Mécanisme de la dépendance tabagique
Malgré son apparente banalité, l’usage de la cigarette doit être considéré, pour la plupart des fumeurs, comme la conséquence d’une véritable dépendance, d’une addiction. Toutes les données cliniques, epidemiologiques et surtout neurobiologiques concordent pour confirmer que la nicotine est une substance très auditive, au même titre que l’ héroïne et la cocaïne. Ceci explique toutes les difficultés de l’ arrêt du tabac dans certains cas. Pour aider au mieux le fumeur dans sa démarche, il est évidemment indispensable de connaître les mécanismes de la dépendance tabagique; celle-ci a d’ailleurs de très nombreux points communs avec les autres dépendances. La tendance actuelle est de regrouper ces anomalies sous le nom de conduites additives, qu’il s’agisse de la consommation d’une substance ou par extension d’un comportement compulsif comme celui des achats, du jeu, de la boulimie nerveuse… et même de l’addiction sexuelle. Toute dépendance est un phénomène très complexe, ou sont associés et intrigues des mécanismes comportementaux et pharmacologiques: le tabagisme est un comportement entretenu et amplifie par une dépendance pharmacologique dont la nicotine est responsable.
Quelques données de base concernant la psychologie comportementale :
Tout comportement a été progressivement appris et il est ensuite renforce par des «réflexes conditionnes operants». Selon la description de Skinner », tous nos comportements peuvent se réduire a deux grands types:
— Un comportement d’approche, d’acquisition, permettant de se procurer une substance indispensable a la vie ou agréable. Le sujet renouvelle l’action si celle-ci a des conséquences positives, s’il en ressent un bienfait, un avantage; c’est le renforcement positif.
— Un comportement de fuite, d’evitement pour échapper a un danger ou pour soulager un état de malaise et ainsi supprimer une sensation désagréable; c’est le renforcement négatif.
Dans ces deux situations, le comportement amène une « recompense », c’est-a-dire un mieux-être, ce qui conduit a renouveler l’ action.
il y a inversement les situations de « punition »: •punition positive, lorsque le comportement fait apparaître des sensations ou stimulations négatives;
punition négative, lorsque le comportement fait disparaître des sensations positives.
Dans ces deux cas, il y a inhibition du comportement. Ainsi tous nos comportements sont-ils controles par la multiplicité des conséquences incitatrices ou inhibitrices. Les renforcements opérants sont essentiels pour comprendre l’installation et la poursuite du tabagisme. Les effets psycho actifs de la nicotine plaisir, détente, stimulation expliquent le renforcement positif qui survient très précocement des les premières semaines de l’ évolution du tabagisme. Le ren-forcement negatif apparaît plus tardivement: les sensations de manque et de besoin, qui se produisent des que le sujet est prive, ne fussent que quelques heures, des apports de nicotine, conduisent alors a des consommations de plus en plus importantes.
Les sensations de «punition» interviennent surtout au cours de révolution:
— Lors d’une tentative d’arret, si le syndrome de sevrage est important et très pénible, le sujet finira par renoncer a son nouveau comportement d’abstinence… et il refermera.
— Inversement en cas de rechute, si le sujet avait déjà ressenti les bienfaits de l’arret et les méfaits de la reprise de la cigarette, cela pourra le conduire a arrêter de nouveau.
L’effet d’un stimulus positif ou négatif varie suivant la période ou il se produit: le petit plaisir ou le moment de détente obtenu en quelques secondes par une cigarette a un très fort effet réformateur du comportement par comparaison a un stimulus beaucoup plus important, mais lointain, par exemples le risque de cancer. L’effet renforgateur est encore majore lorsque le stimulus est très souvent renouvelé. La rapidité des effets obtenus en fumant une cigarette explique que celle-ci constitue l’instrument le plus efficace et donc le plus redoutable pour induire la dépendance. Cette situation a été très bien décrite par J. Hamburger12 dans son livre Dictionnaire Promenade:
«Les etres humains sont ainsi faits, qu’il leur est difficile de ressentir a l’avance un événement futur. La force du temps présent interdit au temps lointain de nous trop inquiéter. Boire et fumer effacent l’inquietude et le malheur… Aujourd’hui a sur l’esprit plus de pouvoir que demain.»
Pour les comportements, les faits essentiels sont donc l’apprentissage et les renforcements. La connaissance des mécanismes comportementaux est indispensable pour choisir les meilleures stratégies de lutte contre le tabagisme.