Comment un chirurgien transforme-t-il un homme en femme ou une femme en homme ?
Fabriquer un pénis afin d’en doter une femme qui se sent homme est chose assez simple. On commence par découper un bout de peau en forme de bouteille sur l’avant- bras. On enroule ensuite le « goulot » sur lui-même pour former l’urètre, puis on enroule la « bouteille » pour constituer la forme du pénis. L’urètre ainsi créé est placé dans le prolongement de l’urètre présent dans l’ex- corps féminin. Le tout est ensuite relié à un bout d’artère, prélevé sur l’artère radiale qui irrigue la main. On coud cette artère pour le solidariser à des vaisseaux de la région de l’aine. Et voilà un pénis, fonctionnel du point de vue urinaire, mais qui n’offre aucune sensation: l’innerver chirurgicalement est une opération complexe rarement couronnée de succès.
Il est une autre façon, plus simple, de créer un pénis par prélèvement de tissus. On découpe un morceau de muscle, qu’on emballe dans une portion de peau (les deux prélevés dans la cuisse). On fixe ensuite le pénis ainsi formé entre les deux aines. Dans ce cas, le phallus n’a d’autre fonction que de marquer physiquement le changement de sexe, l’homme continuant d’uriner comme la femme qu’il est!
Une troisième méthode, la métoidioplastie, se propose de partir de l’existant, soit du clitoris. Pénis et clitoris sont en effet des organes d’origine identique chez l’embryon. Après un traitement du sujet à la testostérone (hormone mâle) durant un an, le clitoris s’allonge jusqu’à 6 cm en moyenne. Il est ensuite incisé afin de le gonfler avec du collagène. Le vagin est refermé, tandis que les grandes lèvres sont transformées en scrotum (le sac des testicules) : sur un plan embryologique, les deux organes sont identiques. L’appareil créé est incapable d’érection, mais, conservant l’innervation du clitoris, il participe au plaisir sexuel. Il ne peut uriner, à moins qu’on ne l’ait muni d’un urètre artificiel Quelle que soit l’opération, elle est effectuée après une ablation de l’utérus, des trompes, des ovaires et des seins, et une prise massive d’hormones sexuelles masculines.
La transformation d’un homme en femme explore des techniques différentes. Il s’agit d’« inverser » le pénis en vagin et clitoris. Vidé de ses corps caverneux, le pénis est coupé, retourné comme un gant, puis implanté dans une fente. Le gland sert ensuite de clitoris. Des petites lèvres sont créées. Si les terminaisons nerveuses ont pu être maintenues en état, le vagin et le clitoris formés seront sensibles. L’ex-homme urinera comme une femme.
Très lourdes, les opérations chirurgicales de changement de sexe ne sont pas toujours, loin s’en faut, couronnées de succès. Leur réussite est étroitement corrélée au talent du chirurgien. En tout état de cause, elles sont l’aboutissement d’un long processus s’étalant sur plusieurs années.
En France, comme dans nombre de pays, ce processus n’est enclenché qu’avec l’aval d’un psychologue qui, sur la base d’entretiens d’une durée de un à deux ans avec le sujet, aura jugé de la nécessité d’une opération. Il démarre techniquement par l’ablation des organes « anciens ». Conjointement, la prise de médicaments neutralise les hormones sexuelles. Enfin, le traitement se poursuit par la prise des hormones antagonistes, qui vont progressivement masculiniser la femme qui veut devenir homme, ou féminiser l’homme qui veut devenir femme.