Tour du monde du lifting
Tour du monde du lifting
Une fois lancée, j’ai poursuivi mes recherches sur la Toile en tapant : « lifting facial ». Et là, je me suis retrouvée embarquée pour le tour du monde. Parmi les 415 000 résultats consultables, j’ai pu me renseigner, en dehors d’une bonne centaine de sites hexagonaux, sur une dizaine de cliniques en Tunisie, des agences de voyages spécialisées dans le tourisme médical, une doctoresse roumaine, quelques praticiens marocains, et même sur une adresse à São Paulo !
Depuis dix ans, les « vacances bistouri » sont devenues une source de revenus non négligeables pour certains pays. Elles se targuent d’offrir des prestations de qualité pour des tarifs de 40 à 70 % moins chers que ceux pratiqués en France. Puisque, sauf cas très rares, l’esthétique médicale ou chirurgicale ne bénéficie d’aucun remboursement, chaque année plusieurs milliers de Français (ou plutôt de Françaises) s’expatrient une ou deux semaines pour aller se faire lifter, réparer, « liposucer », relooker hors de nos frontières. On peut ainsi se faire implanter une chevelure à l’île Maurice, se faire refaire n’importe quelle partie du corps au Maroc ou en Tunisie, fabriquer un sourire étincelant à Budapest. Un Français a même créé en 2007 une agence pour les Français qui veulent se faire poser implants et couronnes en Flongrie. J’ai apprécié le nom de son entreprise : Eurodent’air. Les pays d’Europe de l’Est se sont particulièrement spécialisés dans la dentisterie. En dehors de la Hongrie, tous les travaux de dentisterie, tellement ruineux et mal remboursés en France, peuvent être réalisés à des prix défiant toute concurrence en Bulgarie et en Pologne. Même avec le prix de l’avion et le séjour pré ou postopératoire à l’hôtel, les prix restent imbattables.
Une clinique de Casablanca affiche ses tarifs : le lifting à 2 400 euros, c’est carrément moitié moins cher que chez nous1 ! Autre exemple : alors qu’il faut compter environ 6 000 euros pour la pose de prothèses mammaires en France, celle-ci vous revient en moyenne, à 2 600 euros en Tunisie2. Même chose pour une rhinoplastie qui passe de 3 500 euros en France à plus ou moins 2 300 en Tunisie – j’en ai noté de moins chères encore, mais là, je me méfierais vraiment ! Sans oublier que l’euro vaut une fois et demie le dinar tunisien.
Sur le Net français, la présence de la Tunisie est impressionnante. A chaque page où il est question de chirurgie ou de médecine esthétique, une agence de voyages spécialisée dans les séjours médicaux tunisiens s’est offert une publicité payante, à droite de l’écran ! L’idée est de transformer en « vacances » ces séjours médicaux, en oubliant qu’il est tout à fait interdit de se mettre au soleil aussi bien avant qu’après une opération !
Une chose m’a frappée dans tous ces sites de « retapes » pour le tourisme esthétique : l’argument très souvent utilisé, aussi bien par les chirurgiens tunisiens que par les dentistes hongrois, est d’avoir été formés… en France. Ou encore mieux… à Paris ! C’est sûrement vrai, puisqu’il m’a suffi de passer une semaine dans un hôpital parisien pour constater qu’un des charmants médecins de garde la nuit ou le dimanche était effectivement… tunisien ! De quoi rassurer ensuite les patientes françaises tentées par les économies fantastiques qu’elles peuvent réaliser en se faisant « rajeunir » de l’autre côté de la Méditerranée.
Vidéo: Tour du monde du lifting
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