Une relation particulière
Dans un dessin humoristique trouvé il y a quelques années dans un quotidien américain, un patient déclare à son médecin : « Docteur, si vous me prescrivez un médicament placebo, je vous paierai avec de l’argent placebo. » Outre l’aspect purement comique, il existe là une vérité plus grave. Le médecin est payé en espèces sonnantes et trébuchantes, pour ses soins objectifs, palpables, concrets, quantifiables. L’acte thérapeutique fait l’objet d’une cotation précise, due, puisque remboursable par la Sécurité sociale. En revanche, la seule récompense de ses soins subjectifs, de sa gentillesse, de son charisme, de sa compétence, de sa disponibilité, en un mot, de son habileté relationnelle, c’est la satisfaction de son client qui ne peut se manifester que d’une seule façon, la disparition de ce qui le fait souffrir, c’est-à-dire de son symptôme. L’effet placebo induit par le médecin est payé par une amélioration placebo du malade. Peu importe donc qu’il se présente ou non avec une maladie organique, le malade se présente avec un gage, le symptôme. Le médecin, outre ses soins objectifs et rémunérés, offre, en prime, une qualité particulière de relation. Si celle-ci convient au malade et aux circonstances, l’effet placebo pourra représenter une récompense, une prime, pour les deux protagonistes. Si la relation est insatisfaisante, inadéquate, la sanction tombe, le symptôme persiste, voire s’aggrave, c’est l’effet nocebo. Amélioration ou aggravation, l’effet placebo fait partie du langage social de la médecine.
Vidéo : Une relation particulière
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