Dans le temps , pas de "réclame "
De mon temps – je persiste ! -, les médecins n’avaient pas le droit de faire de la « réclame » pour s’attirer de la clientèle. On considérait que la santé n’était pas une « marchandise » ordinaire, et que les membres de professions libérales – médecins mais aussi avocats – ne devaient donc pas se comporter en marchands de soupe. Ils avaient l’obligation de ne rendre compte de leurs travaux, dans la presse grand public, qu’à des fins scientifiques, pour faire avancer les thérapies. Ils avaient le droit d’apposer une plaque sur la rue, à l’adresse de leur cabinet, avec leur nom et leur spécialité, un point c’est tout. Le Conseil de TOrdre veillait au respect de cette éthique. Il y avait bien quelques entorses à ces beaux principes, quand un grand professeur était interviewé à propos d’une « première » chirurgicale réalisée dans son service hospitalier, mais il s’agissait là d’interventions majeures que nul n’avait évidemment envie d’expérimenter. Ou lorsqu’un spécialiste publiait un livre d’information sur son secteur d’activité à Inattention du grand public. Sauf que tout cela restait du domaine du raisonnable : médecins et chirurgiens mettaient un point d’honneur à ne pas se comporter comme des voyageurs de commerce.
L’immense majorité des médecins se conforment encore à ces principes. Seul échappe à cette volonté de rigueur le domaine de l’esthétique, qui semble exonéré de tout contrôle et dont certains praticiens se permettent d’intoxiquer gaillardement le grand public avec la complicité active de la télévision.. Tous les procédés sont permis pour faire rêver les « séductrices plus-trop-fraîches » et parvenir à leur inculquer le virus du rajeunissement. Autre clientèle visée, les « encore très jeunes complexées » à qui l’on fait miroiter la possibilité de conquérir, par le bistouri, une beauté qu’elles n’ont pas trouvée dans leur berceau.