Résultats et éléments de pronostic
Il est toujours difficile de donner des résultats chiffres sur la réussite ou l’echec du sevrage tabagique, tant révolution d’un cas a l’autre est variable au fil des mois et tant sont nombreux, nous l’avons vu tout au long de ce récit, les facteurs capables d’influencer le pronostic. On ne peut pas appliquer a un comportement humain les régies scientifiques habituellement utilisées dans les essais thérapeutiques.
Certains fumeurs, même avec une forte consommation, arrêtent seuls, sans trop de difficultés apparentes a court terme, ou avec l’aide d’une «methode» plus ou moins magique a laquelle ils croient et qui a ainsi un très bon effet placebo. Ils reconnaissent souvent quelques mois plus tard avoir pris quelques kilos, cinq, dix, parfois plus, ce qu’ils supportent bien.
En réalité, la réussite du sevrage est toujours le fruit d’une tres forte motivation. Le principal facteur est en effet strictement personnel, c’est la motivation propre du fumeur, sa confiance en lui-meme lors de sa démarche. Ces éléments purement subjectifs échappent a toute mesure rigoureuse; des évaluations indirectes sont possibles, mais difficiles et aléatoires.
Le deuxième facteur est le temps: le pourcentage de succès est de 99 % a un jour et il baisse ensuite exponentielle- ment au fil des jours, des semaines et des mois pour aboutir a un an a un chiffre variable.
- En l’absence d’aide et de conseil, 1 a 2 % des fumeurs arrêtent spontanément chaque année.
- Le simple conseil d’ arrêt par le médecin, accompagne d’une brochure sur le tabagisme, double le pourcentage qui atteint 3 a 4 % de fumeurs.
- Un soutien, une aide psychologique ou médicalisée permettent d’augmenter considerablement ces chiffres.
Les facteurs de pronostic
Les facteurs de pronostic sont multiples; ils ont ete étudies dans plusieurs travaux récents , ce qui permet de dega¬ger certaines données générâtes:
- L’age est important; chez 1’adolescent et l’adulte jeune, les arrêts sont rares; la motivation se renforce progressivement au fil des années et les résultats stables sont alors plus fréquents. Par ailleurs, plus Page de début est précoce, plus difficile sera l’arret, car plus forte est la dépendance.
- La démarche est souvent plus aléatoire chez la femme, sans doute en raison de l’ importance des préoccupations de poids et de la fréquence des états anxiodepressifs.
- L’environnement tabagique est, nous y avons longuement insiste, un élément essentiel: les chances de succès peuvent varier du simple au double, selon qu’il y a ou non en permanence des fumeurs dans l’environnement familial ou professionnel, surtout dans les premiers mois.
- L’existence des tentatives antérieures avec arrêts même de courte durée, supérieurs a une semaine, est un facteur favorable et augmente dans des proportions importantes les chances de succès, toutes les statistiques concordent sur ce point. Le fumeur ne doit donc pas avoir de pensées négatives : « J’ai deja essaye plusieurs fois, j’ai échoue ou recommence, je n’y arriverai jamais », mais bien au contraire avoir une vision positive et réelle de l’evenement: « A chaque tentative, j’ai appris quelque chose, je suis donc maintenant plus fort et mieux prépare a réussir.»
- Un autre élément de pronostic défavorable est l’existence de troubles anxieux et dépressifs; en l’absence d’un traite- ment spécifique, l’ arrêt est toujours très difficile et les récidives sont tres fréquentes.
- Les fumeurs pour qui l’ arrêt est impose pour des raisons de santé arrêtent-ils plus facilement ? La notion de maladie liée au tabac, contrairement a ce que l’on pourrait penser, n’est pas toujours un élément favorable; cela dépend essentiellement de l’intensite et de la gravite du trouble. En fait dans cette situation, la décision d’ arrêt n’est ni spontanée, ni personnelle: elle est imposée de l’ extérieur par la maladie ou par le médecin; elle est moins forte. L’experience le montre tous les jours et certaines attitudes conduisent a des incompréhensions.
- Le niveau de la consommation et surtout le degré de dépendance a la nicotine sont des éléments essentiels. Une étude de Blondal apporte sur ce fait des éléments décisifs.
- En l’absence de dépendance a la nicotine, lorsque le score du test de Fagerstrom est inférieur ou égal a 5, les succès a long terme sontproches de 50 %, qu’il y ait ou non traitement nicotinique ! A mesure que la dépendance augmente, le pourcentage de succès diminue pour tomber a moins de 10% pour les scores atteignant ou dépassant 8. C’est essentiellement sur cet élément que peuvent agir les apports de nicotine par la gomme et le timbre, comme le montre de façon remarquable l’etude de la courbe d’abstinence: le traitement efface très clairement les effets de la dépendance physique.