La chirurgie esthétique : Les opérations comportant des complications fréquentes
Les liftings
Sans nul doute, les liftings sont des opérations présentant une grande fréquence de soucis postopératoires parfois sérieux, parfois plus bénins, mais pour lesquels les patients vivent très difficilement la période postopératoire.
Le lifting est une opération de rajeunissement ; même si l’on essaie d’être relativement doux, il y a toujours une part de décollement cutané ou musculaire, ou un geste de liposuccion associé, ou un geste sur les paupières ou sur le cou qui peut engendrer un hématome, des troubles de la cicatrisation. Ceci est d’autant plus vrai que les patients sont fumeurs ou que la peau a été abîmée par le soleil.
Par ailleurs, dans un certain nombre de cas, une dégradation se produit, entraînant une rupture trop précoce dans le temps du résultat postopératoire par cassure des fibres élastiques dermiques. Les patientes très satisfaites les six premiers mois à la suite d’un lifting voient avec terreur réapparaître entre le sixième mois et la première année postopératoire les signes affreux constitués par les bajoues, la peau qui casse ou le cou qui se dégrade.
Elles reviennent alors consulter et sont alors extrêmement récriminantes, souhaitant une amélioration.
Dans la majorité des cas, on peut apporter une amélioration par une reprise opératoire, une sorte de retouche chirurgicale, mais il faut que la patiente en ait été avertie au préalable et qu’elle accepte bien l’idée que ce n’est pas le lifting lui- même qui est responsable de cette dégradation, ni le geste technique, mais qu’il s’agit d’une fatalité liée à ses tissus et à son programme génétique, ce qui est loin d’être facile à expliquer et à admettre pour une patiente.
Nous nous souvenons d’une patiente qui était un ancien mannequin. Elle était venue nous voir avec des photos d’elle quand elle avait vingt ans et qu’elle était vedette chez les grands couturiers, présentant les collections les plus prestigieuses aux parterres éblouis de princes et de princesses.
Elle avait été sévèrement attaquée par l’âge et, à la cinquantaine passée, son visage était loin de donner encore satisfaction à cette noblesse. Elle avait le regard brillant, était très anxieuse, et venait toujours accompagnée d’une sorte de duègne.
Un peu inquiétante mais néanmoins très précise dans sa requête, et d’autant plus stimulante qu’elle avait été très belle, sa demande chirurgicale nous parut très respectable.
L’opération se déroula sans problème. Quelle ne fut pas notre surprise quand les suites postopératoires furent marquées par une très grande insatisfaction et un profond désappointement de la part de cette patiente.
Sans parler des six premières semaines, où le résultat tout à fait satisfaisant pour cette période postopératoire inquiétait cependant la patiente, sa récrimination ne faisait qu’empirer au fil du temps.
Vers le sixième mois postopératoire, elle était toujours mécontente, alors que le résultat de son lifting était somptueux. Elle avait littéralement rajeunie de vingt ans, mais dans son esprit rien n’allait : les yeux étaient asymétriques, il y avait toujours des tiraillements en profondeur, elle ne sentait pas toute la sensibilité autour de l’oreille, elle avait mal au cou, et il y avait encore trace d’un petit fanon lorsqu’elle penchait la tête vers le bas en la tournant extrêmement à droite.
Au bout d’un moment, nous perdîmes patience, ce qu’il ne faut évidemment jamais faire.
En effet, nous dîmes à cette dame que l’opération s’était parfaitement déroulée, que les suites étaient normales, qu’elle était un peu casse-pieds parce qu’elle exagérait, et que finalement le prix qu’elle avait payé était tout à fait inférieur à ce que nous demandions habituellement. Elle nous avait dit qu’elle était impécunieuse et nous avions jugé que son lifting était après tout une chose un peu due compte tenu de la beauté qu’elle avait eue avant. C’était de plus un lifting stimulant au niveau chirurgical, et nous avions pris tout notre temps et notre fierté pour essayer de le réussir du mieux possible.
Bien que nous perdions notre patience et que nous étions en colère, cette patiente revint une dernière fois accompagnée d’une femme qu’elle présenta comme étant sourde et muette !
La patiente nous demanda alors de la rembourser intégralement des sommes qui nous avaient été versées au titre d’honoraires.
Il est évident que nous avons refusé ce remboursement complètement injustifié sur une opération déjà faite et parfaitement réussie.
