Pathologie digéstive
Cette partie comporte la diétothérapie des états pathologiques du tube digestif, à partir de l’œsophage jusqu’au côlon ; puis sont traités les glandes annexes et les cancers inopérables.
• Intervention sur patient digestif compliqué. — Le schéma donné page 208, avec l’ajout de préparations enrichies en protéines (voir produits diététiques). Si la voie orale est difficile, il ne faut pas hésiter à utiliser l’alimentation entérale continue.
• Précautions
a) La survenue d’une diarrhée nécessite un régime sans résidu (voir principaux types de régimes) ni lait. Cette diarrhée est souvent la conséquence d’une réalimentation trop rapide. Si la diarrhée est importante ou résistante, il faut utiliser l’alimentation parentérale.
b) Retard de cicatrisation.
Dans ce cas, une supplémentation protéique par préparations hyperprotéi- ques est nécessaire : il faut apporter 2 500 à 3 000 calories et 125 à 150 g de protéines par jour.
Pathologie de l’œsophage
Parmi les affections de l’œsophage, certaines peuvent bénéficier d’un traitement diététique ; ce sont :
— la hernie hiatale ;
— le cancer de l’œsophage ;
— l’œsophagite.
Le traitement de la hernie hiatale bénéficiera de mesures hygiéno- diététiques particulières qui permettront d’augmenter le confort en limitant le reflux.
Le cancer de l’œsophage et l’œsophagite aiguë ont en commun une dysphagie : leurs traitements diétothérapiques reposeront sur les mêmes principes.
Diétothérapie des hernies hiatales
La diétothérapie des hernies hiatales comporte une série de mesures qui ont pour but :
— de lutter contre le reflux gastro-œsophagien ;
— et d’éviter l’irritation mécanique et chronique de la muqueuse.
La diétothérapie ne doit être instituée que lorsque le malade souffre.
•Realisation pratique :
* Les prescriptions diététiques seront les suivantes :
— faire des repas peu abondants et fractionnés : 3 à 5 repas par jour ;
— boire peu pendant les repas et mastiquer longuement ;
— prendre le repas du soir au moins 3 heures avant de se coucher ;
— éviter de consommer les aliments suivants :
— les crudités, les croûtes de pains, et tous ceux qui par leur consistance dure ou fibreuse peuvent irriter mécaniquement la muqueuse ;
— les aliments qui fermentent : chou et dérivés, légumes secs, légumes à goût fort, pain frais, boisson gazeuse ;
– les aliments irritants : fritures, épices, sauces, boissons alcoolisées ;
– les aliments «concentrés», salés ou sucrés.
* A ces mesures diététiques, on associera :
– des mesures posturales :
– éviter de se pencher en avant pendant le repas ;
– rester en position assise après le repas, ou mieux, faire une promenade digestive ;
– dormir la tête surélevée.
– l’éviction des causes d’hyperpression abdominale afin d’empêcher l’expulsion rétrograde du contenu de l’estomac :
– en supprimant les ceintures, gaines, corsets ;
– en traitant la constipation et la toux.
– le tabac, surtout à jeun, sera déconseillé.
* Si malgré ces mesures, le reflux persiste, il faut penser à la possibilité d’un reflux alcalin : ce qu’il faut vérifier à l’aide d’une bandelette à pH. Dans ce cas, on le neutralisera en conseillant la consommation d’agrumes au début du repas et de yaourts ou de kefir à la fin des repas.
Les hernies hiatales peuvent se compliquer d’œsophagites aiguës qui bénéficieront des mêmes mesures hygiéno-diététiques que les œsophagites d’une autre origine.
Diétothérapie des affections de l’œsophage
Cancer de l’œsophage et œsophagite aiguë.
Le principe de cette diétothérapie est d’assurer au patient, souvent dénutri, un apport calorico-azoté suffisant pour restaurer son état nutritionnel et pour améliorer son confort.
Cette alimentation devra être :
– liquide ou pâteuse, au moins au début ;
– fractionnée en 3 à 5 prises de petits volumes ;
– hypercalorique et hyperprotéique au bout de 2 à 3 semaines.
Realisation pratique
Qu’il s’agisse d’un cancer de l’œsophage venant d’être opéré, ou d’une œsophagite aiguë, on se trouve en face d’un sujet dénutri qu’il faut réalimenter progressivement.
On procédera par paliers de 150 calories à 200 calories par jour et de 10 à 20 g de protéines par jour suivant la tolérance, pour arriver à un taux supérieur à 2 500 calories par jour et supérieur à 100 g de protéines par jour ; cette alimentation doit être suffisamment progressive pour ne pas entraîner une diahrrée, surtout après les interventions de cancer de l’œsophage.
* Après plus d’un mois, l’alimentation doit tendre à une alimentation de
type normal, en restant cependant hypercalorique et hyperprotéique (5= 2 500 calories et 3= 100 g de protéines par jour).
Par prudence, on conseillera au patient d’éviter certains aliments durs, tels que croûte de pain, grosses bouchées de viande, aliments à fibres longues et dures (viande de pot-au-feu), poireau, crudités, aliments grumeleux (telle la semoule).
A ces précautions, on associera les mêmes règles hygiéno-diététiques que dans la hernie hiatale afin d’éviter le reflux gastro-œsophagien.
Surveillance
— On devra suivre régulièrement l’évolution du poids et de l’état général du patient. L’interrogatoire alimentaire permettra de vérifier si le régime hypercalorique, hyperprotéique est bien suivi.
— Certains sujets opérés d’un cancer de l’œsophage restent anorexiques, leur poids stagne ; il faut alors user de préparations culinaires variées et appétissantes, prescrire des boissons nutritives à base de lait à donner entre les repas.
Cas particuliers
Sont souvent de grands dénutris, et avant l’intervention, il faudra procéder à une réalimentation de même type que celle employée dans les dénutritions protéiques. Cette alimentation sera donnée suivant les cas soit per os, soit par voie entérale continue par sonde naso-gastrique ou de gastrostomie .
On ne peut rétablir la continuité ; ils devront alors être nourris par sonde de gastrostomie :
— par nutripompe à faible débit continu est nécessaire ;
— la seringue ne doit pas être utilisée,.car génératrice de complications.
Que ce traitement soit seul ou associé, il faudra souvent modifier l’alimentation. En effet, la cobalto- thérapie entraîne des brûlures œsophagiennes, des pertes de goût ou des dégoûts, et elle augmente l’anorexie.
Vidéo : Pathologie digéstive
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