Les vaisseaux et la circulation sanguine
La fonction des valvules veineuses:
En 1579, un peu moins de dix ans avant que l’expression «circulation sanguine» n’entrât en scène, un professeur d’anatomie et de chirurgie de l’université de Padoue, Fabrice d’Acquapendente (1537-1619), mit en évidence la présence de valvules dans les veines des membres (figure 14). Il n’identifia toutefois pas leur fonction physio-logique, puisqu’il supposa que ces structures ralentissaient le flux sanguin de manière à laisser le temps aux tissus d’absorber les nutriments. Au début du XVIIe siècle, c’est un de ses élèves, William Harvey (1578-1657), professeur d’anatomie et de chirurgie au Collège royal des médecins de Londres, qui réalisa une série d’expériences permettant de comprendre la fonction des valvules veineuses.
L’expérience de Harvey (1628):
Grâce à une ligature placée sur le bras d’un volontaire, Harvey étudie les valvules du réseau veineux de l’avant-bras :
« On place un lien au-dessus du coude comme pour une phlébotomie. A intervalles réguliers sur le trajet des veines, spécialement chez les travailleurs et ceux dont les veines sont grosses, des nœuds ou des renfle¬ments (B, C, D, E, F) sont mis en évidence, et ceci non seulement au niveau de ramifications de veines (E, F), mais aussi lorsqu’aucune ramification n’existe (C, D) : ces nœuds ou renflements sont formés par les valvules, qui se révèlent ainsi à un examen externe. Maintenant, si au-dessus d’une de ces valvules, vous pressez la veine de manière à chasser le sang comme de H à O, et maintenez le bout du doigt sur la veine en position inférieure, vous ne verrez pas de sang refluer du dessus; la portion de la veine entre la compression exercée par le doigt et la valvule O sera oblitérée ; au contraire, le vaisseau sera très distendu au-dessus de la valvule (O, G).
Le sang ainsi chassé et la veine vidée, si maintenant vous appliquez un doigt de l’autre main sur la partie distendue de la veine au-dessus de la valvule O, et si vous pressez en direction du bas, vous constaterez que vous ne pouvez pas pousser le sang à travers et de l’autre côté de la valvule ; si vous pressez plus fortement, vous verrez la portion de veine entre le doigt et la valvule se distendre encore davantage, alors que la portion de veine située en dessous de la valvule restera vide. Il apparaît ainsi que la fonction des valvules veineuses est la même que celle des valvules sigmoïdes, c’est-à-dire d’empêcher tout reflux sanguin. »
Harvey démontre par ces expériences que les valvules veineuses s’opposent au reflux sanguin. Dans le même ouvrage Exercitatio de motu cordis et sanguinis in animalibus, il conclut sur le trajet du sang dans les vaisseaux et sur le rôle du cœur. Il a, bien qu’il ne puisse pas les observer, l’intuition de l’existence des capillaires :
«Je commençai à soupçonner qu’il existait une sorte de mouvement, comme dans un cercle. Ceci m’apparut plus tard véridique, le sang était propulsé par le battement du ventricule gauche et était distribué à travers les artères de l’ensemble du corps […].
Le passage du sang dans les artères, immédiatement consécutif à la transfor¬mation d’une compression serrée en une compression lâche, le gonflement constant des veines au-dessus de la ligature, alors que les artères sont indemnes [elles ne sont pas comprimées par le garrot en raison de leur localisation plus profonde], constituent la marque que le sang va des artères aux veines et non en sens inverse, et qu’entre ces deux vaisseaux, il y a soit des anastomoses, soit des porosités intratissulaires qui permettent le passage du sang.
La fonction des valvules veineuses est identique à celle des 3 valvules sigmoïdes placées à l’orifice de l’aorte et de la veine artérieuse : elles oblitèrent hermétique-ment l’orifice pour s’opposer au reflux du sang dont elles ont permis le passage. »
Vidéo : Les vaisseaux et la circulation sanguine
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