La patiente nous menaça alors de dénonciation et de malversation, et d’un tas d’ennuis qui allaient nous arriver en prenant bien à témoin cette femme dont elle venait de dire qu’elle était sourde et muette !
Effectivement, cette année-là, nous fûmes victime d’un contrôle fiscal très appuyé à caractère personnel et professionnel.
Finalement, et bien que cela ne se fît jamais, l’inspecteur du fisc n’ayant pas trouvé d’élément particulièrement grave à retenir contre nous, nous montra la lettre.
C’était bien cette patiente qui l’avait écrite en outrant complètement sa dénonciation, nous accusant des pires méfaits, de toucher de l’argent sous la table, quasiment comme si nous étions un voleur !
Nous fûmes l’objet d’une délation tout à fait pitoyable et honteuse alors que le résultat de notre travail était superbe.
Finalement, nous n’avons jamais réussi à comprendre pourquoi cette patiente avait à ce point manifesté une hargne contre nous. Nous ne savons si cette patiente est encore en vie.
Depuis cette époque, nous lui avons pardonné, mais la nature humaine a perdu encore une petite aura à nos yeux.
Nous nous souvenons en revanche d’une autre patiente qui avait eu la peau complètement cassée par le vent et le soleil. Cette femme adorait le bateau : son visage était crevassé comme celui d’un marin qui a pris des bordées de mer et de sel.
Chez elle, un lifting fut décidé et, comme elle présentait ces crevassures cutanées à la fin du lifting, nous avons tenté de faire une dermabrasion. À cette époque, le laser antiridules n’était pas encore au point.
Cette intervention se passe en général sans aucun problème au niveau de la lèvre supérieure ou inférieure, là où la peau n’est pas décollée. Mais comme la peau de cette patiente était très cassée, même dans les zones situées en pleine joue, nous avons essayé de faire une dermabrasion très légère. Mal nous en prit, car la peau, décollée par la profondeur et attaquée en surface, supporta très mal la période postopératoire et des zones de nécrose cutanée se formèrent. Pendant presque un an, cette patiente vint nous voir régulièrement en consultation, le visage marqué de plaques d’abord noires, puis roses, puis rouges, qu’il a fallu progressivement traiter par des soins locaux suivis d’infiltrations de produits cortisones pour tenter d’aboutir au meilleur résultat possible.
Nous sommes restés en très bons termes avec cette patiente, dont le résultat du lifting est spectaculaire, et que nous avons pu heureusement accompagner pendant tout le temps de sa récupération, qui fut dix fois plus longue que la normale.
Cette patiente était tout à fait charmante et, comprenant que nous étions de out cœur avec elle, ne nous causa jamais aucun souci à type de plainte postopératoire. Cette attitude n’aurait de toute façon servi à rien, si ce n’est à envenimer 10s rapports et à nous gêner dans la préservation finale de son lifting, qui est aujourd’hui très réussi.
Les rhinoplasties
L’opération de changement du nez est une opération hautement sophistiquée et très complexe qui a bénéficié d’immenses progrès depuis ces vingt dernières années.
C’en est actuellement fini des nez tout fait stéréotypés. Pour chaque patiente, le chirurgien essaie soit par des images vidéo soit par des études photographiques préalables en noir et blanc de faire un nez extrêmement personnalisé, très adapté à son visage.
Nous répondons personnellement d’autant plus à cette exigence que nous utilisons le système de l’endoscopie1 per-opératoire, qui nous permet de contrôler au dixième de millimètre près tout ce qui se passe au niveau de la résection osseuse de la bosse, de l’arête et des cartilages. Nous obtenons ainsi une très grande précision ; il est même possible de réintroduire des fragments à l’intérieur du nez pour redonner à celui-ci l’allure la plus naturelle, la moins opérée possible pour satisfaire le plus grand nombre de patients.
Malheureusement, dans certains cas, il n’est pas possible d’obtenir une réussite à cent pour cent. Des retouches sont parfois nécessaires.
Il nous arrive aussi très fréquemment de devoir reprendre des nez opérés par d’autres chirurgiens.
Les patientes se rendent compte quelquefois, avec un certain recul et beaucoup de crainte, qu’un nez loupé peut être rattrapé, mais s’il a déjà été réopéré une fois ou deux et toujours aussi raté, il est évident qu’elles ont beaucoup de scrupules à venir se le faire opérer une fois de plus.
