Typologie des fumeurs
Les facteurs responsables de l’induction et de la pour-suite du tabagisme sont donc extrêmement nombreux et, pour pouvoir lutter avec efficacité contre lui, leur étude est indispensable il faut bien les connaître pour pouvoir les vaincre.
— Le fait est maintenant bien démontre, le tabac et singulièrement la cigarette doivent être considères comme une drogue, la nicotine étant responsable de la dépendance.
— La survenue de l’addiction tabagique résulte toujours de la rencontre:
• d’une substance a effet psychoactif, la nicotine,
• d’un environnement et d’un milieu socioculturel,
• d’un individu avec sa vulnérabilité psychologique, personnels a la fois innée et acquise.
La nicotine, substance psychoactive
La substance psychoactive est l’alcaloi’de principal de la feuille de tabac, la nicotine; sa fixation sur les récepteurs nicotiniques neuronaux du système nerveux central explique la dépendance pharmacologique. Le renforcement du comportement est lie aux effets psychoactifs de cette substance et a son pouvoir addictif.
Les modalités variables de l’utilisation du tabac au cours des siècles ont influence l’ intensité des dépendances et des risques. Jusqu’aux annees 1900, pendant plus de trois siècles, l’usage du tabac se faisait sous forme de pipe, cigare, prise nasale, chique. Les risques existaient et étaient avant tout locaux, mais ils étaient moindres, car la consommation était moins importante et il n’y avait pas l’inhalation de la fumée. La dépendance était surtout psychologique comme le montrent les textes d’alors, décrivant avec emphase les plaisirs et les bienfaits du cigare et de la pipe!
Tout a change en moins de cent ans avec l’arrivee de la cigarette; l’inhalation de la fumée aboutit a un apport massif et rapide de nicotine sous forme de « shoot», avec répétition des stimule: pour toutes les drogues, l’intensite et la rapidité avec lesquelles la substance pénètre dans l’organisme conditionnent la survenue de l’addiction; par exemples, l’utilisation de la cocaïne pure en remplacement de la feuille de coca est a l’origine d’une toxicomanie grave, ce qui n’est pas le cas de la feuille mâchée.
Ainsi la cigarette, par sa large disponibilité, par sa très grande facilite d’emploi et surtout par son grand pouvoir d’induction de la dépendance, est-elle devenue le mode quasi exclusif de consommation de tabac; elle induit en effet une dépendance beaucoup plus forte et surtout elle est responsable de la dépendance physique, qui aboutit a la compulsion, c’est- à-dire, a une consommation de plus en plus abondante. Le fumeur de cigarettes « dependant» fume toujours plus de vingt I cigarettes par jour, donc plus d’une cigarette a l’heure et parfois deux, ce qui représente au moins deux cents shoots de nicotine par jour. La dépendance physique est alors installée et l’arret est toujours un processus difficile et très long.
Lorsque Ton compare la puissance addictive des différentes drogues, la nicotine doit être placée au premier rang, au même niveau que l’heroine. Ceci est bien mis en évidence dans les deux tableaux qui décrivent le pourcentage de sujets devenant dépendants, après essai d’une drogue et les taux d’abstinence a six mois pour différentes drogues.
La pratique quotidienne confirme ce fait: lorsque des ] fumeurs, anciens alcoolodependants, souhaitent interrompre leur dépendance tabagique, ils sont unanimes a dire que l’arret du tabac est beaucoup plus difficile que celui de l’alcool.
II en est de même pour d’anciens heroi’nomanes qui confirment que la privation de cigarette est presque aussi pénible que celle de l’heroine, bien que les difficultés soient d’un autre ordre. L’un d’eux nous a même dit: « Pour la cigarette, c’est plus complique, car s’il est difficile de se procurer de l’heroi’ne, le tabac est en vente libre a tous les coins de rue.»
Le drame du tabagisme s’explique: le fumeur fume pour 1 ressentir les « bienfaits » de la nicotine et éviter la sensation de manque; mais en absorbant la nicotine, il y a en même temps le CO, les irritants, les goudrons cancérigènes et toutes les substances toxiques du tabac. Cette notion a des conséquences pratiques très importantes: dans certains cas non exceptionnels ou l’arret n’est pas possible, l’objectif doit alors devenir la réduction du risque, éventuellement en continuant l’administration de nicotine sous une autre forme que le tabac.
L ’environnement et le milieu socioculturel
L’environnement et le milieu socioculturel jouent un rôle très important dans le tabagisme. Leur influence est majeure; la présence des fumeurs alentour, la pression sociale et en particulier l’action des publicitaires, la large disponibilité du produit, tout concourt a encourager 1’adolescent a commencer a fumer… et a continuer. Le milieu de vie est également essentiel: d’apres toutes les données epidemiologiques actuelles, les milieux socio-economiques defavorises paient un lourd tribut au tabagisme, ou il reste très fréquent chez l’adolescent et chez l’adulte; c’est dans les classes ou le niveau scolaire est le moins bon qu’il y a le plus d’adolescents fumeurs. Pour les hommes comme pour les femmes a l’heure actuelle, il y a la un rite de civilisation, une tradition de vie qui rejoint la consommation excessive de boissons alcoolisées: alcool et tabac sont d’ailleurs etroitement associés.
La vulnérabilité personnelle
La vulnérabilité personnelle, les caractéristiques psychologiques ont fait l’objet d’innombrables travaux. Certains ont cherche un profil type, ce qui évidemment est illusoire. Un comportement qui touche près d’un tiers de la population adulte, avec une forte dépendance pour 10% de la population globale, soit près de 5 millions de Français, ne peut pas présenter de caractéristiques univoques.