infarctus:Comment prévenir les accidents vasculaires cérébraux ?
Nous avons beaucoup parlé d’infarctus du myocarde et un peu moins des autres accidents vasculaires. Il en existe deux autres : l’accident vasculaire cérébral (AVC), ou attaque cérébrale, et i’artérite des membres inférieurs.
Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité avec 180 000 décès par an en France. L’accident vasculaire cérébral à lui seul représente les deux tiers de ces décès et constitue la première cause de handicap physique ou intellectuel. La prévention des attaques cérébrales est donc aussi essentielle que celle des infarctus.
Pour prévenir les attaques cérébrales et les artérites des membres inférieurs, la même stratégie doit être utilisée que pour l’infarctus du myocarde. Elle consiste à éliminer les facteurs de risque, soit en les traitant, soit en adaptant son mode de vie. Il faut particulièrement être vigilant pour sa tension artérielle, facteur de risque numéro un pour les accidents vasculaires cérébraux.
Enfin, en cas de risque élevé, prendre de l’aspirine et une statine est justifié car les statines réduisent le risque de faire un accident vasculaire cérébral de 27 %, tout en protégeant le cœur
Que font les personnes qui connaissent tout cela?
Entre savoir quelque chose et le mettre en pratique, il y a parfois un monde ! C’est pourquoi nous avons interviewé quelques cardiologues, au courant de toute la recherche pour leur demander comment ils réagissaient par rapport à toutes ces connaissances.
Hervé, 46 ans, est médecin cardiologue installé en libéral :
« Que faites-vous pour vous-même en prévention des maladies cardiovasculaires ?
— Je ne prends aucun médicament et je ne fais jamais de bilan par prise de sang. Il y a sept ans, j’en ai quand même fait un, parce que j’ai fait un emprunt et que l’assurance l’exigeait. Tout était normal. Comme activité physique, je cours deux fois par semaine pendant une heure et demie. 15 kilomètres à chaque fois. Franchement, je n’y prends aucun plaisir. Je le fais parce que je sais que deux fois une heure trente de sport par semaine, ça diminue les risques cardiovas culaires ! Si pour une raison ou une autre, je ne peux pas courir pendant une semaine, je me sens moins bien. Quand j’ai ma dose, je suis plus en forme.
Sinon, je jardine beaucoup, car j’ai un hectare de terrain. Aujourd’hui dimanche, j’ai enlevé deux souches de saules et taillé des haies…
Si je cours, c’est aussi parce que je n’ai pas envie de prendre des kilos : je pèse 70 kilos pour 1,77 mètre.
Dans mon alimentation, j’utilise de l’huile d’olive. Et je mange du poisson deux ou trois fois par semaine. Je n’aime pas ça, mais je sais que c’est bon pour la santé. La viande, je n’en prends jamais plus d’une ou deux fois par semaine. Par contre, les fruits et les légumes frais, c’est tous les jours et le plus possible. Il faut dire que j’ai une employée de maison qui fait les courses et la cuisine, alors, c’est pratique !
Je ne prends aucun complément alimentaire vitamines ou autres, et je n’ai jamais fumé.
Moi qui n’ai jamais été sportif, je pense que le plus important, c’est l’activité physique. C’est certainement plus efficace que n’importe quel traitement. J’ai aussi la chance de n’avoir aucun facteur de risque familial particulier. »
Damien, 56 ans, est aussi médecin cardiologue installé en libéral :
« Que faites-vous pour vous-même en prévention des maladies cardiovasculaires ?
— Comme je suis hypertendu, je prends un traitement pour ma tension. Je fais régulièrement un bilan de cholestérol et de glycémie et je prends très souvent ma tension.
A chaque fois que je pars en vacances, ce qui se produit sept ou huit fois par an pour une semaine, j’ai une activité sportive quotidienne (footing ou tennis). Mais dans l’année, c’est moins régulier. Je n’aime pas tellement le sport, je me force un peu pour en faire, car je sais que c’est important.
Je ne fume pas du tout. Ce n’est pas difficile pour moi, car je n’ai jamais fumé. Je pense qu’il y a très peu de cardiologues qui fument. A mon avis, pas plus de 2 ou 3 %.