Ainsi, nous avons reçu un jour une patiente d’une trentaine d’années qui avait déjà été opérée six fois du nez. A chaque fois, le résultat avait été pire que le résultat précédent.
Lorsqu’elle vint nous voir, nous lui proposâmes la solution qui est pratiquée dans les reconstructions du nez chez un boxeur, c’est-à-dire pour lesquelles il n’y a plus assez de substance, où il faut refaire une greffe osseuse associée à une greffe cartilagineuse.
La nature a bien fait les choses dans la mesure où nous avons tous des blocs osseux de réserve au niveau de l’os iliaque (les crêtes qui, de chaque côté, permettent à un maillot de bain de rester au-dessus de la ceinture).
À cet endroit, l’os est suffisamment dense et solide pour que l’on puisse y prélever, y creuser et sculpter un nez de rechange. Mais cette solution est un peu lourde, car la prise de la greffe osseuse est souvent douloureuse au niveau de la région de la hanche pendant une quinzaine de jours postopératoires et impose une cicatrice supplémentaire.
La jeune patiente était donc réticente à l’idée de subir cet énième sacrifice avec un chirurgien dont elle ne savait finalement pas s’il était meilleur que les autres, d’autant qu’elle avait déjà confié son nez à des chirurgiens chevronnés et même considérés comme des maîtres en matière de rhinoplastie.
Après avoir longuement tergiversé, elle décida finalement de se faire opérer. L’intervention se déroula sans problème ; les premiers jours postopératoires furent un vrai régal pour elle et pour nous.
Cette patiente, qui n’avait pratiquement plus de nez, en avait enfin un ! C’était un nez naturel, fin, joli, bien adapté à sa personne. L’opération avait été extrêmement compliquée — mais elle paraissait enfin couronnée de succès.
Environ six mois après cette reconstruction, la patiente retéléphona, apparemment très insatisfaite. Nous étions anxieux et inquiet, ne comprenant pas très bien quel était son souci ; les greffes du nez sont en effet réputées comme étant extrêmement stables, solides ; de la façon dont nous procédons, elles se résorbent très peu. C’est avec soulagement qu’au premier regard, il n’apparaissait pas de drame affreux. La patiente, avec exaltation, nous montra une petite région en plein milieu du nez, où elle avait eu un accident autrefois. La greffe osseuse était parfaite, mais il y avait une petite saillie, comme une petite dent qui avait poussé et qui se retrouvait sous la peau, à l’endroit de l’ancienne cicatrice.
C’était probablement un petit pic osseux ou un petit cal au niveau de la greffe. Une retouche était possible ; hésitante, la patiente tout à l’heure très excitée devenait extrêmement circonspecte — puis elle dit oui. Elle fut endormie sous anesthésie locale ; un coup de râpe fut donné.
Malheureusement, le résultat de ce coup de râpe fut un échec, parce que ce n’était pas une petite dent qui avait poussé sur le greffon, mais bien la peau qui était cicatricielle — ce qui imitait la saillie osseuse.
Pour arriver à améliorer son résultat, il fallait donc procéder à une opération totalement différente : aller chercher sous la peau cette petite saillie fibreuse responsable de la bosse disgracieuse toujours visible sur le profil de cette jolie fille.
Nous expliquâmes qu’une troisième retouche de notre part était nécessaire si elle voulait réellement se débarrasser du problème. Elle acquiesça, après moult tergiversations de sa part et de la nôtre.
Sous anesthésie générale et sous endoscopie, nous avons pu retirer un petit bloc cicatriciel.
Les suites immédiates furent bonnes ; la saillie osseuse avait disparu. Mais la peau, malmenée par tous ces décollements successifs, était devenue rouge et leresta pendant plusieurs mois. Cette patiente revenait nous voir tous les quinze jours, toujours plus mécontente, comme si les 0,004 % résiduels qu’elle voulait absolument voir disparaître gâchaient l’ensemble de la reconstruction, qui était superbe. Son obsession était devenue extrême, invivable, la minant sentimentalement et professionnellement.
Finalement, le temps seul parvint à la guérir ; lorsque le nez retrouva une teinte plus naturelle dans les mois qui suivirent et que la petite saillie eût complètement disparu, elle nous témoigna de nouveau sa satisfaction.
