Qu’est-ce qu’un acouphène
Qu’est-ce qu’un acouphène, comment se produit-il ?
- L’acouphène, dénommé par les Anglo-Saxons tinnitus, consiste en un bourdonnement, tintement ou sifflement de l’oreille. Il s’agit d’un bruit uni- ou bilatéral, perçu anormalement au niveau de l’oreille et que le sujet est seul à entendre dans la très grande majorité des cas. Cette vaste définition comprend vraisemblablement des phénomènes de nature et de mécanisme différents.
On peut créer une chambre close isolée des bruits de l’extérieur en mettant un coquillage fermé ou sa main en conque sur l’oreille ; on entend alors, assimilé au bruit de la mer, le bruit de fonctionnement de l’oreille. Cela témoigne d’une « balance » entre les bruits de l’intérieur et les bruits de l’extérieur.
Il faut bien le dire, dans la majorité des cas on ne trouve pas de cause précise à l’acouphène.
On ne peut alors que soupçonner certaines orientations devant tel ou tel caractère de bruit.
- Trois grandes pistes peuvent alors être suivies :
– la piste circulatoire : l’oreille, à la suite d’une baisse de l’oxygénation, à laquelle elle est particulièrement sensible comme tout organe neurologique, témoignerait de son « asphyxie » par l’acouphène ;
– la piste nerveuse : elle assimile, au niveau de l’oreille interne, l’acouphène à une douleur. L’acouphène serait alors un faux message, analogue à celui du membre fantôme de certains amputés et les traitements iraient alors dans ce sens ;
– la piste psychosomatique : elle fait de l’acouphène le reflet d’un souvenir de l’enfance refoulé et somatisé, qui justifie alors un soutien psychologique.
Quelles sont les différentes sortes d’acouphènes ?
- Classiquement, on en distingue trois sortes :
– les acouphènes objectifs : ils représentent 5 % des cas environ. Ils peuvent être entendus directement ou indirectement par l’entourage. Par exemple : souffle d’une malformation circulatoire du cou ou spasme des muscles des osselets ;
– les acouphènes subjectifs : représentent donc 95 % des cas et ne sont entendus que par le seul sujet ;
– on pourrait y ajouter une troisième catégorie : les acouphènes justifiés ou objectivés, de cause précise et de traitement efficace, même en dehors de toute perception par l’entourage : béance de la trompe d’Eustache ou articulé dentaire anormal par exemple.
- Les sons perçus sont de nature très variable. Il peut s’agir :
– de chuintements, analogues au bruit d’un autocuiseur, de claquements, grésillements ou froissements de nature moins bien déterminée ;
– de sifflements ; leur tonalité aiguë les rattachent plutôt à une cause circulatoire de l’oreille interne ;
– de bourdonnements ; leur tonalité grave les attachent plutôt à une cause mécanique.
- L’intensité d’un acouphène est parfois très variable :
– elle peut être légère : l’acouphène gêne surtout allongé dans le silence. Sinon, peu apparent, il est bien supporté pendant la journée. Le retentissement sur la vie familiale, professionnelle et sociable est très modéré ;
– l’intensité peut être plus importante : l’acouphène gêne alors pendant la journée, interférant avec les bruits de l’extérieur, couvrant parfois les sons. La nuit, en position allongée, il devient très gênant, surtout lorsqu’il est de tonalité aiguë. Dans certains cas, il est tellement mal supporté qu’il peut déclencher des états dépressifs, voire des pensées suicidaires aboutissant parfois à leur terme.
- Il y a des acouphènes de cause mécanique :
– trompe d’Eustache bouchée avec claquement d’oreille à la déglutition ou au bâillement ;
– trompe d’Eustache béante : l’air inspiré vient taper contre le tympan et l’acouphène est rythmé par la respiration ;
– clic du voile : bruits entendus lors de la déglutition ;
– contracture des muscles des osselets donnant un bourdonnement grave.
- Il y a des acouphènes circulatoires, consécutifs à des anomalies ou malformations circulatoires situées dans l’oreille interne ou au voisinage, dans la partie haute du cou. C’est le bruit du sang passant par cette malformation qui est entendu par l’oreille.
Comment soigner les acouphènes ?
Le traitement d’un acouphène objectif ou justifié consiste en la pose d’un aérateur transtympanique en cas de béance tubaire, un traitement d’une malformation
vasculaire cervicale ou au niveau de l’oreille, un traitement d’une cause mandibulaire ou dentaire, une prise de magnésium en cas de spasmes des muscles des osselets.
On traitera ensuite une des trois orientations fondamentales des acouphènes :
– traitement circulatoire (vasodilatateur, oxygénateur sanguin, fluidifiant) ;
– en cas d’acouphène-douleur ou faux message neurologique : antiépileptiques à petites doses répétées dans la journée car ils ont tendance à faire dormir ;
– en cas d’acouphène psychogénique : entretien psychothérapique, voire analyse.
La prise en charge des conséquences de certains acouphènes graves, en particulier lors d’un état dépressif, consistera en une prise en charge psychologique et en un traitement médicamenteux.
Enfin, on a proposé localement l’acupuncture, la mésothérapie, plus récemment une rééducation par un marqueur d’acouphènes « soft » qui réoriente l’oreille vers l’écoute extérieure.
Peut-on prévenir les acouphènes ?
Les acouphènes peuvent être prévenus par une bonne hygiène de vie. La diététique au tout premier chef, mais aussi une activité physique, la suppression du tabac et de l’alcool, le repos régulier, etc.
Certaines complémentations peuvent être utiles en magnésium, calcium, vitamine D. Il convient aussi de détecter et de prendre en charge les maladies métaboliques dites de pléthore : diabète, cholestérol, hyperlipidémie, urée, goutte, hypertension artérielle, etc. Enfin, la protection contre les bruits d’origine professionnelle et l’abandon des loisirs bruyants sont indispensables.
Il faut tout faire pour préserver l’audition si elle est normale et la corriger volontiers par un appareillage si elle est abaissée.