Tabac et activités physiques et sportives
Le tabagisme, par ses effets nocifs sur les systèmes cardiaque et pulmonaire, limite les capacités physiques a l’effort, en particulier par une réduction de la fonction respiratoire et l’absorption d’oxyde de carbone (CO), qui empêche un apport normal d’oxygene aux tissus. il s’y ajoute des troubles métaboliques, une baisse de la glycémie, avec une diminution des apports de glucose vers les muscles et surtout une augmentation des taux d’acide lactique sanguin, facteur de moins bon fonctionnement musculaire.
Tout ceci explique que, chez les sportifs et les pratiquants réguliers d’une activité physique, le tabagisme soit moins fre-quent : cela est surtout vrai pour les sports individuels neces- sitant un effort physique intense et prolonge comme la natation, le vélo, la course a pied. Mais souvent dans les sports exerce en équipe, en particulier le football et le rugby, la cigarette est très fréquente dans les vestiaires après le match; c’est le cas aussi de la fameuse troisième mi-temps dans les matchs de rugby, ou alcool et tabac sont toujours présents…
Intérêt du sport pour la lutte contre le tabagisme
L’activité physique et sportive est un facteur très important de lutte contre le tabac. Chez l’enfant et l’adolescent, le sport est indiscutablement un des éléments les plus efficaces pour prévenir et résister a l’entree dans le tabagisme. il faut par l’éducation sanitaire expliquer que celui qui est fort est celui qui ne fume pas et peut pratiquer une activite physique intense.
L’activité physique présente plusieurs avantages:
— Elle peut constituer un plaisir, être valorisante; la perfor-mance, qui implique une forme physique optimale, est un objectif toujours présent chez les jeunes sportifs et un argument très fort pour rejeter les cigarettes.
— Elle constitue indiscutablement un facteur d’equilibre psychologique avec une action tranquillisants, psychostimulante, régulatrice de l’humeur.
Mais il faut éviter les écueils: le chauvinisme et l’excitation pathologique des clubs de supporters, ou la consommation de bière et autres boissons alcoolisées constitue toujours un risque important; mais également l’esprit de compétition pousse a l’extreme, surtout lorsqu’il y a des enjeux financiers: il risque de conduire a des efforts exces- sifs, au dopage et a tous ses risques.
Chez l’adulte, l’activite sportive est un excellent élément de motivation a l’arret du tabac, tres souvent signale par ceux qui souhaitent arrêter de fumer. il faut agir dans ce sens en conseillant la continuation et surtout la reprise de l’activite sportive et profiter de cette motivation pour mettre en place l’aide au sevrage. Une étude italienne a montre que les conseils d’arret du tabagisme étaient mieux suivis au-dela de quarante ans, surtout si le sujet pratiquait un sport d’endurance. L’exer- cice physique joue également un rôle important pour la prévention de la prise de poids; il peut également constituer une compensation a la perte du plaisir de la cigarette.
Mais il y a aussi les versants négatifs du sport.
— Le tabac implique des risques, surtout chez les vétérans: le fumeur ou l’ex-fumeur non entraîne qui veut se remettre au sport doit savoir qu’au-dela de quarante-cinq/cinquante ans, il y a un risque d’accident cardio-vasculaire; bien entendu, avant la reprise de l’activite sportive, un examen cardiaque avec electrocardiogramme est indispensable; mais ce n’est pas une garantie si retraitement n’est pas progressif et si l’effort est trop intense ou trop brutal; apparaissent aussi particulièrement dangereux la pratique du sport par temps très froid et la douche trop chaude après l’effort.
il faut surtout pratiquer ces exercices sans esprit de com-petition, car celui-ci peut mener a des excès: attention aux tournois de tennis et aux épreuves de course a pied, Paris-Versailles, 20 kilomètres de Paris et autres marathons, car le coup de chaleur et la déshydratation peuvent être fatals!
— La cigarette, par l’apport de nicotine qu’elle represente, peut parfois être considérée comme une substance « dopante»: en effet, la nicotine, par sa fixation sur les récepteurs nicotiniques cérébraux, exerce des propriétés psychoactives, éventuellement capables de favoriser certains sports: elle agit sur la concentration, la vigilance, les capacités sensorielles d’attention visuelle; elle améliore certains réflexes sensitivo-moteurs, avec une plus grande précision des réponses et des temps de réaction plus courts. Le fait de fumer des cigarettes ou des cigarillos peut favoriser les performances dans les sports d’adresse et de précision, en réduisant l’anxiete, en fa- vorisant la concentration et la rapidité des reflexes.
Nous avons plusieurs exemples de joueurs de golf, de tennis, de tir a l’arc qui, a l’arrêt du tabac, ont vu leurs per-formances decroitre de façon importante; mais heureuse- ment cet effet n’a ete que transitoire, seulement pendant quelques semaines. Cependant, chez un joueur de golf Professional, cette situation, qui se prolongeait, a ete la cause de la reprise du tabagisme.
Dans un autre cas, l’effet stimulant de la gomme-nicotine a ete observe chez un pratiquant du tir au pistolet: ayant arrête de fumer en utilisant ce traitement de substitution, ce sportif a remarque l’augmentation du niveau de ses performances, tout a fait parallèle au nombre de gommes consommées. Comme toute tentative de réduction du nombre dégommes a ete suivie d’une baisse de son efficacité au tir, cet homme est reste dépendant a la gomme-nicotine; s’il en l’prend une ou deux avant la compétition, il améliore sa precision et sa rapidité, comme le montre révolution des scores réalises dans ce sport. Ce paradoxe apparent s’explique ainsi: le sportif recherche et bénéficie des effets neurobiologiques a court terme de la nicotine, sans avoir le temps d’en ressentir les modifications sur le système cardio-vasculaire. Cela n’est vrai bien entendu que pour les sports d’adresse et de précision, ne nécessitant pas d’effort physique prolonge.
Maintenant la nicotine est disponible sous des formes autres que les cigarettes, la gomme, le timbre; dans ces conditions, les risques impliqués par le tabac a fumer, a pri- ser ou a chiquer n’existent plus. Les « benefices » eventuels de la nicotine peuvent alors être obtenus sans les inconve- nients de la fumée et en particulier sans absorption de CO, donc sans réduction des apports d’oxygene: l’utilisation de la nicotine comme substance dopante devient possible! Mais la nicotine n’est pas actuellement inscrite dans la liste officielle 1991 des substances interdites. il semblerait neces- saire de faire une enquête sur son utilisation éventuelle, en effectuant au cours des contrôles habituels, la recherche de cotinine, principal métabolite de la nicotine, dans le sang, les urines ou la salive: ce test ne serait valable que si le sujet n’est pas fumeur!
il faut rapprocher de cette situation le cas des footbal- leurs qui récemment ont ete accuses de dopage pour avoir fume des «joints » et recherche l’effet anxiolytique du cannabis. Faudrait-il alors interdire de fumer aux sportifs de compétition ?