Mais elle avait été particulièrement odieuse et agressive, nous faisant bien sentir que nous n’étions rien par rapport à son caprice et que finalement, si nous n’étions pas capable d’enlever un détail aussi minime qu’une saillie cicatricielle profonde sous la peau du nez, dans le fond nous ne connaissions pas notre métier !
Nous nous souvenons d’une autre patiente qui nous a beaucoup marqué. C’était une femme assez jolie qui arrivait toujours très pressée entre deux rendez- vous.
Elle se présentait en demandant toujours que son nez soit plus petit. Elle avait déjà été opérée cinq fois et son nez était joli, mais avec une petite bosse résiduelle.
Comme cette petite bosse donnait à son profil l’impression qu’elle avait pris un coup sur le nez, nous décidâmes de lui donner satisfaction et de refaire un geste de rhinoplastie.
Cette opération se déroula sans problème ; les suites opératoires furent simples.
Elle avait maintenant un tout petit nez en trompette, joli, bien proportionné et pas ridicule — qui était toutefois son choix, mais pas le nôtre !
Au bout de quelques mois, elle revint nous voir en disant que son mari et elle- même trouvaient que son nez était encore un peu long, qu’elle le voulait plus relevé et que l’on voie encore plus ses narines.
Nous avons tenté de la dissuader pendant plusieurs consultations, mais elle ne se décourageait pas.
Finalement, de guerre lasse, nous avons accepté sa demande.
Mais, à la suite de cette opération, son nez était devenu réellement tout petit, très en trompette : on voyait les narines du nez en prise de courant. La peau adhérait très fort au squelette sous-jacent ; cela dura plusieurs mois, le nez restant très rouge.
Cette patiente devint profondément mécontente.
Finalement, elle guérit avec le temps. Elle admit que ces nez très relevés, ce n’était pas si joli que cela. Et lorsque nous essayâmes de comprendre ce qui s’était passé, c’était finalement à cause du mari : celui-ci lui disait qu’il ne pouvait lui faire l’amour que si elle avait vraiment le nez en trompette, car il avait une fixation complète sur ce genre de nez. Et plus la femme revenait à la charge, plus il lui disait qu’il était incapable de lui faire l’amour si son nez n’était pas en trompette. Ce n’est qu’à la fin qu’elle découvrit que tout cela n’était qu’une mascarade et qu’il avait une maîtresse beaucoup plus jeune qu’elle qui avait effectivement un tout petit nez en trompette et auquel il accordait ses hommages.
Ainsi, le désir d’être aimée par son mari était le seul et unique motif de sa demande d’intervention chirurgicale.
Mais cela ne fonctionnait plus du tout dans leur couple ; il fallut une scène dramatique, où finalement elle découvrit l’infidélité de son mari pour qu’elle se rendît compte à quel point elle avait été ridicule, à quel point tout cela avait été un fantasme.
Nous-mêmes étions très malheureux, car nous nous en voulions d’avoir accédé à la retouche chirurgicale chez cette patiente. Mais le temps passant, son résultat n’était pas si mauvais ; elle resta charmante ; peu de temps après, elle finit par faire le deuil de son mari infidèle, elle divorça et refit sa vie.
Nous l’avons revue récemment, elle est parfaitement équilibrée ; c’est avec le sourire qu’elle nous raconta la suite de son histoire, en discutant avec elle en pleine rue, comme deux vieux amis, un jour de rencontre fortuite comme Paris sait parfois miraculeusement l’engendrer.
Les prothèses mammaires
Miracle de la chirurgie, une femme plate peut en engendrer une autre, à la jolie poitrine, grâce aux prothèses mammaires.
Celles-ci ont pris toutes les formes, toutes les consistances : ivoire, éponge, lanières de plastique ou de peau dénaturée, réservoir d’huile, d’hydrogel, d’eau, de graisse, presque tout l’imaginaire du chirurgien a un jour pénétré dans le torse innocent et plat d’une femme présentant une hypoplasie mammaire.
Les prothèses mammaires permettent une opération absolument magnifique dans 98 % des cas. Dans deux pour cent des cas, nous constations l’existence de coques assez laides obligeant à une réintervention (la coque est une cicatrice rigide autour de la prothèse).
De petites coques minimes pouvaient se produire entre 4 et 6 % des cas supplémentaires, mais ne gênant pas la vie sexuelle.
