L’enfant malentendant
Quelles sont les causes de surdité de l’enfant ?
Elles sont partagées entre les surdités de transmission et les surdités de perception.
- Les surdités de transmission
Elles sont majoritairement liées à un mauvais fonctionnement de la trompe d’Eus tache, dû soit à une otite séreuse, soit à une otite scléro-adhésive si l’otite séreuse n’a pas été traitée en lieu et en temps utiles. Il peut s’agir aussi d’une baisse d’audition après un traumatisme, chute, fracture du rocher ou autre, entraînant une disjonction de la chaîne des osselets. Enfin, ce peut être une malformation congénitale soit majeure, avec ou sans atteinte de l’oreille interne et/ou polymalformations, soit mineure, plus délicate à déceler, touchant essentiellement les parois de la caisse ou la chaîne des osselets. Ces malformations peuvent être uni- ou bilatérales.
- Les surdités de perception
Les surdités génétiques, isolées ou incluses dans un syndrome malformatif, survenant d’emblée ou d’apparition retardée, représentent un cas sur deux. Elles pourraient peut-être un jour profiter des progrès des thérapies géniques.
L’autre moitié se répartit sur des périodes différentes :
– au cours de la grossesse, par maladie contractée par la mère (rubéole, toxoplasmose), et suite à certains antibiotiques de la famille des aminosides tout particulièrement ;
– en période néonatale, ce sont avant tout les problèmes mécaniques de l’accouchement avec l’anoxie s’y afférant ; ce peut être aussi un ictère par incompatibilité fœto-matemelle, rare depuis la vaccination ou, enfin, des infections néonatales et leur traitement. La prématurité, de par ses complications, pourrait entraîner une baisse d’audition.
Comment détecter une malaudition de l’enfant ?
- Les signes d’appel sont variables suivant l’âge :
– chez le nouveau-né et le nourrisson, c’est l’absence de réaction aux bruits forts : clignements des paupières, arrêt ou apparition des pleurs, modification du rythme respiratoire, tête tournée du côté du bruit, etc., ou la cessation du babil à partir du sixième mois ;
– plus tardivement, ce sera un retard d’apparition du langage ou un langage de mauvaise qualité avec des mots mal répétés. Si la baisse d’audition est secondaire, les parents pourront noter que l’enfant parle fort ou qu’il fait répéter souvent, même pour quelque chose qui l’intéresse.
- Comme nous le disions dans le chapitre des examens sur l’enfant, il est possible de tester l’audition de l’enfant dès la naissance.
On utilise des techniques différentes en fonction de la tranche d’âge, en commençant par déterminer des zones de bonne, moyenne ou mauvaise audition ; les résultats sont de plus en plus affinés avec l’âge. Plus l’enfant est jeune, plus l’examen doit être rapide car il s’en lasse vite et plus il faut l’y intéresser jusqu’à ce que l’examen devienne presque ludique.
– De la naissance à deux ans, c’est la technique du baby-test qui est utilisé. L’opérateur envoie à l’aide d’un appareil, audiomètre ou réactogène, un son à deux tonalités différentes derrière le nouveau-né ou le nourrisson. La réaction de l’enfant est alors analysée : changement du rythme respiratoire, clignement des yeux, arrêt ou production d’un cri, et on peut alors en déduire une audition bonne, moyenne ou douteuse.
– De deux à quatre ans, c’est la technique du ROC (réflexe d’orientation conditionné) qui est utilisé, avec le même appareil que précédemment. L’opérateur, placé à côté de l’enfant, le conditionne à un signal son et lumière, pour ensuite voir si l’enfant tourne la tête en envoyant le son avant la lumière. Un ROC normal, douteux ou mauvais est déterminé par la réaction à trois intensités différentes. Le seuil auditif est décalé de 20 décibels par rapport à l’adulte.
La technique des jouets de L. Moatti est ingénieuse : trois petites boîtes qui imitent des cris d’animaux, graves, moyens, aigus lorsqu’on les retourne, sont utilisés dans le tranche d’âge du baby-test et/ou du ROC.
– De quatre à sept ans, le train-show est utilisé spécifiquement. A l’encontre des deux examens précédents, on explore chaque oreille au moyen d’un casque. On emploie quatre niveaux d’intensité pour trois fréquences différentes. L’enfant est conditionné à appuyer sur un bouton : s’il appuie sur le bouton en entendant le son, un petit train passe devant ses yeux, s’allume et fait un petit tour, ce qui permet de l’intéresser à l’examen. A cet âge, le seuil auditif est de 15 décibels au-dessous du seuil de l’adulte. L’audition est divisée là encore en : très bonne, bonne, moyenne, mauvaise.
-Après sept ans, le déroulement de l’audiogramme est identique à celui d’un adulte.
On voit donc que très vite on peut déceler une anomalie de l’audition et prendre les mesures en conséquence, à la naissance en maternité ou bien à l’initiative des parents ou des enseignants, au moindre doute.
Comment prendre en charge les surdités de l’enfant ?
– En cas de surdité de transmission, le traitement pourra être chirurgical. Ce sera, par exemple, la pose d’un aérateur transtympanique, une opération chirurgicale plus complexe pour restaurer la continuité d’une chaîne ossiculaire en cas de luxation après traumatisme ou de malformation congénitale mineure.
– En cas d’hypoacousie de perception, ce sera avant tout l’appareillage auditif. Le but sera de restaurer un seuil de l’audition entre 25 et 40 décibels, pour la compréhension d’une voix moyenne et/ou d’une voix faible et la restauration de la boucle audiophonique. L’appareil sera avant tout un contour d’oreille placé des deux côtés ou bien un appareil boîtier si l’on a besoin d’une forte amplification, à 90 décibels, ou si l’enfant ne tient pas assis ; cet appareillage pourra être complété par une rééducation de type lecture labiale. L’uni- ou la bilatéralité de l’appareillage, l’association ou non avec la rééducation labiale sont fonction de l’âge de l’enfant et de l’importance de la surdité.
– Enfin, certains cas de surdité très profonde, avec persistance des fibres de nerf auditif, peuvent être justiciables d’un implant cochléaire qui sera lui aussi très précoce et complété par une rééducation.
Peut-on les éviter dans certains cas ?
- En ce qui concerne les surdités de transmission, il s’agira avant tout de la prévention de l’otite séreuse, par traitement de fond automno-hivernal allopathique ou de médecines alternatives, afin d’éviter les infections ORL et tout particulièrement rhino-pharyngées qui favorisent ce type d’incident.
- En ce qui concerne les surdités de perception, deux points de vue sont à considérer :
– le premier est celui d’un diagnostic et d’une prise en charge précoces de la surdité de manière à éviter les séquelles qu’un diagnostic plus tardif peut entraîner ;
– le second est d’éviter l’aggravation de ces surdités par une exposition aux bruits intempestifs. Précaution qui est aussi à adopter en dehors de toute baisse d’audition chez les enfants issus de familles à fragilité cochléaire.
Vidéo : L’enfant malentendant
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