Je passe mon temps à faire attention à ne pas grossir. Mon arrière- grand-père et mon père sont morts d’infarctus, alors, ça me motive vraiment pour faire attention. Et je surveille de près mon périmètre abdominal, car je suis aussi d’une famille de gros. Pour moi, garder un poids correct, c’est un combat quotidien.
Quand je vais au restaurant, ce qui est fréquent, je choisis systématiquement du poisson. Chez moi, je force sur les légumes et les fruits. Et je suis revenu à l’huile d’olive, j’essaie de manger selon le régime méditerranéen. »
Francis, médecin cardiologue en hôpital, 47 ans :
« Que faites-vous pour vous-même en prévention des maladies cardiovasculaires ?
— Je prends régulièrement une statine car j’ai un peu de cholestérol. Je suis consciencieux pour cela. Je change de médicament, en général, il s’agit du Tahor® ou du Zocor®. Actuellement, il y a une tendance, chez les cardiologues, à prendre des statines très facilement en prévention, même si leur cholestérol n’est pas franchement élevé. Beaucoup de cardiologues ajoutent de l’aspirine.
Personnellement, je ne prends pas d’aspirine, car, même à petites doses, l’aspirine augmente le risque de saignements digestifs ou d’hémorragies cérébrales. Et je n’ai pas envie de courir ce risque. Je connais un cardiologue américain qui n’a jamais eu d’infarctus. Pourtant, il prend, en prévention, quatre médicaments, les mêmes que ceux que l’on prescrit aux personnes qui ont déjà eu un infarctus. Avec les mêmes connaissances, les cardiologues n’ont pas tous la même réaction que moi !
Je fais assez régulièrement un bilan de cholestérol (cholestérol total, HDL, LDL, apoliprotéines), car dans les congrès de cardiologie, on nous les propose sur les stands. Beaucoup de mes collègues le font aussi. En général, ils n’aiment pas aller près de chez eux dans un laboratoire d’analyse pour un bilan, car ils n’ont pas envie que cela laisse des traces en cas d’anomalies, à cause des assurances. (Qui pourraient refuser un emprunt par exemple, ou augmenter les primes…)
En revanche, comme dans ces congrès, on ne dose pas la glycémie, je ne fais jamais ce dépistage du diabète.
Je ne pratique aucune activité physique, parce que ça m’emmerde ! Pour mon alimentation, je fais assez peu attention. J’utilise l’huile d’olive, c’est vrai. Je ne mange pas d’œufs, mais pour le reste, rien de spécial. Je remarque quand même que, dans les congrès de cardiologie, les repas sont presque toujours constitués d’un plat de poisson. C’est normal, on ne va pas proposer des frites!
Je ne prends aucune vitamine, je suis contre ces compléments. Finalement, être cardiologue et savoir ce qui n’est pas souhaitable me gâche plutôt la vie ! Je préférerais ne rien savoir ! »
Que conclure?
Avec les mêmes connaissances, les médecins eux-mêmes ne réagissent pas tous pareil ! C’est donc à vous de décider du niveau d’effort et du niveau de protection que vous voulez vous donner. Cela dépend de l’intérêt que vous portez au sport, à l’alimentation et des angoisses que vous pouvez avoir de faire un infarctus ou un accident vasculaire cérébral. Une chose nous semble importante à ajouter : faire de la prévention cardiovasculaire, c’est aussi garder toutes ses artères en bon état dans tout le corps. Ce n’est pas seulement la mortalité qui baisse, mais la qualité de vie qui est augmentée. Prenons par exemple les troubles de l’érection chez l’homme. Si vous avez de bonnes artères, vous avez moins de risques d’en souffrir. De même, pour la circulation dans les jambes ou dans le cerveau, sans aller jusqu’à la menace d’infarctus.
En synthèse, pour ceux qui veulent se donner le maximum de chances, il est possible de retenir les modalités de prévention suivantes en fonction de leurs niveaux de risque
Vidéo: Infarctus: Comment prévenir les accidents vasculaires cérébraux ?
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