d’Alzheimer:Si les statines sont aussi intéressantes, pourquoi n’en prescrit-on pas à tout le monde?
Pourquoi n’en prescrit-on pas à tout le monde?
Michel, 57 ans, traducteur scientifique :
« J’ai vu, il y a quelques années, mon père commencer à perdre la mémoire à 71 ans, et se dégrader petit à petit, de plus en plus. Il faut dire que nous avions perdu mon frère d’un accident, un an auparavant, et que le choc avait été terrible. Je ne sais pas si cela peut jouer un rôle. Mon père avait pourtant fait du sport toute sa vie et il continuait à faire du vélo, était plutôt mince, sans cholestérol ni hypertension. La plongée a été rapide puisqu’il est mort en trois ans. Enfin, je peux dire maintenant que ce fut rapide, mais à l’époque, c’était terrible, le temps s’étirait lentement, pour n’apporter que des mauvaises nouvelles. Il allait de plus en plus mal. Il a commencé par cacher de l’argent un peu partout, par perdre la mémoire, et par dire des choses de plus en plus bizarres, par tout oublier, être un peu agressif. Nous avons mis du temps à imaginer qu’il pouvait s’agir d’un début de démence. On ne peut pas accepter une idée pareille. Et puis, il arrive un moment où l’on n’a plus le choix. On est obligé de voir la réalité en face. C’était horrible pour ma mère, qui elle était diabétique et pas forcément en pleine forme. J’habitais tout près, alors je voyais les choses empirer et je la soutenais de mon mieux. Il a fugué plusieurs fois et nous nous faisions un sang d’encre. Nous avons fini par demander une place dans un établissement spécialisé, mais la durée de l’attente est telle, et les places sont si rares, qu’il y est resté seulement quatre mois avant de mourir. En plus, c’était assez loin de chez nous, à une centaine de kilomètres, alors nous nous sentions mal de l’envoyer si loin, même s’il ne nous reconnaissait plus ! Nous allions le voir aussi souvent que possible, plus par devoir que par plaisir, car voir son père, qu’on aime, dans un tel état, ne pouvant plus parler, ne vous reconnaissant pas, bavant, errant les yeux vides, ça vous détruit un peu à chaque fois.
Ma mère, un peu plus jeune que lui, a beaucoup souffert, et une fois mon père décédé, elle a commencé à déprimer. Je sentais que c’était grave, mais je pensais que c’était le contrecoup. En fait, il s’est avéré que, pour elle aussi, c’était un début de maladie d’Alzheimer ! Je ne peux même pas vous décrire comment je me suis senti assommé quand je l’ai compris. Je venais de vivre quelques années atroces, rongées par cette maladie, car toute la famille en pâtit, la mienne y compris, et nous allions perdre ma mère de la même manière… C’est terrible à dire, mais le décès de mon père a été un soulagement, même si nous l’aimions beaucoup. Nous pensions souffler quand cette nouvelle maladie nous est tombée dessus. Je n’ai pas osé annoncer le diagnostic à ma mère. Mais je sais qu’elle s’inquiétait. Quelques mois plus tard, elle s’est suicidée en prenant des médicaments. Je pense qu’elle avait compris et qu’après ce qu’elle venait de vivre, elle ne voulait pas nous imposer cela à nouveau, ni se voir perdre la tête complètement. Il faut dire que la pauvre, elle avait vu aussi sa mère mourir de cette même horrible maladie, encore Alzheimer.
Et cette fois, c’est moi qui ai commencé à déprimer. Cela peut sembler normal quand on perd ses deux parents dans de telles circonstances, mais ma déprime était aussi d’un autre ordre. Je commençais à avoir peur de tomber moi-même malade, de perdre la tête dans quelques années. Quand vos deux parents et une de vos grand-mères sont décédés de la même maladie, vous pouvez à juste titre vous demander si vous ne risquez pas de l’attraper vous aussi ! J’ai consulté un neurologue qui m’a dit que je menais une vie saine, que j’étais mince, je ne fumais pas, je faisais du sport… alors, mon risque était.faible. Cela ne m’a pas vraiment rassuré, parce que mon père aussi avait mené une vie saine ! Alors, je me suis informé. Et j’ai appris que certains médicaments, de la famille des statines, avaient un effet préventif. J’ai été voir mon médecin généraliste pour lui demander s’il pouvait m’en prescrire. Il s’est trouvé bien embêté car, m’a-t-il dit, “c’est la première fois qu’un patient me fait pareille demande”. Et il n’était pas pour prescrire un médicament qui peut avoir des effets secondaires pour une maladie non déclarée, que, peut-être je n’aurai jamais ! Résultat, je n’ai pas pu obtenir d’ordonnance pour une statine. Je me suis donc informé sur les effets secondaires, et j’ai vu que ça n’avait pas l’air bien terrible. C’est là que, par chance, j’ai découvert que, depuis quelques semaines, ces médicaments étaient en vente libre en Angleterre, sans doute en raison de leurs nombreux effets positifs et leur peu d’effets négatifs. Et là, je n’ai pas tergiversé. Je parle anglais puisque je suis traducteur, et j’ai l’occasion de me rendre en Angleterre. Aussitôt que j’ai pu, je suis allé en acheter là-bas, et j’ai fait des stocks. Je prends tous les jours une petite dose (simvastatine à la dose de 10 milligrammes par jour) et je me sens rassuré. Je sais parfaitement que je ne suis pas protégé à 100 %, mais si je diminue mes risques, je suis prêt à investir de mon argent. Je n’ai pas envie d’imposer à mes enfants ni à ma femme ce que j’ai vécu avec mes parents. Et moi-même, je suis angoissé à l’idée de commencer à perdre les pédales. Cela doit être vraiment atroce…
Je me demande bien pourquoi, si en Angleterre c’est en vente libre, on ne fait pas la même chose en France. Si j’évite une maladie de cette manière, je ne coûte rien à la Sécurité sociale, puisque je paie mon médicament de ma poche, et en plus, je fais faire des sacrées économies à la société !»
Vidéo: d’Alzheimer: Si les statines sont aussi intéressantes, pourquoi n’en prescrit-on pas à tout le monde?
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