Otite moyenne adhésive
Les poches de rétraction concernant la partie postérieure et supérieure du tympan sont potentiellement dangereuses. Ce sont ces poches situées en regard de l’articulation incudostapédienne et proches de l’additus ad antrum ou, plus haut, celles qui intéressent la pars flaccida. Le problème est qu’elles tendent petit à petit à adhérer aux osselets et à s’invaginer en dedans, vers l’antre mastoïdien ou l’attique. Cela conduit à des complications.
Ces poches de rétraction surviennent chez les individus ayant une longue histoire de dysfonctionnement tubaire entraînant un défaut chronique d’aération de la mastoïde. Les individus normaux développent pendant leur croissance des cellules mastoïdiennes assez volumineuses et ce volume d’air agit comme
« amortisseur » des variations de pression. L’éburnation ou le non-développement des cellules mastoïdiennes prédispose ici aux rétractions profondes.
Un patient porteur d’une poche de rétraction postéro-supérieure « à bas bruit » peut se plaindre des signes habituels de dysfonctionnement tubaire, mais peut aussi n’avoir aucune doléance. À l’examen, on peut voir l’empreinte que l’articulation incudostapédienne fait sur le tympan rétracté, celui-ci moulant parfois étroitement ces osselets . Parfois, la poche d’invaginalion est difficile à distinguer d’une perforation, et en fait, une perforation peut exister dans la poche. Sur le plan diagnostic, la dépression provoquée par l’otoscope pneumatique peut aspirer le tympan à distance des osselets si la poche n’est ni trop profonde, ni adhérente et non perforée. Si le tympan est très adhérent, alors il n’y aura pas de mobilité. C’est cette situation que l’on appelle otite moyenne adhésive. (Sur la figure 5.9 est montrée une profonde rétraction adhérant à l’enclume et à la tête de l’étrier. L’extrémité de l’enclume est un peu érodée, la structure horizontale visible en arrière est le tendon du muscle de l’étrier.)
Une otite adhésive stable peut exister sous forme quiescente pendant des années sans dommage et pour ainsi dire sans gêne auditive. La mise en place d’un aérateur transtympanique à demeure dans la partie antérieure du tympan peut stabiliser la situation. Malheureusement, cependant, il y a une tendance à l’infection et une ostéite localisée de l’enclume ou de la tête de l’étrier survient avec lyse osseuse et formation de tissus granuleux. Il s’agit alors d’une otite adhésive active et elle s’accompagne souvent de tissus de granulation suintants à la partie postéro-supérieure du tympan et d’altération de repères anatomiques. En outre, le patient se plaint d’otorrhée parfois sanglante. Un gros polype (une masse de tissus de granulation) peut se former, obstruant presque toute la partie postérieure du conduit. Ici encore, les germes en cause sont ceux des infections chroniques, comme Pseudomonas.
Un traitement par des gouttes antibio-corticoïdes peut effectivement faire fondre le polype et améliorer la situation. Celui-ci peut aussi être ôté en faisant attention de ne pas arracher l’étrier avec, ce qui est arrivé, car le polype est souvent implanté sur lui. Quel que soit le traitement, il y a une tendance à la persistance ou aux récidives avec lyse de la branche descendante de l’enclume. Les mêmes manifestations et constatations peuvent être faites lors de l’atteinte située au niveau de la pars flaccida sur le col du marteau où les mêmes adhérences, ostéite et granulation, peuvent survenir. L’otite adhésive dans ces deux sites tend à évoluer vers le cholestéatome, et en fait, un polype peut déjà cacher un cholestéatome.
Vidéo : Otite moyenne adhésive
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