Alimentation de la femme enceinte
L’alimentation de la femme enceinte vise à permettre un développement harmonieux du fœtus avec accouchement à terme et un poids de naissance correct, tout en limitant le risque de toxémie gravidique et prise de poids excessive de la mère. Ces notions générales ont évolué depuis quelques années; c’est ainsi que le régime hyposodé systématique prôné pendant longtemps est actuellement abandonné. En fait, c’est surtout dans les pays de dénutrition que l’alimentation des femmes enceintes pose des problèmes, par insuffisance de l’apport protéique et en certains minéraux et vitamines.
1. Besoins quantitatifs pendant la grossesse. — L’augmentation des apports caloriques dus à la grossesse est variable d’un cas à un autre; on peut les chiffrer en moyenne à quelques dizaines de calories en début de grossesse, 200 à 300 cal. par jour au cours du 3e trimestre. La situation nutritionnelle habituelle de la femme est un élément qui doit entrer en ligne de compte car une malnutrition sévère juste avant ou au début de la grossesse favorise l’hypotrophie du fœtus. Une prise de poids de 10 A 14 kg pendant la grossesse paraît convenable.
2. Besoins qualitatifs. — Sont préconisés :
- Un apport protéique de 1,5 à 2 g/kg/j, surtout sous forme de protéines animales.
- Un apport glucidique de 300 g/j, en évitant les sucres d’assimilation rapide.
- Un apport lipidique de 80 à 90 g/j, avec une répartition large des acides gras (saturés, monoinsaturés, polyinsaturés); en fait une alimentation contenant des produits laitiers (fromage) et des huiles végétales fournit une répartition correcte.
- Les boissons alcoolisées doivent être écartées (risque fœtal et apport calorique supplémentaire).
- L’apport en sel ne doit pas être réduit (6 à 8 g de Cl Na/j).
- L’apport en fer doit être augmenté par l’utilisation d’aliments riches en fer (légumineuses, légumes verts) et même une supplémentation à partir du cinquième mois de grossesse (obligatoire dans certains pays).
- L’apport en phosphore et calcium, bien que correspondant à des besoins accrus, est suffisant dans une alimentation normale et équilibrée (comportant des produits laitiers).
- Les besoins vitaminiques, accrus pendant la grossesse, surtout pour les vitamines C et du groupe B, sont couverts par un alimentation variée et comportant notamment viande, légumes verts et fruits.
3. Régimes de restriction. — Ils sont préconisés pour certaines femmes enceintes :
Régime hyposodé. — Il n’est indiqué qu’en cas d’insuffisance cardiaque ou de certaines néphropathies, et dans les hypertensions artérielles pré-existant à la grossesse. Quant à la prévention et au traitement de la toxémie gravidique, des travaux récents ont montré qu’ils ne relevaient pas du régime désodé, ni des diurétiques. Les œdèmes isolés de la femme enceinte ne sont pas pathologiques; ils sont dus à la rétention hydrosodée physiologique dans cet état.
Régime hypocalorique. — Il est nécessaire en cas de surcharge pondérale, surtout s’il y a un diabète associé. La restriction ne doit pas t’ire trop sévère (pas moins de 1 800 Cal/j), porter surtout sur les Klucides, notamment d’assimilation rapide, et maintenir les apports qualitatifs indispensables (protides, fer, calcium, vitamines).
4. Cas particuliers :
Diabétiques insuUno-dèpendantes. — Le régime antérieur à la grossesse ne devrait pas être modifié pendant la grossesse lorsqu’il comporte 1rs règles habituelles chez ces sujets. Le risque fœtal est nettement réduit par un contrôle rigoureux de la glycémie, obtenu par multiplication des doses d’insuline, fractionnement et répartition corrects des repas dans la lourée.
Hyperlipidémies. — Le régime suivi antérieurement à la grossesse doit rtre poursuivi, surtout en cas d’hypertriglycéridémie.
5. Anémies de la grossesse :
Les carences martiales ont des causes nombreuses : insuffisance d’apport dans les pays sous-développés, grossesses multiples, saignements par hémorragies génitales ou digestives, carence d’absorption des gas- liectomisées ou de certaines parasitoses.
Le traitement étiologique éventuel doit être complété par un apport quotidien important en fer (cf. p. 291). En Grande-Bretagne, l’administration de fer est systématique à toutes les femmes enceintes.
Les anémies mégaloblastiques de la grossesse, dues à une déficience d’apport en acide folique ou de vitamine B12 sont rares en France.
5. alimentation et allaitement. — Pendant cette période, l’alimentation ne doit pas se distinguer de celle des derniers mois de grossesse; l’apport suffisant en calcium, phosphore, fer doit être particulièrement assuré (ce qui est le cas dans l’alimentation normale et variée de notre pays). Certains aliments sont à éviter du fait de leur goût accentué : ail, asperges, choux, poireaux; viandes faisandées.