Protection de la santé au travail
La prévention est prioritaire
Le nombre des maladies professionnelles devient tellement préoccupant que les gouvernements européens s’inquiètent. Au coût des maladies professionnelles en grande partie supporté par les États, il faut ajouter la bombe à retardement du financement des retraites : pour espérer tendre vers un équilibre, il est essentiel que les plus de 55 ans soient en forme et puissent encore travailler une dizaine d’années. Il faut donc que les entreprises veillent à la santé de leurs salariés de manière à ce qu’ils restent productifs longtemps. Ceci est d’autant plus important qu’une étude américaine vient de montrer que ceux qui travaillaient jusqu’à 65 ans avaient une espérance de vie bien plus élevée que ceux qui s’arrêtaient à 55 ans. 3 700 employés de la compagnie pétrolière Shell ont ainsi été suivis pendant 30 ans par les services de santé de Houston (Texas). On a ainsi pu comparer le taux de mortalité de deux groupes : ceux qui prenaient leur retraite à 65 ans et ceux qui avaient également 65 ans mais avaient pris leur retraite à 55 ans. Contre toute attente, ceux qui s’étaient retirés à 55 ans vivaient moins longtemps et leur taux de mortalité était augmenté de 37 % !
En France, l’augmentation des maladies professionnelles et des arrêts du travail a entraîné une série de lois et de plans dont le dernier est le Plan santé au travail (17 février 2005). Le titre de ce plan, « La santé au travail », montre qu’un tournant important est pris : l’hygiène et la sécurité, les mots de la loi de 1946 qui a mis en place la médecine du travail, sont remplacés par la santé, mot beaucoup plus large avec ses deux composantes, mentale et physique.
Les patrons, nouveaux responsables de la santé de leurs salariés
C’est l’Europe avec sa directive de 1989 qui a introduit cette notion de santé mentale et physique, notion reprise dans la loi de modernisation sociale de janvier 2002, avec une nouvelle obligation pour l’employeur qui « doit prendre toutes les mesures nécessaires (action de prévention, de formation, d’information…) pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés, ces mesures devant être adaptées à l’évolution des techniques » (article L. 230-2, remanié loi janvier 2002).
Autrement dit, les employeurs sont maintenant directement tenus pour responsables de la santé de leurs salariés et ils doivent prendre des mesures d’information et de prévention concrètes. Ce changement récent est encore peu connu.
En pratique, il faut considérer l’entreprise comme une commune dont le maire est le patron. Il est responsable de tout ce qui s’y passe y compris de la santé de ses salariés. Il doit par exemple pourvoir à ce que tous puissent disposer d’une eau potable. Il doit assurer l’ordre public et éviter les accidents liés à l’alcool. Il doit faire appliquer la loi Evin et protéger son personnel du tabagisme passif, etc.
Avec cette nouvelle loi de janvier 2002, l’employeur peut être tenu pour responsable de toute cause ayant des conséquences sur la santé de ses salariés, et qui lui auraient été signalées dans son entreprise. Il peut en être ainsi des menus de la cantine, des distributeurs de sucreries, des contextes inutilement stressants, etc.
Quelles actions mener?
Plusieurs types d’actions peuvent améliorer la santé des salariés, leur performance et leur bien-être dans l’entreprise :
— évaluer la santé des salariés pour adapter la prévention ;
—-organiser des séminaires sur la santé (sommeil, activité physique, nutrition, stress, etc.);
—mener des actions centrées sur un sujet précis comme le tabagisme ou l’alcoolisme;
—mettre en place un programme d’information et de prévention;
—prévoir des programmes de prise en charge de certaines maladies et d’accompagnement des arrêts du travail.
Vidéo: Protection de la santé au travail
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