Le cancer du sein : Le bilan préthérapeutique
Lorsque vous avez reçu le résultat de la biopsie avec confirmation qu’il y a bien un cancer, quels autres examens faites-vous effectuer ?
Il faut alors réaliser un bilan « préthérapeutique ». Je prescris tout d’abord des tests sanguins avec dosage des « marqueurs tumoraux » : ACE (antigène carcino-embryonnaire) et CA15-3, substances qui augmentent généralement dans le sang quand la masse tumorale est relativement importante (mais certains cancers évolués peuvent garder des marqueurs bas). Ensuite, je fais effectuer à la patiente une radio du thorax, une écho- graphie du foie, et une scintigraphie osseuse à la recherche d’éventuelles localisations secondaires à distance.
Dans certains cas particuliers, je peux être amené à demander un scanner du corps entier, une IRM (imagerie par résonance magnétique) du cerveau, voire, exceptionnellement, un « Pet-Scan » quand il persiste un doute sur une éventuelle métastase. Ce dernier examen, dont le nom officiel est « TEP » (tomographie par émission de positons) ou encore « scinti- graphie au 18-fluoro-désoxy-glucose », réalise un balayage du corps qui permet en théorie de déceler un amas de cellules tumorales partout où il se trouve. J’en ai l’expérience depuis trois ans, puisque nous disposons à l’hôpital Tenon d’une TEP : il ne s’agit pas de la panacée universelle annoncée par certains médias, mais d’un examen utile dans certains cas précis. Par ailleurs, même si le plan Cancer du gouvernement actuel prévoit un équipement prochain de la France à raison d’une TEP par million d’habitants, il n’y a actuellement que neuf appareils sur le territoire national et les délais d’attente sont très longs.
Enfin, on peut être amené à compléter le bilan local quand on soupçonne que la tumeur n’est pas unique, mais s’accompagne d’une ou plusieurs autres tumeurs dans le même
sein ou l’autre sein : outre la mammographie et l’échographie mammaire, une IRM (imagerie par résonance magnétique) du sein est alors indispensable.
Quel est l’intérêt d’un bilan si complet ?
Il est triple.
- 1°- On aura la confirmation dans la grande majorité des cas qu’il n’existe pas de métastase visible, ce qui va être un soulagement pour tout le monde.
- 2°-On obtiendra l’état des lieux de l’organisme de la patiente : il n’est pas rare qu’on découvre, durant ces investigations, une autre maladie sous-jacente dont il faudra tenir compte pour la conduite du traitement. Si une chimiothérapie comportant un risque potentiellement toxique pour le cœur est envisagée, il est important de connaître l’état du cœur au départ et de faire pratiquer pour cela une échographie cardiaque et même une scintigraphie cardiaque pour mesurer la force de contraction du cœur.
- 3°- Enfin, ce bilan servira de dossier de référence pour les futurs examens qui seront effectués lors de la surveillance.