Les dosages d'hormones
On pense quelquefois que, pour doser les hormones, il suffit de faire agir un réactif sur une certaine quantité d’urine ou de sang, comme on le fait pour doser l’albumine ou le sucre.
Le problème est beaucoup plus compliqué pour de nombreuses raisons: leur très faible quantité, leur variété de composition chimique, le fait que leur sécrétion varie au cours du nycthémère (période de vingt- quatre heures) ou de la période du mois pour certaines, leurs interactions, entre autres. Une insuffisance en estrogènes provient-elle d’un manque de sécrétion de l’ovaire, par exemple, ou de l’hypophyse, qui n’a pas stimulé l’ovaire, ou de l’hypothalamus, qui n’a pas stimulé l’hypophyse?
Le dosage dans les urines
C’est le plus habituel. Il se fait sur la totalité des urines recueillies durant vingt-quatre heures.
Il ne donne pas de résultats très précis mais il suffit le plus souvent pour conduire et bien adapter avec nuances les traitements hormonaux les plus courants.
On ne peut y analyser que les produits de dégradation de l’hormone native, les « 17 céto-stéroïdes » pour les androgènes, le « prégnandiol » pour la progestérone, par exemple, ce qui reflète bien les sécrétions, même si c’est de façon un peu infidèle.
Le dosage dans le plasma
Le dosage dans le plasma (fraction liquide du sang), plus fidèle, permet de doser directement l’hormone circulante, celle de la glande, et de façon plus précise (au millionième de mg). Il s’effectue selon des procédés techniques compliqués: on emploie parfois aussi des méthodes biologiques, par inoculation à des animaux.
Les hormones injectées à certains animaux provoquent la formation de sérums anti-hormones, spécifiques pour chaque hormone injectée.
Inconvénient des dosages sanguins: on n’a qu’un « instantané» de la sécrétion, on ne connaît pas les variations de concentration au cours du nycthémère (la cortisone, par exemple, a des pics assez sensibles), et il faut faire un minimum de trois prises de sang pour une même hormone.
Le taux d’hormones dans le sang étant très faible, les techniques doivent être extrêmement précises, et les résultats peuvent varier d’un dosage ou d’un laboratoire à l’autre.
Les méthodes radio-immunologiques ont révolutionné la technique de dosage des hormones, notamment des plus difficiles à doser, celles de nature protéique. Elles sont basées sur l’emploi d’hormones «marquées» radioactivement, et celui d’anticorps.
D’autres méthodes, très sophistiquées, permettent de localiser l’origine d’un trouble: hypothalamus, hypophyse ou glande relais, par exemple.
Si les dosages d’hormones ne sont peut-être pas indispensables dans tous les cas, ils sont toujours souhaitables. Ils ne sont pas si coûteux qu’on le croit. La Sécurité sociale les prend souvent en charge, ce qui me paraît normal.
Dans les cas où les résultats thérapeutiques piétinent, il vaut mieux, à court terme, faire plusieurs dosages pour bien adapter les traitements.