Brown-sequard : il découvrit les hormones
En 1856, Brown-Séquard, un savant franco-américain, né à l’île Maurice, expérimentateur passionné (il avale des morceaux d’éponge puis se force à les vomir, pour étudier le suc gastrique, il absorbe des excréments de malade atteint de choléra…), observe que les patients auxquels le chirurgien Addison est obligé de retirer les glandes surrénales supportent très mal cette ablation. Lui-même retire ces glandes à des animaux, qui meurent rapidement. Il frôle alors la vérité: en fait, si l’on ne peut vivre sans ces minuscules glandes, c’est qu’elles élaborent un produit de nécessité vitale. Mais Brown-Séquard s’arrête à une autre hypothèse: si les surrénales sont nécessaires à la vie, c’est parce que en les traversant, le sang se débarrasse de ses poisons: elles jouent, pense-t-il, le rôle de filtre à toxiques. Puis on oublie la question. Brown-Séquard poursuit sa carrière jusqu’à près de soixante-dix ans. À ce moment, scs forces déclinent, et il se demande: comment prolonger la verdeur de l’être humain ?
En reprenant, estime-t-il, de façon scientifique, les vieilles recettes de nos ancêtres primitifs, qui consiste à préparer des extraits de glandes, d’organes. Il développe, au bout de trente ans, une de ses anciennes idées: les glandes qui n’ont pas de conduit à l’extérieur déversent dans le sang des produits susceptibles do modifier les autres organes; pour capter ces pro- duils à leur source, il faut donc absorber des extraits de glandes. Quand il estime avoir mis au point des extraits utilisables, il les expérimente sur lui-même.
L’effet en est si miraculeux qu’aussitôt il fait éclater la bombe dans une communication, restée célèbre, à la Société de Biologie (1893).
« J’ai soixante-douze ans, dit-il. Ma vigueur générale, qui a été considérable, a diminué notablement et durablement durant les dix ou douze dernières années. Avant les expériences dont je m’occupe, il me fallait m’asseoir après une demi-heure de travail debout .m labor-atoire. En rentrant chez moi en voiture, j’étais tellement fatigué que je devais me mettre au lit presque aussitôt, après un repas pris hâtivement.
«Aujourd’hui, et depuis le second jour et surtout le troisième après la première injection, tout cela a changé et j’ai regagné au moins toute la force que je possédais il y a nombre d’années… J’ai pu rester debout pendant des heures au laboratoire sans éprouver le besoin de m’asseoir, j’ai pu travailler à la rédaction d’un mémoire pendant plus d’une heure et demie après le dîner, après trois heures de travail debout, et honorer Mme Brown-Séquard pour la première fois depuis des mois. »
Plus tard, sa fille dira : « Je l’ai vu à l’agonie et peu à peu revivre. C’est un miracle très impressionnant. » Cette expérience lui fait enfin comprendre la vérité. « Les glandes à sécrétion interne déversent dans le sang une substance nécessaire à la composition du milieu intérieur. Tous les tissus contribuent pour une part à cette sécrétion. » Et Brown-Séquard peut annoncer: « Nous croyons pouvoir créer une thérapeutique nouvelle, dont les médicaments seront les produits fabriqués par les différents tissus de l’organisme. » L’opothérapie (traitement par les sucs, du grec opos), d’abord appelée organothérapie, est née. Elle supplée un organe absent ou déficient par des extraits du même organe pris sur un animal. Les extraits d’organes vont bientôt laisser place à leurs sécrétions isolées et purifiées, les hormones.
Certains prétendent que les réactions de Brown- Séquard ont été amplifiées par la suggestion, les hormones se trouvant en trop faibles proportions dans un extrait de glande pour produire un tel effet!
C’est vouloir ignorer les bienfaits de l’organothéra- pie, actuellement interdite en France, mais qui donne parfois des résultats surprenants dans les pays voisins qui l’utilisent. En France, il subsiste, néanmoins, une possibilité indirecte, utilisée par de nombreux médecins, de profiter légalement de cette organothérapie. Il s’agit de «compléments alimentaires» qui sont en fait (des extraits d’organes purifiés, ultra-filtrés, prélevés sur îles embryons avant qu’ils n’aient construit leurs anti- corps. Prescrits sous contrôle médical, pris par voie perlinguale, ils apportent sans risque, dans ces conditions, des résultats appréciables à tous les âges de la vie (‘l surtout aux 3e et 4e âges, tant sur la santé que ni l.i tonicité générale. Les résultats observés quotidiennement sont, du reste, comparables à ceux décrits par Brown-Séquard et confirmés par sa fille.