Les premières prothèses implantées étaient en gel de silicone (1960-1970).
Beaucoup d’affabulations et de choses fausses ont été écrites par les médias et par les associations de consommateurs concernant les prothèses en gel de silicone.
La vérité scientifique, comme d’habitude, met un certain temps à percer.
Nous savons actuellement que les prothèses en gel de silicone ne font courir aucun risque vital à la patiente, mais qu’au bout d’un certain temps, la membrane extérieure peut se fragiliser ; entre 10, 15 ans après, il est utile de changer la prothèse contenant du gel de silicone.
Cela a été d’autant plus vrai qu’à un certain moment, le gel était trop fluide, les fabricants pensant ainsi qu’il y aurait moins de coques. C’était une erreur qui a surtout sévi entre les années 1975-88. Puis les fabricants ont recommencé à mettre en service des prothèses à gel très cohérent et à paroi plus épaisse, diminuant ainsi considérablement les risques de fragilisation de la membrane extérieure.
Les risques de fuites de gel de silicone avaient été néanmoins sérieux dans la mesure où si le silicone était trop fluide, il commençait à infiltrer les muscles pectoraux et à filer dans l’aisselle ; ce, surtout s’il y avait eu un massage forcé (squeezing) ou s’il y avait eu un traumatisme grave de la paroi thoracique envoyant sous pression le silicone dans les zones de faiblesse, c’est-à-dire dans la région axillaire, où se trouvent les ganglions lymphatiques.
Mais progressivement, la technologie fit des progrès et ce risque fut assez rapidement éliminé.
En France, depuis 1995, il est interdit d’utiliser des prothèses en gel de silicone. Nous n’avons droit qu’à l’utilisation de prothèses en sérum physiologique, sauf procédures de dérogations extrêmement complexes et accordées au compte- gouttes, ce qui est le cas de le dire.
Les prothèses en sérum physiologique ne donnent pas d’aussi bons résultats esthétiques que les anciennes prothèses en gel de silicone.
Néanmoins assez souvent, elles donnent des résultats très valables ; si nous devions les noter sur une échelle de 0 à 10, nous pourrions leur donner le plus souvent la note de 9/10 ; alors que les prothèses en gel de silicone pouvaient obtenir 10/10 dans presque 95 % des cas.
Nous avons le souvenir d’une patiente assez jolie qui avait été complexée par son manque de poitrine, apparu surtout à la suite de ses grossesses.
Au bout d’une puis deux grossesses, ses seins s’étaient atrophiés. Il ne restait plus que la peau un peu flasque, un peu vergeturée et des tétons un peu tombants.
La solution chez cette patiente est donc de remettre en place des prothèses mammaires pour lui redonner un galbe mammaire plus satisfaisant et plus conforme à la largeur de ses épaules et de son bassin. L’opération se fit sans problème par une incision dans l’aisselle et la mise en place de ces prothèses en arrière du muscle pectoral, ce qui pour les prothèses en sérum physiologique offre au moins une garantie de protection supplémentaire au palper masculin du soir ou du matin.
Cette patiente fut au départ très satisfaite de son opération. Puis, lorsque nous la revîmes six mois et un an après, elle revint complètement furieuse et désespérée. En effet, chacun de ses partenaires se rendait compte qu’elle avait des prothèses mammaires en raison de leur densité proche de celle d’un ballon et qui, par ailleurs, pouvait faire du bruit lorsqu’elle effectuait certains gestes.
Cela l’indisposait d’autant plus que ses prothèses étaient alors facilement dépistées dans la pratique de certaines activités sexuelles.
Elle était donc complètement désespérée, pensant que c’était pour cela que les hommes la fuyaient régulièrement et qu’elle ne les revoyait plus jamais après la première nuit.
Nous avions beau lui expliquer que ce n’était absolument pas le cas et qu’en réalité, pour un homme, le sein est un organe sexuel de passage qui ne sert qu’à érotiser puis conduit à la pénétration, qui est en fait ce que l’homme désire vraiment, rien n’y fit. Pour cette patiente, l’existence de prothèses en sérum physiologique était une tare qui la rendait inconsolable. Elle devenait même agressive et nous ne pouvions lui offrir aucune solution.
