Amaigrissement : méfaits et illusions
S’il est un domaine où foisonnent les marchands d’illusions, c’est bien celui des méthodes amaigrissantes. Nous n’aborderons pas ici les approches diététiques traitées dans la première partie de ce volume. Nous passerons en revanche en revue quelques-unes des techniques proposées par un certain nombre de médecines plus ou moins «douces» ainsi qu’un certain nombre de pratiques, présentant un risque bien réel, faisant appel à des médicaments allopathiques prescrits par des médecins qualifiés à juste titre d’«amaigrisseurs».
En phytothérapie, un certain nombre de tisanes sont préconisées pour favoriser la perte de poids : feuilles de cassis, chicorée, thé vert. Des gélules à base de frêne ou de fucus sont également prescrites à cet effet. Les gélules à base de fibres végétales (cosses de haricot, tiges d’ananas) n’apportent rien de plus que les légumes frais achetés au marché. Les produits à base de carnitine, substance apportée de toutes façons par la nourriture et fabriquée naturellement par l’organisme, n’accélèrent pas l’amaigrissement. Le glucomannane, qui gonfle dans l’estomac en présence d’eau, peut effectivement contribuer à calmer la faim de celui qui est habitué à des repas volumineux
Certains acupuncteurs pensent que la stimulation par aiguilles de certains points précis de la peau a pour conséquence de réduire la faim, par l’intermédiaire d’un effet «antistress». L’acupuncture, à condition d’être associée au régime, permettrait de contribuer à l’amaigrissement de personnes mangeant en excès sous l’effet de l’anxiété.
Une technique d’électrothérapie récente, la cellulolipolyse, consiste à implanter de longues aiguilles dans les parties du corps où se concentre la cellulite pour y faire passer des courants de basse fréquence. Promue sur la base d’articles pseudoscientifiques, associée systématiquement à un régime amaigrissant, l’intérêt de cette technique n’a jamais été prouvé.
S’il n’existe pas de recette miracle pour maigrir, une perte de poids durable relève toujours d’une démarche active, progressive, adaptée à l’individu, passant obligatoirement par une modification de l’alimentation associée, autant que possible, à une intensification de l’activité physique. Les médecins qui prétendent faire maigrir passivement, sans effort, sur simple ordonnance, trompent leurs patients. Trop nombreux sont ceux qui, sous des masques divers, y compris sous celui de préparations soit-disant “homéopathiques», prescrivent des médicaments qu’ils sont seuls à qualifier de « doux».
Les diurétiques, qui accélèrent l’élimination du sel par les reins, font artificiellement baisser le poids en éliminant, non pas les graisses, mais de l’eau. Dès leur arrêt, la reprise des quelques kilos perdus est inéluctable. Prendre des diurétiques pour maigrir, c’est non seulement courir après un bénéfice parfaitement illusoire, mais c’est aussi s’exposer inutilement aux effets indésirables de ces médicaments (fatigue, vertiges, etc.) qui sont parfois graves (troubles du rythme cardiaque) en cas de surdosage.
Les diurétiques, réellement utiles en cas d’hypertension artérielle ou d’œdèmes, sont donc à proscrire absolument lorsque le but est de maigrir. Une troisième catégorie de médicaments est à déconseiller, ce sont les anorexigènes ou «coupe-faim». Ces produits appartiennent à la famille des amphétamines, psychotropes prolongeant l’état d’éveil et qui entraînent, à la manière d’une drogue, un état de manque et une réaction dépressive lorsqu’on les arrête (ainsi que la reprise du poids). Leur usage dans un but d’amaigrissement repose sur le fait qu’ils diminuent la sensation de faim et le volume des repas. Au bout de huit semaines de traitement, la perte moyenne de poids observée est d’environ 2 kilogrammes.