Se souvenir des reves et les oublier
Il y a un consensus pour dire que la chance qu’elle se ressouvienne d’un rêve lorsqu’on réveille une personne du sommeil REM est d’environ. Cependant, tout le monde n’a pas la même aptitude à se souvenir de ses rêves. Certains sont très doués pour cela et se rappellent le contenu de leurs rêves tous les matins ; d’autres sont persuadés qu’ils n’ont pas rêvé du tout simplement parce qu’ils sont incapables, pendant des mois, de se rappeler le moindre songe.
Quelle est la cause de cette variation, d’un individu à l’autre, de l’aptitude à se souvenir de ses rêves ? Comme nous l’avons vu, la possibilité de se rappeler un scénario onirique est d’abord et avant tout conditionnée par le moment où on se réveille. Ceux qui ont tendance à se réveiller pendant le sommeil REM sont plus à même de se souvenir de leurs rêves que ceux qui se réveillent pendant les autres stades du sommeil.
Mais le ressouvenir des rêves dépend aussi de la profondeur du sommeil. Les gens qui dorment très profondément sont moins capables de se ressouvenir de leurs rêves que ceux qui ont le sommeil léger, et il est important de souligner, dans ce contexte, que, dans notre étude des rêves des personnes souffrant d’apnée du sommeil, nous avons découvert qu’il est plus aisé pour eux de se rappeler leurs rêves quand ils subissent des apnées répétées que quand ils dorment sans trouble, à la suite d’un traitement réussi de leur affection.
Leur trouble respiratoire engendrait un sommeil superficiel, et ils étaient plus facilement capables de se réveiller avant qu’après leur traitement, lorsque leur sommeil devenait plus profond et que, par conséquent, leur aptitude à se souvenir de leurs rêves diminuait. Notre mémoire est affectée non seulement par le moment du réveil et par la profondeur du sommeil, mais aussi par notre désir et notre acharnement à nous souvenir des rêves. Des personnes qui sont soumises à un traitement psychologique au cours duquel elles discutent de leurs rêves s’aperçoivent soudain quelles commencent à se souvenir de ceux-ci de mieux en mieux. D’autres, qui ont participé à des études visant à recueillir des rêves, racontent que leur participation à ces études a accru leur faculté de mémoire.
Par conséquent, le meilleur conseil que je puisse donner à ceux qui veulent se souvenir de leurs rêves est d’aller se coucher après avoir conçu la ferme résolution de le faire ! Ils peuvent mettre à portée de main, sur leur table de chevet, un carnet et un crayon afin de noter leurs songes juste après le réveil, avant que le souvenir ne s’efface. L’aptitude à se souvenir d’un rêve est aussi liée à son contenu. Nous tendons à nous rappeler mieux les rêves dont le contenu est riche, inhabituel, étrange et qui suscitent à la fois intérêt et émotion. Ceux qui sont brefs, triviaux et dépourvus d’émotions tendent à être rapidement oubliés.
De même que nous sommes capables d’améliorer le souvenir des rêves, nous pouvons aussi favoriser leur oubli. Grâce à l’autosuggestion, des gens qui souffrent de rêves désagréables et de cauchemars peuvent diminuer le ressouvenir de leurs rêves. Dans le cas de personnes ayant subi des expériences traumatisantes, 1’« effacement » des rêves peut être si efficace que même le fait de réveiller le dormeur au cours du sommeil REM ne provoque pas de ressouvenir.