Les aliments anticancer : La graine et le terreau
Le professeur T. Colin Campbell, de l’université de Comell, auteur d’une des plus grandes études jamais réalisées sur le lien entre cancer et habitudes alimentaires, a passé son enfance dans une ferme. Peut-être son expérience de la terre l’a-t-elle servi, car il a su mieux que quiconque formuler le rapport entre le développement du cancer et l’alimentation. Il compare en effet les trois étapes de la croissance des tumeurs (initiation, promotion et progression) à celles de la pousse des mauvaises herbes. L’initiation est la phase où une graine s’est déposée dans le sol. La promotion, celle où elle devient une plante. La progression, celle où elle prolifère de façon incontrôlée, envahissant les plates-bandes de fleurs, les allées du jardin, et jusqu’au trottoir de la rue… Une plante qui ne prolifère pas n’est pas une mauvaise herbe.
L’initiation – la présence d’une graine potentiellement dangereuse – dépend largement de nos gènes ou des toxines présentes dans notre environnement (radiations, produits chimiques cancérigènes, etc.). Mais sa croissance (la promotion) dépend de l’existence de conditions indispensables à sa survie un terreau favorable, de l’eau et du soleil.
Dans le livre qu’il a consacré à ses trente-cinq ans d’expérimentations sur le rôle des facteurs nutritionnels dans le cancer, Campbell conclut : « La promotion peut être réversible, selon que la première microtumeur cancéreuse reçoit ou non les conditions nécessaires à sa croissance. C’est à ce niveau que les facteurs nutritionnels jouent un rôle aussi important.
Certains de ces facteurs (les “promoteurs”) nourrissent la croissance du cancer. D’autres (les “antipromoteurs”) la ralentissent. Le cancer prospère quand il y a plus de promoteurs que d’anti promoteurs. Il ralentit ou s’arrête quand les anti promoteurs dominent. C’est un mécanisme de balancier. On ne peut assez souligner l’importance capitale de cette réversibilité4. »
Même lorsque les conditions nutritionnelles de promotion maximale du cancer sont réunies – c’est le cas avec le régime occidental -, on estime que moins d’une cellule cancéreuse sur 10 000 réussit à devenir une tumeur capable d’envahir les tissus5. En agissant sur le terreau dans lequel se déposent ces graines de cancer, il est donc possible de réduire considérablement leur chance de se développer. C’est probablement ce qui se produit chez les Asiatiques qui ont autant de microtumeurs que les Occidentaux dans leur corps, mais chez qui celles-ci ne deviennent pas des tumeurs cancéreuses agressives. Comme dans un jardin « bio », on peut apprendre à contrôler les mauvaises herbes en contrôlant la nature du sol : proscrire ce qui les nourrit – les « promoteurs » – et au contraire fournir en abondance les nutriments qui les empêchent de grandir – les « antipromoteurs ».
C’est exactement ce qu’avait compris le grand chirurgien anglais, Stephen Paget, qui avait publié dans le Lancet en 1889 un article retentissant qui fait encore autorité cent vingt ans plus tard. Il y décrivait son hypothèse à laquelle il avait donné un nom digne d’une fable de La Fontaine : « La graine et le terreau ».
Un siècle plus tard, dans la revue anglaise Nature, les chercheurs du Cancer Research Institute de l’université de San Francisco démontraient l’actualité de cette idée y compris avec des cellules cancéreuses très agressives. Si l’environnement de la tumeur est dépourvu des facteurs inflammatoires nécessaires à sa croissance, elle ne réussit pas à se développer. Or, ces facteurs inflammatoires – ces engrais pour le cancer – sont directement tributaires de notre alimentation : sucres raffinés (|iii font monter l’insuline et l’IGF pro-inflammatoires, manque d’oméga-3 et excès d’oméga-6 qui se transforment en molécules d’inflammation, hormones de croissance présentes dans la viande ou certains produits laitiers qui stimulent aussi l’IGF. Inversement, l’alimentation fournit aussi les « antipromoteurs » : tous les composés phytochimiques de certains végétaux ou de certains fruits, qui contrebalancent directement les mécanismes inflammatoires (voir plus bas).
Quand Richard Béliveau évoque aujourd’hui le régime occidental à la lumière de ces résultats, il est consterné : « Avec tout ce que j’ai appris au cours de ces années de recherche, si on me demandait de concevoir un régime alimentaire qui favorise au maximum le développement du cancer, je ne pourrais pas faire mieux que notre régime actuel ! »
Vidéo : Les aliments anticancer : La graine et le terreau
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