Chronothérapie ou photothérapie
Le vieil Eliot Weitzman, de l’hôpital Montefiore de New York, l’un des piliers du groupe de pionniers de la recherche sur le sommeil, fut le premier à appliquer les principes de l’horloge biologique qui commande le sommeil et la veille au traitement du syndrome de la phase de sommeil différée. La raison majeure de l’incapacité, pour les personnes atteintes de ce syndrome, d’avancer l’heure de leur sommeil, affirmait Weitzman, était qu’une telle avance était contraire à la tendance naturelle de l’horloge biologique qui est de différer l’heure du sommeil. Weitzman et ses collègues proposèrent de soigner les personnes souffrant du syndrome de la phase de sommeil différée grâce à un retard contrôlé du moment de leur sommeil jusqu’à ce qu’ils atteignent l’heure souhaitée. Ainsi, une personne qui allait se coucher autour de minuit et qui avait des difficultés à s’endormir avant quatre heures du matin, devait différer l’heure du coucher pendant deux ou trois jours à huit heures. Puis il fallait la repousser à neuf heures, puis à seize heures, puis à vingt heures, et enfin à minuit. Weitzman et son équipe prévoyaient que les patients ne rencontreraient aucune difficulté particulière à décaler ainsi leur sommeil, et qu’ils iraient se coucher à l’heure souhaitée après quelques jours de ce traitement.
La technique fut efficace. Des victimes du syndrome de la phase de sommeil différée peuvent facilement retarder leur sommeil d’un jour à l’autre, puis s’arrêter quand ils ont atteint l’heure qui leur convient. Il y a, toutefois, un petit problème. Le traitement, qui devait être appliqué progressivement, exigeait du patient qu’il consacrât à son sommeil des créneaux horaires déterminés d’avance avec précision, pendant un mois ou plus. Certaines périodes de sommeil tombaient en plein milieu de la journée, ce qui était problématique pour le travail et la vie de famille. Ce traitement exigeait aussi, une fois fini, des obligations strictes et une adhésion sans défaut aux horaires fixés pour le sommeil. Toute déviation par rapport à ces horaires pouvait entraîner, une fois de plus, la « fuite » du sommeil. Bien que les résultats de ce traitement soient généralement bons, de nombreuses personnes sont tout simplement incapables de se conformer à ses exigences.
L’approche thérapeutique du syndrome de la phase du sommeil différée se modifia de manière significative avec la découverte suivant laquelle une lumière brillante, d’une intensité d’au moins deux mille cinq cents lux, affecte l’horloge sommeil-veille et diminue la sécrétion de mélatonine. Afin d’avancer la phase de sommeil d’un patient de quelques heures — par exemple de quatre heures du matin à minuit —, il faut exposer le sujet à une forte lumière pendant la matinée. Pour différer son sommeil de vingt heures à minuit, par exemple, il faut l’exposer à une forte lumière en soirée. Ce traitement à base de lumière s’est révélé être extrêmement efficace pour réajuster l’horloge biologique. On observe généralement, quelques jours après que le patient a été exposé à la lumière, un déplacement de ses horaires de sommeil. Ce déplacement est souvent progressif, et il faut deux ou trois semaines d’exposition à la lumière pour achever le changement souhaité des horaires de sommeil.
Le traitement lumineux est effectué grâce à une lampe à haute intensité, ou simplement grâce à l’exposition à la lumière du soleil — que nous utilisons avec beaucoup de succès pendant les mois d’été. Ayant découvert, dans l’une de nos études sur des patients aveugles, que les troubles du sommeil dont ils souffraient étaient dus à une perturbation du rythme de sécrétion de la mélatonine, nous avons récemment commencé à utiliser celle-ci pour le traitement des désordres affectant les horaires de sommeil des voyants. Les résultats de notre étude montraient que, quand on administrait de la mélatonine à l’heure juste, elle permettait d’ouvrir la « porte du sommeil » et d’obtenir un cycle jour-nuit.
Une réponse pour "Chronothérapie ou photothérapie"
hormis l’exposition au soleil, le traitement lumineux est-il fait avec une lampe de luminothérapie exclusivement ? ou n’importe quelle lampe haute intensité peut-elle faire l’affaire?