Cancer du sein : Une multiplication anormale des cellules
Pouvez-vous nous dire très simplement ce qu’est un cancer du sein ?
Il me faut tout d’abord vous expliquer comment fonctionne l’organisme humain, qui est constitué de petites briques assemblées les unes aux autres et qui sont nos cellules : le corps en contient un million de milliards ! Elles sont organisées sous forme d’organes. Ainsi, certaines se mettent à fabriquer des globules : c’est la moelle osseuse, d’autres à réagir à la lumière : c’est l’œil, d’autres à se contracter : ce sont les muscles. D’autres encore fabriquent des éléments pour la digestion : c’est le tube digestif. Il y a en tout deux cents types de cellules différentes dans un organisme humain ! Un de ces types de cellules constitue la glande mammaire, c’est-à-dire l’élément le plus important du sein.
Des cellules qui dégénèrent
Chaque jour, des cellules naissent et meurent dans le corps. S’il existe une phase de croissance (entre l’enfance et l’âge adulte), c’est parce que, à un moment donné, durant cette phase-là, il y a plus de cellules fabriquées que de cellules qui meurent. Et puis, un jour, les cellules se mettent à vieillir, sont incapables de se reproduire de façon satisfaisante en donnant naissance à suffisamment de nouvelles cellules pour les remplacer : c’est le vieillissement cellulaire et, globalement, le vieillissement de l’individu.
Le cancer, qu’est-ce dans tout cela i C’est une de ces cellules, une parmi un million de milliards, qui, quelque part, se met à proliférer, à se diviser, à se multiplier, alors qu’on ne le lui demande pas. Et cette première cellule cancéreuse va en donner deux, puis quatre, puis huit, seize, trente-deux, soixante-quatre, etc.
Et, à un moment donné, toutes ces cellules regroupées en boule vont constituer une tumeur. Il faut savoir qu’une boule qui a 1 cm de diamètre contient déjà un milliard de cellules cancéreuses regroupées ! D’où la difficulté de comprendre à la fois le premier chemin qu’a suivi une cellule normale pour devenir cancéreuse, le deuxième, qui l’a menée à produire un milliard de nouvelles cellules et, enfin, comment ce milliard de cellules s’y est pris pour menacer une vie !
Dans un sein, quelles cellules sont les plus susceptibles de dégénérer ?
Un sein est composé, globalement, de deux grands types de cellules, celles qui constituent les glandes mammaires et sont là pour une fonction très précise : fabriquer du lait pour nourrir l’enfant, et celles qui les entourent formant ce qu’on appelle les « tissus de soutien », lesquels donnent au sein sa densité. Ces tissus sont constitués de fibres élastiques et de graisse, transparentes à la radio, alors que les glandes mammaires, elles, sont opaques. Les cellules qui risquent de devenir cancéreuses sont le plus souvent celles des glandes mammaires.
Comment sont-elles organisées ?
De façon extrêmement fonctionnelle. Elles comportent des canaux qui véhiculent le lait vers la sortie pour que le bébé puisse se nourrir en tétant le mamelon, et, à l’extrémité de ces canaux, des sortes de boules nommées « lobules » se regroupent, prêtes à déverser du lait dans les canaux. Normalement, les glandes mammaires sécrètent du liquide (sorte d’eau de lait) qui devient du lait lorsque, sous une stimulation hormonale particulière, l’organisme reçoit l’information qu’un enfant vient de naître et qu’il va falloir le nourrir. Le lait est riche en quoi 4- En calcium, et… quand il sèche, que va-t-il donner ¿ Du calcaire ! C’est ce qui explique la formation des microcalcifications.
Que se passe-t-il quand des cellules deviennent cancéreuses ?
Lorsque, dans un sein, des cellules devenues cancéreuses se divisent, au fur et à mesure qu’elles s’emballent dans ce processus de prolifération, elles deviennent de plus en plus anormales, de plus en plus agressives. Plus le temps passe, moins elles ressemblent à la cellule qui, un jour, leur a donné naissance : une cellule mammaire qui, elle, était parfaitement régulière, organisée, programmée pour fabriquer du lait à la demande (et à la demande seulement !).
Ces cellules devenues anormales peuvent se mettre à fabriquer du lait, alors qu’il n’y a pas d’enfant. Pour simplifier à l’extrême, je dirai que ce lait n’est pas fabriqué en assez grande quantité pour pouvoir circuler librement et sortir. Il va donc stagner et, sur un cliché de radiographie, on ne verra plus du liquide mais seulement le calcium du lait, transformé en calcaire. Si on ne diagnostique pas et ne traite pas à temps ce type bien précis de microcalcifications, le processus continuera. Les cellules ne cesseront de proliférer, soit à l’intérieur du lobule, ce qui aboutira à un cancer tabulaire, soit à l’intérieur d’un canal, pour donner un cancer canalaire.
Du cancer in situ au cancer invasif
Et toutes ces cellules, en division permanente, vont peu à peu remplir l’espace. Tant qu’elles resteront à l’intérieur du lobule ou du canal, on sera en présence d’un cancer dit in situ, mais , quelque temps plus tard, à une étape ultérieure du processus cancéreux, ces cellules vont devenir de plus en plus agressives, de plus en plus performantes et acquerront la capacité de fabriquer des enzymes capables de faire un trou dans la paroi du lobule ou du canal, ce qui leur permettra d’aller circuler dans la graisse du sein. A partir de là, le cancer est devenu invasif : il a pénétré à l’intérieur du tissu conjonctif. En se promenant à l’intérieur de la graisse, un jour, une de ces cellules cancéreuses va rencontrer un vaisseau sanguin (ou lymphatique, qui véhicule la lymphe), et cette cellule machiavélique va de nouveau être capable de fabriquer des enzymes qui feront un trou dans la paroi du vaisseau pour lui permettre d’y pénétrer… Profitant de la circulation sanguine ou lymphatique, cette cellule maligne va partir dans l’organisme et former ce qu’on appelle une métastase : une colonie de cellules cancéreuses à distance (dans les ganglions, les poumons, le foie, les os ou le cerveau).
Comment tout cela est-il arrivé ?
Eh bien, très simplement… Cette petite cellule, qui s’est échappée grâce à un vaisseau, a tourné un bon nombre d’heures dans le sang, puis s’est arrêtée dans un organe pour prendre quelques jours de repos. Et là, elle a recommencé à faire ce pourquoi elle est programmée : elle s’est divisée. Après quelques semaines ou quelques mois, une masse anormale s’est déjà constituée : il s’agit d’une métastase.