Que faire face à un drogué
Le cannabis ou chanvre indien
Depuis les années soixante, sa consommation a été multipliée par dix. D’après un rapport de l’OMS, il existe une prédisposition psychique à la dépendance au cannabis. La substance, responsable de la plupart de ces effets est le tétrahydro- cannabinol ou THC. Sa concentration est d’environ 1 à 2 % dans la marijuana, l’herbe ou le kif, mais elle peut atteindre 8 % dans le haschisch — ou shit— et même 50° : dans l’huile de haschisch. Le cannabis se fume, mélangé tabac, dans de grosses cigarettes appelées «joints», «pétards» ou «tarpets» en verlan. Il est aussi, plus rarement, ingéré dans des pâtisseries. Les troubles observés sont difficiles à classer. Sont-ils dus à la consommation de cannabis ou sont-ils révélés par son usage ? Tout dé- pend de la structure psychologique du sujet, de l’«atmosphère dans laquelle il fume et de la quantité – et de la qualité – de cannabis qu’il aura consommée. Au début, un bien-être, une détente, une rêverie, en même temps qu’une certaine altération des perceptions sensorielles, s’installent : les sons sont perçus différemment, les couleurs sont plus vives et tout semble plus agréable. Chez d’autres personnes, au contraire, le cannabis favorise l’anxiété, l’excitation et l’ivresse. Lorsque l’intoxication est plus avancée, des illusions perceptives apparaissent, le sujet distingue mal le rêve de la réalité. Surviennent ensuite des hallucinations très complexes, visuelles et auditives, proches de la bouffée délirante aiguë. Le sujet ne sait plus où il est ; il est angoissé ou au contraire pris d’un fou rire inextinguible. Si cela ne dure qu’un jour, on pense plutôt que c’est l’intoxication au cannabis qui est responsable des troubles, mais dans d’autres cas, la cause est psychiatrique. Les troubles de la coordination des mouvements, l’ébriété semblable à celle due à la consommation d’alcool expliquent la fréquence des accidents de la route et des accidents de travail chez les consommateurs de cannabis. En cas d’intoxication aiguë modérée au cannabis, aucun traitement n’est utile en dehors du repos et de boissons (non alcoolisées) abondantes. En cas d’hallucinations complexes ou de délire, il faut appeler le médecin ou, à défaut, un service d’urgence (pompiers, SAMU). Éviter en tout cas de donner des médicaments, et en particulier des calmants, au sujet intoxiqué.
La toxicité à long terme n’est pas négligeable
Chez les intoxiqués chroniques, des cancers (bouche, gorge, poumons) et des leucémies ont été décrits. Des troubles du comportement et de la mémoire peuvent s’installer, avec une grande difficulté à s’astreindre à une activité régulière. Les consommateurs réguliers de cannabis peuvent aussi être victimes de crises d’angine de poitrine (douleur cardiaque). Des impuretés peuvent aussi provoquer des crises d’asthme. Chez les adolescents, le cannabis peut être une première étape vers les drogues dites dures. Cependant, le risque de passage aux drogues injectables est moindre qu’avec les drogues «sniffées» (aspirées par le nez). Enfin, en cas de surdosage massif, il existe un risque suicidaire.
L’héroïne
Autre dérivé de l’opium, l’héroïne se présente sous forme de poudre. Elle est fabriquée par des procédés chimiques à partir de la morphine-base ; elle est plus ou moins pure. La plus pure, le «brown sugar», se présente sous la forme d’une poudre couleur brun rose que l’on dissout avec de l’eau dans une cuillère avant de la chauffer. Mais généralement, l’héroïne revendue par les dealers «des rues» est un mélange qui contient de la caféine ou de l’aspirine, et surtout de multiples impuretés, malgré sa couleur habituellement blanche. L’héroïne induit une dépendance plus rapide que la morphine. Après avoir été «sniffée» ou été injectée dans une veine, l’héroïne se fixe très rapidement dans le cerveau et les cellules de l’organisme, ce qui provoque un effet de «flash» intense, recherché par les toxicomanes. La dépendance s’installe malheureusement très vite (en deux semaines), et l’enfer suit donc très rapidement le paradis artificiel. L’intoxication aiguë par les dérivés de l’opium provoque une fermeture de la pupille de l’œil, dont la taille ne dépasse plus celle d’une tête d’épingle, même dans le noir, ce qui permet de la reconnaître facilement. Il faut éviter de donner d’autres médicaments à la appelés à temps, l’overdose aux opiacés peut se traiter assez facilement, car il existe depuis quelques années un antidote de grande efficacité.
