Le corps anticancer : Les clés du succès
Quelques secrets très simples facilitent la transition vers ce nouveau rapport à son corps.
Commencez doucement
La principale erreur que font les débutants, lorsqu’ils reviennent, tout fiers, du magasin de sport avec leurs tennis neuves, est de vouloir courir trop vite et trop longtemps. Il n’y a pas de vitesse ni de distance « magique » valables pour tous. Comme l’a brillamment démontré Mihaly Csikszentmihalyi, le chercheur des « états de flux », ce qui permet d’entrer dans l’état mental et physique optimal de « flux », c’est le fait de persévérer dans un effort qui nous maintient à la limite de nos capacités. À la limite, pas au-delà.
Pour quelqu’un qui commence à courir, ce sera forcément une distance courte et à petites enjambées. Plus tard, il faudra courir plus vite et plus longtemps pour atteindre et maintenir le « flux », mais plus tard seulement. Pour le jogging, on recommande habituellement de ne pas dépasser le rythme où on peut encore parler (mais plus chanter). Un bon indice est de vous assurer que vous vous sentez moins fatigué après l’exercice qu’avant, et non l’inverse.
Faites-le régulièrement, faites-le partout.
Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’est pas nécessaire d’en faire beaucoup. L’important, c’est que l’exercice soit régulier. Les études sur le cancer du sein montrent que 30 minutes de marche six fois par semaine à vitesse normale ont déjà un effet puissant sur la prévention des rechutes. Il n’est pas non plus nécessaire de les faire en tenue de jogging ! Marcher dans le métro, pour aller au bureau ou faire ses courses compte aussi. Il vaut bien mieux intégrer un peu d’activité physique régulière que de s’essouffler d’emblée dans une salle de sport – et de ne plus jamais y retourner ! Certains patients que j’ai connus ont troqué leur voiture pour le vélo. C’est ce que j’ai fait moi aussi. Dans Paris, mes déplacements me prennent le même temps qu’en métro, mais je suis dehors, et je sens mon corps vivre. À la fin de la journée, au lieu d’avoir passé 50 minutes dans une rame de métro, j’ai fait 50 minutes d’activité physique. Et je me suis donné l’impression d’être en vacances !
Essayez des activités douces.
Les exercices comme le yoga ou le taï chi, qui stimulent le corps en douceur, peuvent être pratiqués par presque tous les patients souffrant d’un cancer, quel que soit leur état. Il n’existe pas d’étude indiquant qu’ils soient aussi efficaces que des activités plus vigoureuses, mais ils permettent de rester en contact avec le corps et ses énergies. Ils aident aussi formidablement à approfondir et harmoniser la respiration (et donc la cohérence cardiaque), et plusieurs études constatent qu’ils améliorent le moral.
Faites-le en groupe.
Le soutien et les encouragements des autres, ou tout simplement l’émulation au sein d’un groupe qui s’adonne à la même activité, font une grosse différence dans notre capacité à tenir un programme. Ne serait-ce que parce que nous serons plus motivés les jours où il pleut, où on est en retard, où il y a un bon film à la télé, etc. Ceux qui font de l’exercice en groupe observent mieux l’impératif de régularité si crucial pour la réussite.
Amusez-vous.
Il faut choisir une forme d’exercice qui vous amuse. Plus l’exercice est ludique, plus il est facile de s’y tenir. Aux États-Unis, par exemple, il existe dans de nombreuses entreprises des équipes informelles de basket qui se réunissent trois fois par semaine pendant une heure à la fin de la journée. Ce peut être aussi du volley-ball ou du foot, à condition que les rencontres soient régulières (et que l’on ne se retrouve pas systématiquement à faire le gardien de but). Si vous aimez la natation et détestez courir, ne vous forcez pas à faire du jogging. Vous ne vous y tiendrez pas.
Entrez dans le film.
Un conseil qui s’est avéré très utile pour plusieurs de mes patients, et dont j’ai également fait mon profit, a été de rendre ludique la pratique du vélo stationnaire ou du tapis de jogging à la maison, grâce au lecteur de DVD. Il suffit de faire l’exercice en face d’un film d’action et de ne s’autoriser à le regarder qu’aussi longtemps que l’on continue. Cette méthode a plusieurs avantages : d’abord, les films d’action – comme la musique dansante – ont tendance à nous activer physiologiquement, et nous donnent donc envie de bouger. Deuxièmement, un bon film a un effet hypnotique qui nous fait oublier le temps qui passe, et les vingt minutes réglementaires s’écoulent bien avant qu’on ait pensé à regarder sa montre. Enfin, comme il est interdit de continuer à visionner le film si on s’arrête, le suspens donne envie de recommencer le lendemain, ne serait-ce que pour connaître la suite… (Comme les machines font du bruit et que l’exercice gêne plutôt la concentration, il est préférable d’éviter les films intimistes… Par ailleurs, le rire n’étant pas compatible avec l’effort physique, il vaut mieux éviter également les comédies…)
Calculez la dose.
Les études montrent que l’activité physique aide le corps à lutter contre le cancer, mais la dose n’est pas la même pour tous les cancers étudiés. Les doses se calculent dans une unité qui s’appelle le MET. Pour le cancer du sein, il semble que l’effet soit sensible dès 3 heures de marche à un rythme normal par semaine (9 MET par semaine). Pour le cancer du côlon et du rectum, il faut le double (18 MET par semaine). C’est-à-dire soit marcher deux fois plus longtemps, soit marcher deux fois plus vite ou trouver des activités où l’on se dépense plus pour remplacer la marche (le vélo à une vitesse qui exige l’effort, par exemple, fait dépenser presque deux fois plus de MET que la marche – voir tableau). Dix-huit MET par semaine, c’est aussi la dose obtenue par les deux séances hebdomadaires de karaté pratiquées par les patients du docteur Bouillet. Enfin, pour obtenir un effet sur le cancer de la prostate, il faut passer à 30 MET par semaine, c’est-à-dire l’équivalent de 3 heures de jogging réparties sur la semaine (qui peuvent se faire en 6 fois 30 minutes).
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