La spagyrie
Le mot spagyrie vient du grec et est composé de deux verbes : spao, «je sépare » et agei- ro, «je réunis ». La spagyrie est l’application raisonnée de l’alchimie à la préparation de médicaments dans lesquels se concentre la quintessence incorporelle, spirituelle, de la substance brute, végétale ou minérale ; celle- ci a été transformée en fluidité grâce au double processus alchimique de la séparation et de la réunion des trois composantes de la substance (corps, âme, esprit).
Pour l’alchimiste, tout ce qui existe dans le monde est composé de trois éléments : le corps (matière), Y âme (conscience) et V esprit (énergie, vie, Dieu). Le médicament spagyrique est également tiré d’une triple séparation des éléments en corps, âme et esprit. Ainsi, pour obtenir la quintessence énergétique d’une plante, il faut d’abord la séparer en trois parties égales ; puis soumettre ces dernières à trois procédés distincts pour séparer leurs principes de base et les purifier ; et enfin les réunir en un tout incorruptible dans le temps car sans impureté. Voici quels sont les procédés.
- On obtient de la cendre en calcinant la plante dans un creuset fermé, à une température qui ne doit pas dépasser 400 °C. On la lessive avec de l’eau distillée pour en extraire les sels purs solubles. Rendue blanche par cette purification, elle devient le support du corps.
- Grâce à un pressurage ou un courant de vapeur, on obtient de V huile éthérée qui, une fois distillée jusqu’à devenir d’une pureté parfaite, sert de support à Y âme.
- Grâce à la fermentation, on obtient de l’alcool qui, une fois distillé dans un ma- tras à long col, devient un concentré des seuls principes actifs, volatiles, qui constituent le support de Y esprit de la plante. Une fois que ces phases de séparation (spao) sont terminées, on passe à la réunion (ageiro) des trois produits selon des proportions qui dépendent de la substance. La phase de réunion est l’art le plus difficile de l’alchimiste. La véritable alchimie de laboratoire ne donne des résultats satisfaisants que si l’alchimiste est passé, en tant qu’homme, à travers les mêmes processus que ceux auxquels il a soumis la plante. Il doit avoir été séparé de la paresse, des préjugés, de ses propres faiblesses, de toute pensée négative, d’un comportement destructeur et agressif. Il doit être purifié depuis longtemps de tout ce qui est corrompu et nuisible.
L’alchimiste, selon Paracelse (1493- 1541), doit se soumettre aux lois cosmiques et évoluer dans l’univers. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra, après avoir séparé la plante, réunir ses principes actifs en un remède dans lequel sera concentré Yarca- ne incorporel, l’énergie très pure : l’action thérapeutique de cet arcane sur l’organisme malade sera semblable à la puissance du feu dans un brasier.
L’art médical spagyrique repose donc sur l’arcane et sur les qualités du thérapeute. Celui-ci doit être à la fois astrologue, astronome et alchimiste. La quintessence dégage un pouvoir curatif direct, indépendant de tout, mais amélioré par la sensibilité du médecin. En se chargeant lui-même de la quintessence, ce dernier en tire une impulsion extraordinaire pour accéder à des niveaux toujours plus hauts. Ce processus est long mais certain.
L’action des quintessences spagyriques est douce et extrêmement efficace : elle s’exerce surtout en profondeur, sur le terrain de la génétique et de l’environnement du sujet. Il ne faut pas être pressé : la guérison peut prendre des années parce que le remède agit également sur l’âme du malade.
La spagyrie est une branche médicale à part entière. Ce n’ est pas de la phytothérapie, même si elle utilise la distillation de plantes officinales connues. Ce n’est pas de l’homéopathie, bien qu’elle utilise des teintures mères et des doses réduites (karena). Ce n’est pas de l’anthroposophie, bien qu’il existe un certain rapport avec cette discipline. Cyprès : hémorroïdes, énurésie, ménopause,
Quintessences spagyriques et indications thérapeutiques
Anis étoilé : aérophagie, asthme, coliques infantiles, migraines dues à la dyspepsie, météorisme, vomissement nerveux.
