliments pour son aspect moins fatigué et rajeuni, et que son mari eut accepté l’idée que l’opération était bien réussie, que cette patiente retrouva enfin le sourire et exprima sa satisfaction par le paiement de ses honoraires.
Les opérations de réduction mammaire
Ces opérations sont extrêmement fréquentes. Qu’il s’agisse d’hypertrophie vraie, d’asymétrie importante, de ptôse mammaire après grossesse, on peut dire que les opérations de plastie mammaire ont atteint un très haut niveau de fiabilité.
Les interventions sont nombreuses, très souvent parfaitement adaptées aux différents problèmes rencontrés ; chaque chirurgien ayant effectué un cursus normal en chirurgie plastique, réparatrice et esthétique est sensé réussir parfaitement les seins tant la demande est importante et tant le nombre de patientes à opérer à l’hôpital ou dans les centres de formation permet d’obtenir des jeunes chirurgiens parfaitement qualifiés dans ce domaine.
Bien sûr, il y a encore un tour de mains, une visualisation globale tel un acte de sculpture des seins pour parvenir au plus beau résultat possible, mais il s’agit d’opérations pour lesquelles les problèmes sont relativement rares.
Par contre, ce que l’on ne domine pas dans ces opérations, ce sont les cicatrices résiduelles. En effet, le contrôle des cicatrices reste pour le moment relativement aléatoire.
Nous avons tendance, avec les techniques les plus récentes, à estomper les cicatrices, les limitant soit simplement autour du téton (technique péri-aréolaire), soit avec une cicatrice verticale pure associée à la cicatrice péri-aréolaire (technique dite verticale pure).
Dans certains cas, une petite branche horizontale est néanmoins nécessaire, mais plus exceptionnellement, une longue cicatrice horizontale comme c’était le cas autrefois (technique de la cicatrice en T inversé).
Les cicatrices obliques, sur les côtés du sein, ont été progressivement abandonnées.
Nous nous souvenons d’une patiente qui était venue pour une hypertrophie mammaire très importante. Elle était originaire d’un pays musulman et elle tenait absolument à garder à la fois l’anonymat et à nous imposer une réduction mammaire sans cicatrice apparente.
Elle présentait une hypertrophie mammaire très importante, avec des seins très lourds, qui se manifestait par des crevasses au niveau des épaules, là où le sou- tien-gorge s’appuie.
Il s’agissait manifestement de seins difficiles à supporter et qui gênaient sa vie quotidienne.
Elle réussit à nous imposer une technique péri-aréolaire pure, dont elle avait lu les mérites dans la presse féminine ; cela ne nous enchantait guère, car ces techniques ne permettent pas une réduction importante des seins et laissent quelquefois des cicatrices péri-aréolaires extrêmement visibles ; mais cette patiente était à ce point déterminée que cela nous apparut comme un véritable défi à relever.
Les premiers jours suivant l’intervention, qui se déroula sans problème, la patiente paraissait satisfaite. Nous avions enlevé à peu près trois cents grammes à chaque sein, les cicatrices péri-aréolaires semblaient évoluer favorablement.
Mais, six mois plus tard, cette patiente avait refait une poussée explosive d’hypertrophie mammaire, car elle refusait de prendre tout traitement hormonal ; elle avait tendance à faire des « adénofibromes », c’est-à-dire des espèces de petites tuméfactions mammaires faites d’amas de glande difficiles à contrôler sans un traitement hormonal adapté ; le volume de ses seins avait de nouveau doublé et les cicatrices, explosées, mesuraient deux centimètres de large !
Puisque ses seins avaient grossi, les aréoles s’étaient de nouveau élargies, nous disons « nénupharisées ». Cette patiente était donc très insatisfaite et nous en étions très malheureux. Finalement, nous réussîmes à la convaincre qu’il fallait la réopérer pour diminuer encore un peu ses seins, mais que dans ces conditions, si elle voulait que la forme soit plus belle, une cicatrice au moins verticale devait être associée.
Une seconde opération fut donc décidée, qui se déroula sans problème, où nous retirâmes encore trois cents grammes par côté.
À la fin de l’intervention, nous pûmes réduire les aréoles, les symétriser, et la cicatrice verticale paraissait tout à fait acceptable.
De nouveau, les suites postopératoires immédiates paraissaient satisfaisantes et la patiente semblait heureuse.
Mais, six mois plus tard, elle refaisait de nouveau une poussée d’hypertrophie mammaire. Elle manifestait un profond mécontentement, car elle avait espéré que la plastie mammaire aurait supprimé toute trace de ptôse et que les seins ne seraient plus du tout retombés. Or, la cicatrice verticale ne permet pas une correction totale de la ptôse, car elle n’enlève pas suffisamment de peau pour retendre parfaitement le soutien-gorge cutané.
