Des goûts et des couleurs
Quel rapport y a-t-il entre un melon d’un belorangé, une tomate extra-rouge, du raisin noir de noir et des grains de maïs jaune… maïs ?
Tous ces fruits et légumes voient la vie haute en couleur.Or, la couleur, c’est la vie, une grande marque de peinture nous l’a suffisamment répété.
Dans le règne végétal, qui dit « couleur » dit « pigments », donc « flavonoïdes » (de puissants antioxydants) et « terpénoïdes » (dont le célèbre bêtacarotène).
Finis ta soupe si tu veux mincir !
La soupe fait maigrir ! En tout cas, elle aide autant qu’elle peut. A condition de ne pas la préparer (ou la choisir) n’importe comment.
Ce qui « marche », c’est la soupe avec des morceaux : imbattable coupe-faim. Les potages lisses, mixés, calment moins l’appétit. Si l’objectif est de mater votre faim, préférez sans hésiter les soupes chinoises, et autres bouillabaisses, aux veloutés de légumes que vous préparait Mamie. Les mangeurs de soupe avalent 20 % de calories en moins que les autres, à chaque repas. Faites le calcul sur un an !
Nous savons depuis longtemps que les myrtilles améliorent la vision (surtout nocturne) et que le rouge des cerises est une substance 10 fois plus antalgique que l’aspirine, capable d’apaiser les douleurs de l’arthrite. Plus récemment, on a découvert que le rouge des tomates aide à prévenir le cancer de la prostate ou que le jaune du maïs est .un élément extrêmement protecteur pour l’œil. Certains de ces pigments sont si puissants qu’ils protègent le cœur et aident l’organisme à combattre le cancer.
Et en allant plus avant dans leurs recherches, les scientifiques ont remarqué qu’il ne suffisait pas de consommer 5 fruits et légumes par jour, encore fallait-il qu’ils soient différents et que, globalement, ils couvrent la palette de couleurs dans la journée ou, en tout cas, dans la semaine. C’est un repère facile pour savoir d’un seul coup d’œil si l’on a bien son quota de pigments très protecteurs ! Pour résumer, plus notre assiette est colorée, plus elle arbore de tons différents, et mieux elle protège la santé. C’est l’une des raisons pour lesquelles les nutritionnistes plébiscitent les plats « mélangés » (exemple : pot-au-feu, dans lequel baignent des légumes différents) et préfèrent une assiette où se côtoient des petites portions de 2 ou 3 légumes en plus de votre viande ou poisson, plutôt qu’une grosse platée de haricots verts sans nuances.
Une stratégie de survie extrêmement élaborée
La Nature ne s’encombrant guère de notions esthétiques, ces pigments ne servent pas seulement à « faire joli ». Ce « détail décoratif » est en réalité l’élément majeur d’une stratégie de survie extrêmement élaborée. Rappelons-nous que les végétaux n’ayant pas de pied (à part les champignons, mais ils ne s’en servent guère pour marcher !), ils ne se déplacent pas. Et doivent donc lutter en lieu et place, comme de bons petits soldats, contre les aléas du climat, les virus, les microbes, les champignons microscopiques (pourrissement) et, surtout, les rayons solaires qui les bombardent sans cesse du matin au soir. En fait, les végétaux vivent dans un milieu bombardé d’ultraviolets qui tueraient la plupart d’entre nous ! Car si le soleil est vital pour la plante, il génère aussi un nombre incroyable de radicaux libres, exactement les mêmes qui nous donnent des rides voire, à l’extrême,un cancer de la peau. Les pigments, donc, sont également une super « crème solaire » pour végétaux.
Incroyable mais vrai !
Lorsqu’on fait pousser des tomates qui ne peuvent pas rougir (variété particulière), les rayons solaires endommagent sa chlorophylle au point de la détruire. Or, la chlorophylle, « sang végétal », est essentielle à la survie des végétaux. Si elle est verte et non rouge (comme notre hémoglobine), c’est parce qu’elle renferme du magnésium à la place de notre fer.
En plus, grâce à toutes ces couleurs hypnotisantes, la plante (surtout la fleur) attire les insectes et les oiseaux pollinisateurs, assurant par ce biais une étape fondamentale de sa reproduction. Non seulement la couleur charme les « proies », mais la délicate représentation de formes ressemblant aux partenaires habituels de l’oiseau ou de l’insecte est décisive. Une fois la pollinisation réalisée, certaines plantes, en modifiant leur composition en flavonoïdes, changent de couleur pour éviter une seconde rencontre, qui leur serait néfaste. Décidément, dans le monde des plantes, la décoration est un outil de communication (y compris de mensonge !) mais aussi de protection.