Les maladies de l'oreille : la chirurgie: oreille qui coule après pose de diabolos
Quelle est la place de la chirurgie ?
Cette place est extrêmement variable en fonction des cas et des circonstances :
– parfois, seul traitement logique ou obligatoire en cas de perforation du tympan, otospongiose, neurinome de l’acoustique, etc. ;
-parfois inutile, dans la très grande majorité des maladies neurocirculatoires de l’oreille interne : vertiges, acouphènes, surdité de perception (mis à part les implants cochléaires, le traitement de certains vertiges invalidants et l’ablation d’un neurinome) ;
-se partageant parfois avec le traitement médical et vivant plutôt de ses échecs, dans certains cas d’otites microbiennes répétitives ou d’otites séreuses ; dans ces cas, en effet, on est souvent en droit de préconiser un traitement médical de fond, avant de décider de l’acte chirurgical.
Quand met-on un yoyo au niveau du tympan ?
Yoyo ou diabolo ou drain transtympanique ou aérateur transtympanique : tout cela est synonyme et désigne un petit tube en matière plastique, plus ou moins aplati, qui permet de prolonger une ouverture tympanique et donc une communication entre l’oreille et l’extérieur, pendant quelques mois. Ensuite, le tube tombe tout seul dans le conduit.
Peut-on mettre plusieurs fois des drains ?
Nous avons vu la grande utilité des drains et l’avantage qu’il y avait à les mettre lorsque le besoin s’en faisait sentir. Pour otite répétée ou otite séreuse, on met des yoyos qui tombent tout seuls au bout de trois à cinq mois. Dans huit cas sur dix, le tympan se referme en dix, quinze jours et l’on n’entend plus parler de rien. Dans deux cas sur dix, les otites réapparaissent.
Faut-il mettre des yoyos tous les six mois (avec anesthésie) ?
La solution la plus simple, en cas de récidive, est de mettre en place un drain permanent ou drain en T.
Avantage : il reste en place ; inconvénient : on est obligé d’aller le retirer. On le laisse en place pendant trois années qui permettent aux oreilles de s’aérer et de se drainer, mais surtout laissent le temps à la croissance immunitaire de l’enfant de se faire, et on les enlève à une période où, en principe, les ennuis ORL sont terminés. Pendant ce temps, on peut pratiquer traitements préventifs et/ou cures thermales. Après ablation du drain en T, le tympan met plus longtemps à se refermer, un à deux mois environ.
Le fait de mettre plusieurs fois des yoyos ou un drain en T entraîne une cicatrice locale du tympan mais aucune conséquence sur l’audition.
Que faire si le drain coule ?
Une oreille peut continuer à couler un peu sale dans les deux ou trois jours qui suivent la pose du drain : c’est une sorte de vidange. Passé ce délai, trois cas peuvent se produire :
– l’oreille peut recouler à la suite d’un épisode de rhino-pharyngite qui a ensemencé l’oreille. Il s’agit en fait d’une otite, et l’on peut dire que la présence du drain a évité la période douloureuse. Le traitement est celui de la rhino-pharyngite causale et justifie souvent la nécessité d’enlever les végétations en même temps que l’on met les drains ;
– une oreille peut recommencer à couler au bout d’un certain temps quand il y a un drain en T ; la plupart du temps, ce sera toujours du même côté. Cela signe une intolérance de l’oreille au drain qui se traduit par un petit granulome charnu qui s’infecte facilement.
Si les traitements médicaux ne suffisent pas, il faut alors enlever le drain et tout revient en ordre ;
– enfin, la persistance d’un écoulement purulent plusieurs semaines malgré la pose du drain correspond à l’existence d’une lésion infectieuse plus profonde au niveau de l’os de l’oreille et parfois de la mastoïde. L’action du drain est donc insuffisante et cet état nécessite la reprise d’une intervention chirurgicale à ce niveau.
Quel geste chirurgical d’accompagnement ?
Le yoyo court-circuite la trompe d’Eustache, permet l’évacuation et l’aération de l’oreille, mais ne traite pas la cause. Le geste chirurgical d’accompagnement, le plus souvent pratiqué chez l’enfant, sera celui qui traitera toute cause d’infection ou d’engorgement des voies aériennes supérieures : ablation des végétations, drainage de sinus, plus rarement ablation concomitante de volumineuses amygdales infectées.
Ainsi, lorsque le drain tombera, la trompe d’Eustache aura retrouvé sa perméabilité et tout rentrera dans l’ordre dans la majorité des cas. La pose d’aérateur transtympanique et la chirurgie d’accompagnement constituent la première étape du traitement chirurgical des infections de l’oreille.
Si l’infection persiste malgré ces traitements et/ou un traitement médical, c’est qu’il existe au niveau de l’oreille moyenne ou de ses dépendances des lésions infectieuses irréversibles : infection sévère des muqueuses de l’oreille et surtout infection osseuse au niveau des parois de la caisse du tympan, des osselets ou des cellules mastoïdiennes. Tout cela étant facteur de complications. Il faut alors cureter toutes ces lésions afin de rendre l’oreille sèche et non dangereuse. De plus, il faut assurer un sauvetage de l’audition si la chaîne des osselets et le tympan sont encore intacts ou faiblement touchés. Ce traitement chirurgical sera complété par un traitement médical antibiotique énergique, jusqu’à cicatrisation complète.
Quelle chirurgie pour la surdité mécanique ?
On entend par là le traitement chirurgical d’une surdité transitionnelle survenant sur une oreille sèche ou asséchée médicalement ou chirurgicalement. Le cas d’une oreille sèche est celui de l’otospongiose, qui est le blocage de la platine de l’étrier sur une oreille par ailleurs saine. Il consiste en une ablation de l’étrier et de sa platine la pose d’un greffon veineux et d’un piston en Téflon clipper à l’enclume qui permet ainsi aux sons de repasser. Le cas d’une oreille asséchée est celui d’une tympanoplastie traitant les séquelles de suppuration chronique de l’oreille et comportant des manœuvres chirurgicales aussi variées que : reconstitution du volume d’une caisse du tympan, reconstitution d’une membrane tympanique par greffe d’aponévrose temporale, reconstitution d’une chaîne des osselets par piston en matière plastique ou matériau composite. Les résultats sont peut-être moins performants et moins durables que ceux de l’otospongiose.
Quand pratique-t-on la chirurgie du nerf auditif ?
Dans trois cas :
Le premier est celui d’une tumeur bénigne, ou neurinome, développée en fait au niveau de la gaine du nerf auditif. Chirurgie délicate, pratiquée au microscope, elle consiste à décoller la tumeur des nerfs auditif et facial tout particulièrement en les préservant le plus possible.
Elle sera abordée de manière variable en fonction de l’extension de la tumeur, appréciée par l’IRM, et de l’atteinte de l’audition. A travers l’oreille interne, si l’audition est perdue, en arrière ou au-dessus d’elle dans le cas contraire. C’est une chirurgie sérieuse car il y a ouverture des espaces méningés. Ses indications, étant donné la nature bénigne de la tumeur et sa lenteur d’évolution, sont à moduler en fonction des risques potentiels liés tout particulièrement à l’âge.
Le deuxième cas, qui nécessite les mêmes précautions, est celui de la section du nerf vestibulaire, dans certains vertiges tenaces et invalidants ;
Enfin, la chirurgie peut être envisagée pour pallier un conflit entre une artère cérébelleuse et un nerf auditif faisant mauvais ménage.
Vidéo : Les maladies de l’oreille : la chirurgie
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