Pendant plusieurs mois, la patiente hésitait ; nous lui expliquions que si elle désirait un résultat parfait, elle devait accepter la cicatrice en T, celle qui était indispensable dès le début et que nous lui avions proposée, mais qu’elle avait refusée.
Cette femme accepta alors une troisième intervention, dans un état de désespoir extrême, ce dont nous étions bien malheureux pour elle. Il est évident que, dans ces conditions, nous ne prenons pas d’honoraires pour l’acte de chirurgie réparatrice.
Mais cette patiente posait davantage des problèmes d’anesthésie, car son bilan de plaquettes était perturbé. Après avoir fait face à toutes ces conditions, l’opération fut décidée et pratiquée sous anesthésie locale.
Finalement, ce n’est qu’au bout de trois opérations plus une retouche (car en plus, la patiente faisait des cicatrices chéloïdes !), que nous obtînmes un résultat à peu près satisfaisant.
Ce fut pour nous une bonne leçon de savoir qu’il ne faut jamais céder à l’exigence particulière d’une patiente au prix de méconnaître les règles intangibles de la nature et de notre art.
On ne triche pas avec la biologie !
Les greffes de tissu dermograisseux
Les greffes de graisse consistent à prélever des cordons de graisse de la largeur d’un spaghetti dans la région de l’abdomen ou des hanches, là où elle est en excédent, pour les placer avec beaucoup de délicatesse dans les endroits où il y a des creux, comme les sillons naso-géniens ou dans certaines dépressions après liposuccion.
Cette technique est fort différente des injections de graisse qui consistent à pomper la graisse à la seringue pour la réinjecter telle quelle sans avoir préparé un lit préalable.
Les injections de graisse ont été pendant très longtemps considérées’ comme non satisfaisantes.
Les greffes de graisse ont l’énorme avantage de prendre sur la patiente ce qui lui est destiné en propre ; il n’y a donc pas l’utilisation de matériel, ni de silicone,
ni de billes de polymère, ni de collagène d’origine douteuse, bien que celui-ci soit très sévèrement contrôlé.
Ces greffes de graisse permettent une prise de trente à cinquante pour cent de la quantité qui est injectée ; les résultats semblent stables après de nombreuses années, ainsi que l’ont montré des travaux d’Illouz, inventeur de la méthode, et notre propre expérience depuis plusieurs années.
Nous nous souvenons d’une patiente qui était venue pour combler des sillons naso-géniens.
Le comblement s’effectue par le prélèvement de cette graisse grâce à une minuscule incision dans la région ombilicale ; la mise en place de la graisse se fait par une minime incision pratiquée à l’intérieur des narines afin de ne laisser aucune cicatrice.
Puis, un mandrin spécial permet de créer un tunnel situé immédiatement sous le pli naso-génien de façon à placer avec beaucoup de précaution cette graisse, qui est doucement propulsée par une seringue à l’aide d’un piston à main.
Cette intervention s’est déroulée sans aucun problème chez cette femme jeune qui avait déjà subi une opération des paupières. Elle en était très satisfaite et souhaitait éviter l’opération de type lifting, ce qui était possible par l’atténuation de ses sillons naso-géniens, le reste de son visage résistant bien aux outrages du temps.
Pendant les quinze premiers jours, il n’y eut aucun souci et la patiente était très satisfaite. Le gonflement disparut en trois à quatre jours et les résultats paraissaient très satisfaisants.
Progressivement apparut chez la patiente, d’un seul côté, une inflammation puis une infection.
Telle une infection dentaire, un véritable abcès se manifestait au niveau de la joue. Cet accident, qui ne nous est arrivé que deux fois au cours de notre carrière, est relativement préoccupant ; il a fallu ré intervenir d’urgence en respirant la graisse qui avait été déposée, ce qui permettait de retourner à l’état antérieur préopératoire sans aucune cicatrice visible.
Mais cette patiente voyait bien, au bout d’un mois d’évolution, que le côté qui avait été rempli était parfait, alors que celui où nous avions dû enlever la graisse remise en place devenait insuffisant. C’est la preuve manifeste de l’efficacité de notre opération, par l’absurde !
En accord avec la patiente, nous avons décidé de retenter cette greffe de graisse du côté où nous avions dû l’enlever avec une courte préparation d’antibiothérapie flash per-opératoire.
L’opération se déroula sans heurts sous anesthésie locale et actuellement, cette patiente vit heureuse, sans encore avoir besoin de lifting, trois ans après cette greffe de graisse bilatérale.
Cet exemple montre que même des opérations parfaitement au point, simples ou anodines, peuvent aboutir à des insatisfactions.
Il n’y a donc pas de chirurgie à problème zéro. Mais les opérations que nous avons décrites entre des mains expérimentées n’entraînent guère de complications et ont un très haut indice de satisfaction.
Vidéo : La chirurgie esthétique : Les opérations comportant peu de problèmes
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La chirurgie esthétique : Les opérations comportant peu de problèmes