Hypoacousie de transmission et hypoacousie de perception
Il y a deux grandes catégories de perte auditive dont il est capital que le clinicien comprenne bien les concepts. La première, l’hypoacousie de transmission, est due à un problème d’oreille externe ou d’oreille moyenne – un problème de transmission des ondes sonores dans le conduit auditif externe vers le tympan puis à travers l’oreille moyenne et son système tympanossiculaire vers l’oreille interne.
Les causes d’hypoacousie de transmission peuvent inclure l’obstruction du conduit auditif externe par un bouchon de cérumen, l’altération du fonctionnement de l’oreille moyenne par un épanchement liquidien ou le blocage des osselets de l’oreille moyenne par une maladie. Dans les hypoacousies de transmission, les sons endogènes tels que la propre voix du sujet sont perçus comme plus forts par diminution de l’intensité relative des bruits ambiants. Bouchez-vous l’oreille droite avec le doigt, réalisant ainsi une hypoacousie de transmission, et notez à quel point votre voix paraît plus forte de ce côté. Ce phénomène est connu sous le nom d’autophonie. Un patient atteint d’hypoacousie de transmission a souvent l’impression de parler « dans un tonneau » ou « sous l’eau ».
L’hypoacousie de perception est due à une altération de la fonction auditive quelque part dans l’oreille interne ou au-delà le long des voies auditives. Elle est souvent qualifiée d’atteinte du nerf, et dans ce type d’atteinte le son de sa propre voix ne semble pas fort au patient.
La distinction entre ces deux types d’hypoacousie est, à l’évidence, importante pour déterminer la cause de la plainte auditive d’un patient. Une évaluation
faite à l’aide de diapasons peut permettre de distinguer l’une de l’autre. Cela constitue un audiogramme tonal complet et assez complexe. Si vous arrivez à l’interpréter, à l’aide des explications suivantes, vous aurez acquis une bonne et utile compréhension des hypoacousies et de leur évaluation.
L’audiomètre fait la part entre hypoacousie de transmission et hypoacousie de perception de la façon suivante. Lorsque l’on place des écouteurs sur les oreilles pour l’examen, c’est la conduction aérienne que l’on teste. C’est ainsi que nous entendons habituellement; les ondes sonores cheminent de l’oreille externe à l’oreille moyenne puis à l’oreille interne.
L’audiométrie peut aussi mesurer la conduction osseuse. Dans ce cas, un transducteur à conduction osseuse est placé juste derrière l’oreille du sujet contre le crâne et le son est transmis par vibration directement à l’oreille interne, court-circuitant ainsi l’oreille externe et l’oreille moyenne. La conduction osseuse mesure ce que peut entendre l’oreille interne (cochlée et voies auditives), quelles que soient les anomalies de l’oreille externe ou de l’oreille moyenne.
L’audiogramme de la figure 1.2 indique les mesures de conduction aérienne et de conduction osseuse obtenues chez un patient hypothétique porteur d’un houchon de cérumen dans l’oreille droite et d’une atteinte cochléaire liée au bruit dans l’oreille gauche. Des symboles appropriés indiquent quel type de conduction et quelle oreille est testée. Les parenthèses indiquent les seuils en conduction osseuse. Les O et les X indiquent les seuils en conduction aérienne de l’oreille droite et de l’oreille gauche respectivement.
Le bouchon de cérumen dans l’oreille droite de ce patient entraîne une hypoacousie de transmission. Notez que les O (dénotant les seuils en conduction aérienne dans l’oreille droite) révèlent une légère perte d’environ 30 dB HL. Les seuils de conduction osseuse de cette oreille sont tout à fait normaux à 5 dB HL. En audiométrie, cette différence entre seuils en conduction aérienne et osseuse est appelée Rinne et signe l’hypoacousie de transmission.
Dans l’oreille gauche, le patient a une atteinte cochléaire due au bruit, mais l’oreille externe et l’oreille moyenne sont normales. Notez que les parenthèses ouvertes à gauche et les X sont aux mêmes niveaux de seuil, y compris là où existe une baisse de l’audition sur les fréquences aiguës. Cette hypoacousie de perception sur les fréquences aiguës ne s’accompagne d’aucun Rinne.
Incidemment, si nous recherchions l’indice vocal de chacune des oreilles du patient, nous nous attendrions à le retrouver juste au-delà de 30 dB HL à droite et juste en deçà de 15 dB HL à gauche. Vous souvenez-vous pourquoi ? Un dernier point : un patient peut avoir à la fois une
hypoacousie de transmission et de perception sur la même oreille. Cela s’appelle alors une hypoacousie mixte.
Cette dernière discussion concerne l’audiométrie « dans les règles de l’art » qui est rarement à la disposition du clinicien à son cabinet. Dans la plupart des cas, cependant, les diapasons associés à d’autres investigations cliniques de base peuvent donner une assez bonne idée de l’audition d’un patient au cabinet. Nous parlerons plus loin de ces outils ainsi que de l’audioscope.
Résumé
S’il y a le moindre doute sur l’audition d’un patient, l’audiométrie est le meilleur moyen de l’évaluer. Chez les individus normaux, un son à peine perceptible est proche de 0 dB, et les sons les plus forts de 100 dB ou plus. La plupart des sons usuels se situent entre ces extrêmes. Il est essentiel de faire la différence entre hypoacousie de transmission et hypoacousie de perception. La première résulte d’un problème d’oreille externe ou d’oreille moyenne, la seconde d’un problème d’oreille interne. La conduction aérienne est atteinte dans les hypoacousies de transmission, alors que la conduction osseuse reste normale. Les conductions osseuses et aériennes sont atteintes toutes les deux en cas d’hypoacousie de perception. La plupart des types d’hypoacousie de perception tels que la presbyacousie ou les hypoacousies secondaires au bruit affectent surtout les aigus. Les consonnes sont perçues dans les aigus et par conséquent ce type d’hypoacousie tend à affecter la discrimination de la parole. La capacité globale de comprendre la parole est mesurée grâce à des mots dissyllabiques soumis au patient dans un casque à écouteurs et représentée par l’indice vocal. L’indice vocal correspond le plus souvent à la moyenne des seuils du patient en audiométrie tonale et est considéré comme le chiffre le plus pertinent pour refléter les capacités auditives du sujet.
Vidéo : Hypoacousie de transmission et hypoacousie de perception
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Une réponse pour "Hypoacousie de transmission et hypoacousie de perception"
Bonsoir,
je ne trouve pas la figure 1.2 que vous décrivez dans la deuxième partie de votre article.
Merci de m’indiquer le lien.
Cordialement.