Pourquoi dit-on "avoir une peur bleue" ?
On se fait souvent un « sang d’encre » après avoir eu une «peur bleue», qui nous avait pourtant rendu «blanc comme un linge». Devient-on aussi bleu que les Pietés ou la famille Fugate lorsqu’on a peur? Assurément non, mais on a perdu ses couleurs. Confronté à un stress inaccoutumé que le cerveau analyse comme une menace vitale, nous ressentons comme un coup de froid. Le poil se hérisse, selon le processus de « l’horripilation », un glaçon semble s’insinuer le long de la moelle épinière, les jambes se dérobent, les muscles sont tendus, les mains sont moites. Le cœur bat plus vite et le sang reflue de la peau: on perd ses couleurs, et avec elles toute chaleur. On est blême. Dans certaines conditions, le phénomène est parfois si brutal que la peau prend un aspect « froid », donc bleu.
<>Le mécanisme de la peur est complexe. Il est géré par une région profondément enfouie dans le cerveau,le système limbique, formé entre autres de deux organes fondamentaux pour l’autodéfense de l’organisme : l’hippocampe et l’amygdale. Ce véritable système d’alarme du corps humain est sollicité en deux temps. Tout d’abord, la sensation d’une menace est reliée directement du thalamus (un organe enfoui au plus profond du cerveau) à l’amygdale. Ne passant pas par le cortex cérébral, impliqué dans la réflexion, cette première voie, instinctive, permet une identification grossière de la menace et une mise en branle de l’organisme par l’amygdale. S’ensuit plus ou moins rapidement une seconde réaction, qui passe cette fois par le cortex. La menace est alors analysée et associée au vécu du sujet, mémorisé dans l’hippocampe. Ce dernier organe « sait » si le danger est réel ou non. Si la menace est in fine jugée faible, la peur va quitter le corps. Si elle est jugée sérieuse, la « peur bleue » va devenir violette et conduire le corps à la fuite, à chercher un refuge ou, au contraire, l’inciter à combattre.
Tous les animaux ressentent à l’identique ces phénomènes physiologiques. L’événement apeurant terminé, l’hippocampe en enregistre tous les paramètres. C’est cette mémoire « explicite », ordonnée par l’amygdale, qui fait que l’on peut éprouver la même peur bleue, des années plus tard, confronté à un lieu, une odeur, une personne, que l’hippocampe « retrace ». De son côté, l’amygdale emmagasine une mémoire dite « implicite », non consciente, qui peut entraîner une anxiété terrible, aux manifestations identiques à la peur, irraisonnées. Dans ce cas, c’est l’hippocampe qui alerte immédiatement l’amygdale, quelque temps avant qu’on comprenne pourquoi…
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