Anticancer : La peur des histoires inachevées
La mort est l’ultime départ. Et pour partir en paix, il faut avoir fait ses adieux. Or, il est très difficile de mettre le mot fin sous les ambitions inassouvies, les rêves de voyage, ou encore les relations qui ont compté mais qui se sont brisées trop tôt. Souvent, la meilleure façon de dire au revoir est de faire une dernière tentative. D’écrire les poèmes qu’on a toujours voulu écrire, de faire le voyage dont on a caressé l’idée toute sa vie – quand c’est encore possible. Comme ce sont les derniers, même si tout n’est pas réussi, on leur pardonne leurs imperfections. Mais le plus difficile est de prendre congé d’une relation douloureuse qui a marqué notre vie.
A 36 ans, Jennifer était en train de mourir d’un cancer du sein particulièrement virulent qui ne réagissait plus aux traitements. Son père était parti de la maison lorsqu’elle avait 6 ans et son frère 11. Il vivait au Mexique et n’avait jamais cherche à les revoir. Elle avait longtemps hésité avant de lui écrire. Comment se conduirait-il ? Après trente années d’absence, aurait-il trop honte, ou serait-il trop indifférent, répondrait-il seulement à sa lettre ? Si elle ne recevait pas de réponse, en serait-elle dévastée ? Mais le moment solennel de la mort ouvre souvent une porte dans le cœur des êtres les plus endurcis. Le père de Jennifer est venu. Il avait peur, il avait honte, mais il est venu. Dans l’unique conversation de toute leur vie adulte, elle a pu lui dire combien elle aurait aimé l’avoir connu, combien elle aurait aimé qu’il l’ait protégée enfant, qu’il lui ait enseigné ce qu’il avait compris de la vie. Elle lui a montré des photos d’elle encore radieuse avant la maladie, et de son fils. Devant ce corps et ce visage si émacié, il n’a pas eu le cœur à se défendre ou à se justifier, il a écouté. Il a fini par pouvoir dire qu’il regrettait lui aussi. Qu’il avait fait ce qu’il avait pu dans les circonstances de l’époque, avec les angoisses qu’il avait eues à cet âge-là. Qu’il n’agirait sans doute plus de la même façon aujourd’hui mais que c’était trop tard. Il lui a demandé de lui pardonner. Elle est morte peu de temps après. Un peu plus en paix.
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