Une certaine fermeté de notre part aboutit finalement à un résultat binaire : ou bien elle conservait ses prothèses en acceptant ces inconvénients et elle trouvait un homme qui l’accepte, elle, avec son mauvais caractère, ou bien nous lui retirions les prothèses sans lui laisser davantage de cicatrice que cette cicatrice axillaire.
Nous n’avons pas revu cette patiente et nous pensons qu’elle a pris finalement le juste parti de conserver ses prothèses en attendant mieux.
D’ailleurs, nous lui avions promis au cours de la dernière consultation que si jamais des prothèses en gel de silicone étaient remises sur le marché, nous lui ferions l’échange qu’elle souhaitait.
Là encore, l’État français, sous la forme d’une technocratie un peu lourde et un jeu obtuse, n’avait pas compris les mauvais services qu’il rendait aux patientes, aux chirurgiens et à l’ensemble de la communauté médicale en prenant la place les médecins pour prendre une décision d’ordre thérapeutique dans laquelle ce Test pas son rôle de s’immiscer.
Cela n’a rien à voir avec ce qui s’était passé pour le Sida. Il n’y avait pas à craindre que le gouvernement soit mêlé à la responsabilité du type de prothèses à implanter et s’il devait l’être, c’était plutôt dans la complicité d’une mauvaise opération de chirurgie esthétique qu’il nous imposait, dont tôt ou tard il faudrait qu’il soit responsable devant le public et les patientes insatisfaites.
Nous avons le souvenir d’une autre patiente, absolument ravissante, dont une main avait été amputée. Cette patiente avait en plus des seins tout petits et qui ne collaient absolument pas avec sa personnalité.
Au grave handicap que lui causait son amputation s’ajoutait le complexe de sa poitrine, ce qui lui était difficile à supporter.
Aussi cette patiente subit-elle l’implantation de deux prothèses mammaires. Du fait de l’accident qui avait entraîné l’amputation de sa main, elle était psychologiquement très fragile.
L’opération se déroula néanmoins sans problème, et elle se retrouva pendant plusieurs années avec des prothèses superbes.
Malheureusement, tout le battage médiatique qui avait été fait sur les prothèses en gel de silicone l’inquiétait terriblement.
Compte tenu de son passé, elle était extrêmement sensible à toute idée d’un danger thérapeutique qui eût pu la menacer.
Allant consulter plusieurs radiologues qui faisaient des mammographies, elle finit bien par en dénicher un qui parla de plis sur une prothèse et d’une possibilité de fuite.
Or, cela s’avérait totalement improbable dans notre expérience, car les prothèses qui lui avaient été implantées étaient à paroi extrêmement épaisse, et que les radiologues de référence que nous connaissions bien étaient tout à fait formels sur l’absence de fuite siliconée.
Néanmoins, rien n’y fit. Cette patiente, absolument paniquée, exigeait le changement de ses prothèses au profit de prothèses en sérum physiologique.
Devant tellement d’insistance et de peur, nous devions, ne serait-ce qu’en raison de la loi, obtempérer.
Aussi le changement fut-il fait. Le résultat des prothèses en sérum physiologique fut alors catastrophique. Le changement s’effectua sans problème, mais le résultat était qu’il y avait des vagues résiduelles et qu’au toucher, alors qu’avant les prothèses étaient absolument parfaites et non distinguables d’un sein normal, il existait deux sacs à eau qui transformaient la vie sexuelle de cette femme en cauchemar.
Or, il était impossible de revenir en arrière, la loi nous interdisant d’utiliser des prothèses en gel de silicone.
Aussi, au bout d’un moment, cette patiente fut-elle dirigée sur l’étranger pour subir de nouveau un changement de prothèses, et cette fois au profit de prothèses en gel de silicone — implantées ailleurs par un chirurgien inconnu de nous.
C’est dire à quel point la législation actuellement en cours nous pose des problèmes au niveau thérapeutique et entraîne des drames humains pour lesquels les technocrates n’ont absolument aucune solution à nous proposer.
Nous espérons vivement que cette législation inadaptée concernant l’interdiction des prothèses en gel de silicone sera levée, laissant au médecin la responsabilité d’utiliser les produits qui lui paraissent satisfaisants après que les tests scientifiques aient prouvé la dangerosité ou, au contraire, l’innocuité des produits dont nous avons à nous servir.
Vidéo : La chirurgie esthétique : Les opérations comportant des complications fréquentes
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