Le Cancer du sein : après la reconstruction
Quels résultats obtient-on avec chacune de ces techniques chirurgicales ?
- 1°- Après une reconstruction par implantation d’une prothèse (qui demande cinq à huit jours d’hospitalisation), le nouveau sein aura un aspect un peu plus figé qu’un sein naturel, d’autant plus qu’il y aura eu radiothérapie. Et, avec le temps, il n’évoluera pas de la même façon : il ne se « ptôsera » pas progressivement et son volume restera fixe. Il faudra donc, pour conserver un buste harmonieux, recourir souvent à une opération corrective après quelques années, afin de réadapter le sein naturel (et parfois aussi pour changer la prothèse).
Les suites de la reconstruction
- 2°- Après une reconstruction avec un lambeau au niveau du dos, il faut savoir qu’il n’y a aucune séquelle fonctionnelle liée au prélèvement du muscle. Une fois la période de convalescence (environ deux mois) terminée, la patiente retrouve toute son amplitude d’épaule. Après six mois à un an, la cicatrice devient moins visible mais elle demeure : c’est là le seul inconvénient. Il faut aussi reconnaître que, dans quelques cas rares, la couleur de la peau du dos peut présenter une très légère différence avec celle du buste. Cette technique chirurgicale nécessite huit à dix jours d’hospitalisation et quatre semaines d’arrêt de travail.
3°- Après une reconstruction réalisée avec un lambeau abdominal, la patiente ne ressent aucune gêne à l’endroit du sein reconstruit, mais une sensation de tension au niveau du ventre, laquelle durera de deux à six mois, selon les cas. Il s’agit certes de la technique la plus difficile à réaliser mais qui donne le sein le plus naturel avec moins de gestes à faire sur le sein opposé pour qu’ils soient symétriques.
Avec le temps, comment évoluent ces différentes techniques de reconstruction mammaire ?
A long terme, les reconstructions qui« vieillissent le mieux » sont celles réalisées avec un lambeau abdominal. Le nouveau sein se ptôse peu à peu ou grossit de la même façon que le sein naturel. Le buste reste donc harmonieux.
Les reconstructions mammaires réalisées avec un prélèvement du grand dorsal évoluent dans le temps de façon plus naturelle (en cas de radiothérapie) que celles ayant nécessité la mise en place d’une prothèse seule. Pourquoi Parce que les tissus irradiés ont été remplacés au maximum par d’autres, sains et souples, ce qui diminue le risque de rétraction autour de la prothèse.
Une prothèse ne risque-t-elle pas de gêner la lecture d’une mammographie ?
Non. Car les prothèses en sérum physiologique sont transparentes à la radio, et celles en gel de silicone, opaques aux clichés radiologiques standards, peuvent être parfaitement examinées en mammographie numérisée, réalisée par des mains exercées, bien sûr.
Peut-on effectuer une intervention de chirurgie esthétique sur un sein ayant été irradié ?
Techniquement, lorsque le sein est resté souple, c’est possible. Mais on utilise avec prudence alors des procédés qui évitent au maximum un décollement entre la peau et la glande, car la cicatrisation de la peau et de la glande est plus fragile. Et il faut bien sûr l’autorisation du cancérologue.
Lorsqu’une femme décide de subir une reconstruction mammaire après une mastectomie, quelles erreurs de parcours doit-elle surtout éviter ?
Les erreurs de parcours à éviter
Tout d’abord, ne pas exiger une reconstruction immédiate en pensant que l’on sautera une étape (mais ne pas se la laisser imposer non plus…). La reconstruction immédiate n’effacera pas le traumatisme premier qui est l’annonce de la maladie. Ce sont des interventions plus longues, plus difficiles, et qui ne doivent être réalisées que si toutes les conditions favorables sont réunies…
cancérologiques, morphologiques et psychologiques ! (On impose encore moins une reconstruction immédiate à une patiente qui ne se sent pas prête.)
La reconstruction mammaire est une chirurgie utile, mais non obligatoire. La décision de la réaliser doit être prise par la patiente qui, une fois informée, choisira le moment opportun. Il est donc essentiel que la consultation avec le plasticien se fasse dans de bonnes conditions, dans les deux sens : le chirurgien doit prendre le temps d’expliquer clairement les avantages, les inconvénients, les possibilités et les limites du geste proposé. Il n’est pas très difficile de trouver des mots simples pour le faire, mais cette consultation ne peut avoir lieu en deux minutes, entre deux portes… La patiente doit également savoir poser les questions qui la préoccupent, quitte à revenir ou à prendre un second avis. (Mais les multiplier de façon excessive risque aussi d’être perturbant !)
La reconstruction ne se limite pas au geste opératoire : il faut donc choisir le praticien avec lequel on se sent en confiance, et qui répond à l’attente de la patiente. C’est le rôle du chirurgien, par sa compétence et sa formation, de chercher en permanence à raffiner ses techniques et à les améliorer. (L’ère des balbutiements est passée.)
Mais c’est le rôle de la patiente d’assumer sa décision, de ne pas subir cette chirurgie de façon passive, mais de la vouloir et de comprendre que si elle ne peut faire oublier le vécu de la maladie, la reconstruction mammaire aide à vivre avec, et à « revivre ».