La cocaïne
La cocaïne se présente sous la forme d’une poudre blanche qui peut être aspirée par le nez («sniffée»), ingérée, injectée sous la peau ou dans une veine, ou encore fumée (crack).La cocaïne provoque une euphorie, une stimulation psychique et une anesthésie périphérique. Le crack agit en cinq secondes après l’aspiration de la fumée. Relativement moins onéreux, et aux effets ultra-rapides, le crack a vu sa consommation exploser aux États-Unis au dé- but des années 90. Les sujets dépendants à cette drogue y sont quatre fois plus nombreux que les «accros» à l’héroïne. Les injections intraveineuses agissent dans les trente secondes et l’aspiration par le nez dans les deux minutes. Cette rapidité d’action explique le succès du crack chez les toxicomanes. Le flash se traduit par un regain d’énergie, un débit de paroles accéléré, une explosion euphorique, une augmentation de la confiance en soi, de la libido et de la curiosité. Cette phase dure dix m i n u t e s environ et est suivie d’une phase de dépression intense avec un manque de confiance en soi. De nombreux crîmes, voire des homocides ont été commis sous son emprise. La cocaïne provoque des insomnies, une perte d’appétit et des hallucinations, mais aussi de l’hypertension artérielle, des infarctus et des maladies du poumon. Une intoxication à la cocaïne peut également provoquer un accident vasculaire cérébral.
Les solvants
Ce sont des colles contenant notamment du trichloréthylène, des gaz propulseurs de bombe aérosol, de l’éther, etc., qui sont «sniffés», parfois dans des sacs en plastique. Le but recherché est une ébriété et un oubli des réalités. Dans le tiers- ou le quart-monde, la diminution de la sensation de faim joue aussi un rôle important. Mais les effets obtenus sont vite catastrophiques : hémorragies nasales (épistaxis), plaies de la bouche et de Parrière-gorge,toux, atteintes du pou- mon et du cerveau, troubles du rythme cardiaque pouvant aller jusqu’à la mort subite. L’attitude à adopter dépend essentiellement des symptômes observés. Une ébriété modérée n’impose pas forcément un avis médical urgent. Par contre, dès que s’installe une somnolence, il faut appeler des secours médicalisés (pompiers ou SAMU) et, en attendant, allonger la personne en position latérale de sécurité et surveiller sa respiration.
Le LSD
L’acide lysergique ou LSD est une substance de synthèse, qui se présente comme une poudre, généralement incluse dans des gélules ou parfois dans des bonbons. Cette drogue est en fait peu répandue en France. Elle provoque des troubles mentaux graves, proches de la schizophrénie, et entraîne une forte dépendance psychique. Le «voyage» est un rêve éveillé de plusieurs heures, paradisiaque ou effrayant, avec des hallucinations. Le hypertension, une dilatation des pupilles, des nausées et des sensations de malaise. Le sujet intoxiqué doit être allongé, si besoin en position latérale de sécurité ; sa respiration et son pouls doivent être régulièrement surveillés jusqu’à l’arrivée des secours médicalisés.
Les amphétamines
Sur le marché illicite, les amphétamines sont souvent associée aux opiacés ou à la cocaïne, et peuvent être avalées ou injectées. En pharmacie, elles ne sont délivrées que sur ordonnance dans des indications bien précises (et d’ailleurs fort rares). L’intoxication aiguë dilate les pupilles, accélère le cœur et augmente la tension. Mais surtout, elle accélère l’activité intellectuelle et motrice, avant une phase de dépression. Cela peut suffire à déclencher un délire psychotique parfois violent, imposant une hospitalisation psychiatrique. En l’absence de délire, on peut conseiller le repos, pendant lequel le médecin consulté aura avantage à ne prescrire aucun tranquillisant à l’intoxiqué.