L'homotoxicologie
L’homotoxicologie est née en 1936 en Allemagne, sur l’initiative du médecin Reckeweg (1905-1985), grâce à la recherche et à la production pharmacologique de la société Heel. Elle a été définie dans ses principes théoriques dans les années cinquante.
Elle se présente comme un « pont » jeté entre la médecine allopathique et 1 homéopathie, afin de permettre aux médecins traditionnels, qui ne connaissent pas l’homéopathie, de faire de la médecine biologique en utilisant les protocoles diagnostiques universitaires et en prescrivant des remèdes complexes à basse dilution destinés à soigner la maladie (thérapie or- ganiciste) plutôt que la globalité énergétique du malade (thérapie holistique).
La maladie a été définie comme homotoxi- cose ou état d’intoxication, causé par des substances nocives pour l’homme (homo- toxines) : des rejets du métabolisme – qui n’ont pas été éliminés par les émonctoires physiologiques -, des bactéries, des virus, des toxines, des carcinotoxines, des médicaments iatrogènes, des additifs dans les aliments, des conservateurs, des colorants, des pesticides et autres substances nuisibles incompatibles avec la santé.
La maladie est une réponse défensive de l’organisme contre les homotoxines, qui sont brûlées par l’inflammation (maladies du terrain) ; c’est aussi une tentative pour compenser les dommages causés par les homotoxines sur les organes et les tissus (maladies cellulaires).
L’homotoxicologie allemande en décimales
« L’école allemande » émet des diagnostics de maladies à partir de rapports ana- tomo-cliniques (comme en allopathie) et non sur des symptômes mentaux et constitutionnels (comme en homéopathie). Les soins visent à éliminer les symptômes locaux (comme en allopathie) et à faire retrouver au patient son équilibre naturel (comme en homéopathie).
La dilution décimale, vantée par C. Hering, est privilégiée par l’homéopathie allemande en raison de son application clinique aisée. Cela a permis à l’homéopathie de se diffuser dans des milieux ouverts à la thérapie biologique mais sans liens avec l’orthodoxie hahnemannienne. Les dilutions décimales ont un effet rapide sur les symptômes somatiques : leur emploi est donc souhaitable dans les cas où l’exigence thérapeutique primaire est organiciste et où l’action pharmaco-dynamique demandée se situe au niveau moléculaire, comme en allopathie.
La stratégie thérapeutique a été définie par Reckeweg de cette façon : « L’intervention peut être ainsi décrite : les homotoxines sont d’abord encerclées par un gros régiment (un ou plusieurs composés) ; des troupes sélectionnées (complexes) sont ensuite jetées dans la bataille pour des actions d’assaut spécifiques. L’homotoxine restante, cause première de la maladie, le « commandant des troupes ennemies », est éliminée par un coup de pistolet (le similli- mum). »
L’homotoxicologie allemande utilise les complexes simples, constitués de plusieurs remèdes homéopathiques à basse et moyenne dilutions ; les catégories biothérapiques (organothérapiques, no- sodes, catalyseurs, allopathiques traités homéopathiquement), qui agissent au niveau moléculaire et organico-tissulaire ; les complexes homotoxicologiques beaucoup plus élaborés, qui associent en synergie les remèdes homéopathiques et biothérapiques.
Les remèdes homotoxicologiques agissent sur la maladie en cours et également sur le terrain biologique pathologique, c’est-à-dire sur la prédisposition à la maladie.
Nous savons que les maladies les plus diverses sont reliées entre elles par un phénomène de vicariance, qui consiste en une migration d’homotoxines d’un tissu à l’autre, et qui se traduit soit par une dégradation (vicariance progressive) soit par une amélioration (vicariance régressive). Le visage de la maladie change mais il s’agit toujours d’une perturbation globale du système d’écoulement des réactions chimiques moléculaires sur lesquelles reposent la santé et la survie.
Les remèdes homotoxicologiques offrent un mécanisme de défense supplémentaire au système immunologique organique.
