Cancer du sein : Vous venez juste d'apprendre que vous avez un cancer
Comment apprend-on que l’on a un cancer du sein ?
C’est dans la majorité des cas le gynécologue, le généraliste ou le radiologiste qui a fait la mammographie qui annonce la nouvelle, avec plus ou moins de ménagement. Hé oui ! Cela n’arrive pas qu’aux autres ! Et vous êtes là, comme frappée par la foudre…
Quels premiers conseils donnez-vous ?
Je recommande à la patiente d’observer impérativement les douze conseils suivants :
1- Ne vous désespérez pas.
Dites-vous bien :
- que votre cas est banal : une femme sur neuf sera un jour ou l’autre dans votre situation ;
- <>que vous avez beaucoup plus de chances statistiquement de guérir que de ne pas guérir, et que, de plus, la médecine progresse aujourd’hui à grands pas.
2- Ne vous affolez pas.
- En particulier ne vous précipitez pas pour « faire enlever ça » par n’importe qui et n’importe où. Il y a des cas où il ne faut surtout pas toucher chirurgicalement à la tumeur en début de traitement.
3- Prenez votre temps pour gérer la situation.
- Dans l’immense majorité des cas, il n’y a pas d’urgence. Dites-vous bien que votre cancer est présent à l’état clandestin depuis cinq à six ans : c’est le délai habituel entre l’apparition de la première cellule (qui va se diviser tous les trois mois environ) et la constitution d’une tumeur décelable par l’examen radiologique ou clinique.
On n’est donc plus à deux ou trois semaines près : mieux vaut mettre à profit ce délai pour organiser les conditions dans lesquelles vous serez le mieux soignée, que commencer n’importe quel traitement à la va-vite.
4- Informez-vous largement pour savoir où vous adresser :
auprès de vos médecins, mais aussi des organismes habilités : Ligue nationale contre le cancer, Agence Cancer de la ville de Paris…
5- Ne vous confiez qu’à un spécialiste de cancérologie exerçant au sein d’une structure experte.
En aucun cas aujourd’hui, la responsabilité du traitement d’un cancer du sein ne peut incomber à un praticien isolé, quelles que soient sa spécialité et sa compétence.
Il est primordial que la stratégie thérapeutique soit établie dès le départ et assumée par une équipe pluridisciplinaire, associant des médecins spécialisés dans les différents compartiments de la cancérologie (chirurgiens, spécialistes médicaux du cancer ou « oncologues médicaux », radiothérapeutes, radiologues, anatomopathologistes, biologistes…) et expérimentés (c’est-à-dire exerçant dans une structure où l’on opère et traite un nombre important de cancers du sein).
De grandes études ont montré que la prise en charge d’un cancer du sein en dehors d’une équipe multidisciplinaire spécialisée se solde, pour la patiente, par une perte de chances de l’ordre de 15 %.
6- N’hésitez pas à prendre contact, le cas échéant, avec plusieurs équipes avant de vous déterminer.
Choisissez l’équipe médicale qui vous paraît la plus compétente et avec qui vous aurez le meilleur « feeling ».
Assurez-vous qu’au sein de cette équipe :
- vous dépendrez d’un médecin « référent » unique, toujours le même, qui aura la responsabilité d’orchestrer avec son staff votre traitement tout au long de la maladie, et qui vous accordera à chaque consultation un temps d’écoute suffisant ;
vous pourrez bénéficier des compétences d’un personnel paramédical hautement spécialisé : infirmiers, psychologues, assistante sociale, secrétaires pour organiser les rendez- vous…
7- Ne vous dispersez pas.
- Une fois votre choix fait, accordez une totale confiance à votre cancérologue et à son équipe.
- <>En cancérologie, le nomadisme est le plus souvent préjudiciable.
8- Ne prêtez pas l’oreille aux amis qui vous veulent du bien
et voudront vous orienter vers tel ou tel gourou, aux bien intentionnés qui se permettront de vous donner des conseils, aux imbéciles qui chercheront à vous faire peur, et aux charlatans qui n’hésitent pas à exploiter lâchement le malheur humain en proposant à prix d’or des pseudo-remèdes miracles mystérieusement issus d’ailleurs.
9- Ne cherchez pas de responsable à votre maladie.
- Si dans 15 % des cas de cancers du sein on trouve une certaine prédisposition héréditaire, les formes réellement génétiques ne représentent que 5 % des cas.
- <>Il n’a jamais pu être prouvé qu’un choc psychoaffectif, aussi important soit-il, puisse déclencher un cancer du sein.
10- Si vous n’êtes pas ménopausée :
- Arrêtez la pilule si vous la preniez.
- <>Instituez ou poursuivez une contraception efficace autre que la pilule. Une grossesse survenant en cours de traitement aurait des conséquences très négatives.
Si vous êtes ménopausée :
- Arrêtez le traitement hormonal substitutif (THS), si vous en preniez un.
Ces recommandations paraissent si évidentes aux médecins qu’il peut leur arriver d’oublier de les rappeler à la patiente !
11- Ne bouleversez pas vos habitudes alimentaires.
- Cela ne sert à rien à ce stade. Ayez une alimentation saine, équilibrée, sans interdits.
- <>Il n’a jamais été démontré que l’apport de vitamines puisse avoir un effet positif ou un effet négatif.
12- Ne bouleversez pas votre existence.
- Continuez à mener votre vie personnelle, familiale, sociale et, si possible, professionnelle, le plus normalement possible.
- <>Une activité physique raisonnable n’est pas contre-indiquée, bien au contraire.
Une exposition au soleil raisonnable n’est pas contre-indiquée, mais demande des précautions particulières dans certaines conditions de traitement.
- Si vous êtes adepte de l’homéopathie, magnétisme, etc., il n’y a pas de raison de ne pas continuer, à condition de ne pas modifier le traitement prescrit par le cancérologue.
N’arrêtez pas brutalement de fumer ! Mais réduisez raisonnablement votre consommation à quelques cigarettes par jour : cela vous aidera à mieux supporter la chimiothérapie si vous devez en recevoir une. En revanche, jurez d’arrêter définitivement après le traitement.
Abordez sereinement la maladie : vous en sortirez sereine.