Le cancer du sein, une terrible rencontre…
Rencontrer le cancer du sein dans sa vie, celle d’une parente, d’une amie, c’est être submergé(e) par un flot de questions, d’interrogations difficiles à maîtriser, à organiser : « Qu’est- ce que c’est » « Pourquoi Pourquoi moi » « Qu’est-ce qui m’arrive» « Qu’est-ce qui va m’arriver »
Toutes ces questions ne doivent pas être éludées, même et surtout si certaines réponses comportent une part d’incertitude : affronter l’annonce d’un moment si important de sa vie nécessite que des pistes de réponse soient fournies à la fois pour comprendre, mais aussi pour anticiper et se préparer à agir… au mieux.
Un cancer du sein est un « événement » fréquent dans la vie d’une femme. (Une femme sur dix a, a eu ou aura un cancer du sein.) La transformation de certaines cellules des seins – formant les canaux ou les lobules – est le résultat d’aberrations dans les très nombreuses multiplications de ces cellules qui ont lieu pendant la vie génitale féminine
Qu’est ce que le cancer du sein ?
Un cancer dans un sein n’est pas un organisme « étranger » dans son corps, mais une modification des cellules et tissus de son corps acquise avec le temps et le hasard. Lors de chaque multiplication cellulaire, les dizaines de milliers de gènes de la cellule mère se réorganisent dans les cellules filles : une aberration – « une mutation » – peut survenir dans cette réorganisation qui accompagne chaque division cellulaire. Cette aberration, véritable « accident » du parcours génétique normal, donne aux cellules filles de nouvelles propriétés caractéristiques des cellules cancéreuses. Il s’agit avant tout d’un avantage dans leur capacité à se multiplier et à survivre qui mènera à leur accumulation et donc, à terme, à l’apparition d’une
tumeur. Il s’agit aussi de l’acquisition de nouvelles propriétés comme la capacité de migrer au-delà du tissu d’origine – le sein -imposante considérer le risque d’extension régionale et générale dans le bilan, puis le traitement de chaque tumeur du sein.
Pourquoi cette transformation ?
Essentiellement du fait du hasard dans l’évolution de la vie génitale féminine : dès la puberté, les cellules du sein vont se multiplier au fil des cycles menstruels, sous l’influence essentielle des hormones sexuelles, avant tout les œstrogènes. On peut comprendre que plus l’imprégnation hormonale aura été longue plus les cellules du sein auront eu de multiplications : or, plus les multiplications des cellules sont – ou ont été – fréquentes, plus le risque d’une multiplication « anormale » va augmenter. Le cancer du sein survient d’ailleurs le plus souvent dans la période périménopausique, période pendant laquelle, « statistiquement », les seins ont été plus longtemps sous influence hormonale et donc soumis à de très nombreuses divisions cellulaires.
Le cancer du sein est-il toujours lié à un pur hasard de la multiplication cellulaire ?
Globalement oui, même si certaines femmes ont une « susceptibilité » particulière à avoir dans leur vie des multiplications cellulaires aberrantes dans leurs seins :dans environ 5 % des cancers du sein, le cancer survient sur un terrain de prédisposition génétique lié à la transmission familiale de mutations dans des gènes qui sont normalement « protecteurs » (les gènes BRCA1 et 2). Chez ces femmes ayant une « susceptibilité familiale », le cancer du sein peut survenir plus tôt et touche plus fréquemment les deux seins.
Après « comment» et « pourquoi », la question « pourquoi moi » va se poser.
« Je n’ai pourtant pas d’antécédents dans ma famille… », « J’ai pris très peu la pilule… »,« J’ai allaité mes enfants… »,« Qu’est-
ce que j’ai fait (…de mal ¿) »… Il est en effet très difficile d’admettre qu’une telle maladie soit liée à un hasard de la vie, un accident malheureux de la multiplication cellulaire. Le cancer du sein n’est pourtant pas une punition, parce que l’on aurait « mal fait » quelque chose dans sa vie ou dans la prise en charge de sa santé. De même, relier cet accident à un problème rencontré dans sa vie privée ou sentimentale est une démarche certes fréquente, mais aussi vaine. Le hasard et donc les accidents de la vie sont « injustes » – ou plutôt indépendants de la notion de justice – et surviennent aussi bien dans le bonheur que dans le malheur.
« J’ai un cancer. Et maintenant ? Que va-t-il m’arriver ? »
C’est bien sûr la très grande question à laquelle il faut – vite – répondre, même si elle n’est pas toujours immédiatement formulée : l’annonce du cancer n’est pas seulement l’annonce d’une mauvaise nouvelle ; c’est aussi l’annonce d’un projet pour corriger, pour guérir, pour revivre après le cancer. On le sait et on le verra, le parcours « pour guérir » est long et comporte plusieurs questions majeures qu’il faudra élucider en chemin entre médecin et malade, en toute franchise et compréhension mutuelle. Tout ne se résume pas en une seule annonce mais en une succession d’annonces qui vont être centrées sur les particularités individuelles du cancer delà patiente qui doit maintenant guérir grâce à un projet de traitement adapté non seulement à sa tumeur mais aussi à sa personne.
Regardons le cancer du sein en face, comme l’avait fait Sabine de La Brosse dans La Force de vaincre : l’objectif est de « vaincre ». De nombreuses femmes trouveront dans ce guide la force qui, j’en suis sûr, les aidera à mieux comprendre, pour mieux agir et mieux vivre pendant et après.