Bergamote : flatulence, parasitose intestinale.
Cajeput : infections intestinales, pulmonaires, urinaires, rhumatismes, diathèse goutteuse, helminthiase.
Genévrier : diabète, goutte, lithiase urinaire, oligurie.
Cannelle : asthénie, helminthiase, impuissance, spasmes.
Citron : artériosclérose, congestion hépatique, goutte, hypertension artérielle, rhumatismes, spasmes.
Eucalyptus : bronchite, colibacillose, migraine, septicémie des voies respiratoires, rhumatismes.
Giroflier : asthénie névrotique, odontal- gie, impuissance.
Lavande : asthme, bronchite, migraine, entérite, état mélancolique, neurasthénique, maladie infectieuse.
Mélisse : crise nerveuse, dépendance aux médicaments, mélancolie.
Menthe : aérophagie, alitose, asthénie, flatulence.
Orange amère : diarrhée, insomnie, tachycardie.
Origan : aérophagie, aménorrhée, asthme, catarrhe, spasmes.
Pin : hypofonctionnement des glandes surrénales, septicémie des voies respiratoires.
Romarin : troubles hépato-biliaires, hy- pofonctionnement des glandes surrénales.
Sarriette : asthme, asthénie intellectuelle et sexuelle, diarrhée, hypofonctionnement des glandes surrénales, parasitose intestinale.
Sauge : asthme, asthénie, dyspepsie gastro-intestinale, hypotension artérielle, ménopause, stérilité.
Thuya : congestions pelviennes, hyper – trpphie prostatique, parasitose intestinale, rhumatismes.
Thym : aménorrhée, helminthiase, infections respiratoires, intestinales, urinaires, rhume, septicémie générale.
Application pratique de la spagyrie dans ses corrélations planète-métal-organe
Il faut passer par différentes étapes.
• Il faut trouver la planète-métal dont la « typologie » va encadrer le patient selon ses symptômes comportementaux. Chacune des sept planètes (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Soleil, Lune) présente des caractéristiques spécifiques. Par exemple, Mercure est rapide, peu stable, impétueuse : elle prédispose à la maladie sous une forme aiguë avec de graves inflammations. Saturne est rigide, renfermée dans des préjugés, elle prédispose à la sclérose, à la parésie. Par ailleurs, chaque planète « domine » un organe, un groupe d’organes ou une fonction organique spécifique, à laquelle correspond également une glande endocrine. Il existe une corrélation précise entre organes et métaux et une autre correspondance entre métaux et type de maladie.
• Il faut trouver la dilution du remède le plus similaire au patient dans sa globalité existentielle et clinique. La maladie en cours et l’organe le plus touché jouent un rôle secondaire dans la détermination du traitement global. La prescription reflète en grande partie la pathobiographie et le remède respecte le rapport entre la planète, le métal et le patient.
Cette décision n’est pas prise d’une façon rigide et unilatérale, mais en tehant compte de toutes les relations qui existent avec les autres planètes-métaux. Ceux qui connaissent l’astrologie savent qu’un horoscope repose sur de multiples facteurs. C’est ce qui se produit dans la spagyrie, où le médecin doit également être un bon astrologue ; il considère l’influence des autres planètes-métaux complémentaires pour choisir celle qui est la plus proche du malade. Dans son microcosme existentiel, l’Homme reflète le macrocosme infini des astres qui veillent sur son existence terrestre.
• La prescription doit tenir compte des différents facteurs enjeu : le métal de base et le métal complémentaire ; la maladie, l’organe touché et la glande endocrine correspondante ; les plantes utilisables selon les fonctions altérées ; la dilution du remède homéopathique, choisi selon les particularités astrologiques du patient ; l’éventuelle organothérapie suggérée par la glande endocrine concernée.