La prescription des remèdes repose sur la similitude physiopathologique qui existe entre les symptômes de la maladie et ceux qui peuvent être soignés par les antihomo- toxiques expérimentés sur le malade (Reckeweg) et non sur la personne en bonne santé (Hahnemann).
Il n’est pas question, et ce serait d’ailleurs impossible, de personnaliser la thérapie (il manque le support des symptômes psychiques du malade), mais de guérir la maladie physique centrée sur des troubles moléculaires, tissulaires et organiques.
L’homotoxicologie italienne en centésimales
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L’orientation de « l’école italienne » est différente. Elle est née de ma rencontre avec un pharmacien, L. De Santis, fondateur de la société Oti-Homotoxicologie Italie.
Ce pharmacien entrepreneur, partisan de l’homéopathie en doses centésimales, qui sont classiques dans le monde anglo-saxon et latin, a traduit en formules centésimales les complexes homotoxicologiques exprimés en décimales que Reckeweg avait créés en Allemagne. Ces derniers avaient été accueillis avec intérêt dans les années quatre-vingt, tout comme au début du xixe siècle les remèdes de Hahnemann. L’initiative du docteur De Santis, qui s’est aussitôt matérialisée sur le marché, a permis de combler une lacune de l’industrie homéopathique.
Quant à moi, en qualité de spécialiste en médecine légale et d’expert en homéopathie et en homotoxicologie, j’avais tiré profit de la somme de mes recherches et de mes expériences d’enseignant, notamment en Espagne, dans les domaines de l’homéopathie, l’homéosiniatrie, la biomésothérapie et l’homotoxicologie allemande, pour élaborer une stratégie et une tactique thérapeutique originales. Celles-ci avaient pour but de conduire réellement le médecin traditionnel de la sphère de la médecine allopathique à la thérapie homéopathique par le biais de l’homotoxicologie, selon les conceptions clairvoyantes de Reckeweg. D’après de nombreux spécialistes, cette passerelle n’existait pas encore en raison de l’absence d’un plan articulé des fondements de l’homéopathie.
J’avais été sensibilisé par les critiques soulevées par les défenseurs de l’homéopathie contre l’homotoxicologie, à laquelle ils reprochaient « d’avoir presque entièrement négligé les principes fondamentaux de Hahnemann (similitude et microdoses puissantes) ». En rédigeant un Guide pratique pour le diagnostic et la prescription homotoxicologique en dilutions centésimales et plusieurs volumes de médecine clinique spécialisée, je me suis proposé de transfuser du sang hahnemannien neuf dans les structures organicistes rigides du patrimoine homotoxicologique allemand, afin de fournir une réponse homéopathique concrète aux ébauches de Reckeweg. Le médecin traditionnel peut donc faire de la médecine naturelle sur des bases scientifiques tout en intégrant ces thérapies. Dans le même temps, les structures holistiques de l’homéopathie classique sont renforcées par le support de la médecine traditionnelle, au plus grand bénéfice du malade, dont la santé est l’objectif premier du médecin (Salus aegroti, suprema lex).
Pour conclure
L’orientation homotoxicologique allemande, liée aux décimales de Hering, ainsi que celle de l’homotoxicologie italienne, qui privilégie les puissances centésimales de Hahnemann, constituent un axe thérapeutique solide dont les deux composantes sont aussi nécessaires l’une que l’autre au malade.
Les décimales ont un peu le rôle des troupes d’assaut rapides dans la lutte antiho- motoxique, avec l’objectif d’obtenir une victoire immédiate ; il en va parfois autrement si l’on veut gagner la guerre car il faut des défenses plus articulées pour rééquilibrer et soigner le patient.
Les centésimales jouent le rôle de l’infanterie cuirassée qui renforce les positions déjà acquises, qui consolide les succès premiers, qui bloque toute vicariance progressive possible.
Ces deux dynamisations permettent de définir les remèdes de l’arsenal antihomo- toxique, qui sont capables de se substituer d’une façon biologiquement correcte aux médicaments allopathiques conventionnels. Ces derniers comportent des effets ia- trogènes et il est indispensable de les éliminer de la thérapie courante, pour le plus grand bien de la santé des patients.