On connaît pas la composition de la drogue que l'on consomme
Le marché clandestin des drogues s’accorde mal avec un contrôle qualité ! Il est vrai que ce que les utilisateurs absorbent est parfois très éloigné de ce qu’ils croient consommer vraiment. Il y a quelques années, des journalistes ont acheté de la cocaïne à plusieurs dealers différents et fait analyser les produits : certains ne contenaient pratiquement pas de cocaïne, d’autres en étaient même complètement dépourvus. En revanche, ils comportaient d’autres principes actifs : caféine, amphétamines et divers médicaments pilés et transformés en poudre. De nos jours, il en est de même : les comprimés d’ecstasy vendus sur les lieux festifs contiennent de 2 à 95 % de MDMA (méthylène-dioxy-métamphétamine), la caféine et l’amphétamine étant là encore les principaux ersatz rencontrés. La quantité de principe actif présent dans les comprimés va quant à elle de quelques milligrammes à plus de 100 milligrammes. C’est comme si on buvait un verre de 25 centilitres sans savoir s’il contient de la limonade, de la bière ou de l’eau de vie !
La composition de l’héroïne vendue au marché noir varie également. Après l’héroïne très pure de l’ancienne « french connexion » popularisée par le cinéma, est venu le temps d’une héroïne frelatée, coupée de talc, d’amidon ou de toute autre poudre blanche. Ces dernières années, le développement des traitements de substitution a conduit les marchés clandestins à rehausser la « qualité » des produits vendus, suivant en cela le principe commercial de concurrence.
Ces variations de qualité sont dangereuses et responsables d’accidents, voire de décès : certains usagers qui avaient l’habitude de s’injecter une certaine dose d’héroïne sont parfois décédés d’overdose en prenant la même dose, celle-ci contenant à leur insu une teneur en principe actif beaucoup plus importante.
Le cannabis peut aussi être mélangé à des produits peu propices au maintien d’une bonne santé, voire dangereux : selon les services de police, il est parfois coupé au henné, à la terre, au caoutchouc, etc.
Ce problème de la méconnaissance des usagers vis-à-vis de ce qu’ils consomment est un argument souvent repris par les partisans d’une légalisation contrôlée des drogues, considérant que cela réduirait les risques d’accidents. C’est aussi ce qui justifie les pratiques de testing, qui permettent, sur les lieux de consommation, de savoir si un comprimé vendu pour de l’ecstasy contient bien du MDMA (mais le test ne dit que cela, il ne dit pas les autres éventuels produits présents dans le comprimé). C’est aussi cela qui oriente de plus en plus de consommateurs de cannabis ou de champignons hallucinogènes vers des pratiques (illégales) d’autoproduction, afin de ne plus dépendre d’un marché aléatoire.