L'oreille absolue est-elle inée ?
L’oreille absolue est une réalité: quelques rares privilégiés sont capables d’identifier une note sans aucune référence. Contrairement à leurs collègues, les musiciens « absolus » n’ont pas besoin d’entendre le « la » du diapason pour régler leur capacité d’analyse et savoir jouer une note juste au tiers de ton près. Une part encore plus faible est capable, en outre, de rejouer ou de chanter la note entendue, dans le ton exact, ce qui les prédispose sans nul doute à une carrière de chef d’orchestre. Mais cela ne fait pas forcément d’eux des musiciens, l’oreille absolue ne dispensant pas d’apprendre la musique. La plasticité du cerveau est ainsi faite qu’une aptitude, un « don », génétiquement hérité, peut rester longtemps inconnu de celui ou celle qui en bénéficie s’il n’est pas révélé, puis exercé.
Des spécialistes de l’audition se sont bien sûr penchés sur l’oreille de tels musiciens, mais sans rien déceler de particulier. Toutefois, en soumettant ces mêmes musiciens à des dictées musicales, leurs collègues neurologues se sont aperçus qu’une zone particulièrement importante de leur cerveau était surtout sollicitée: le planum temporal.
Cette aire de la région temporale du cerveau est répartie sur les deux hémisphères. Les non-musiciens utilisent plutôt sa partie droite, tandis que les autres font appel à la gauche. Or, le planum temporal senestre a un rôle important dans le langage. Les musiciens, notamment ceux bénéficiant d’une oreille absolue, considéreraient donc la musique comme un langage. Il en irait de même des personnes qui ont très tôt reçu un enseignement musical, y compris celles qui ne l’ont pas poursuivi à l’âge adulte: leur planum gauche serait plus sollicité que le droit.
Le taux de matière grise (les fibres nerveuses reliant, entre autres, les différentes zones du cerveau entre elles) serait également, chez ces personnes, plus important dans l’aire de Broca, laquelle est fondamentale dans l’acquisition et la conservation du langage. En fait, toutes les zones encéphaliques intervenant dans le langage sont sollicitées par la musique. Les « oreilles absolues » disposeraient seulement d’une capacité d’excitation supérieure à la moyenne.
Il n’est guère étonnant que quelques études aient établi une plus grande occurrence de l’oreille absolue chez certains peuples: les Chinois (parlant le mandarin) et les Russes, identifiés par ces études, parlent en effet des langues dont les tons, pour les premiers, ainsi que la prosodie ou les accents toniques, sont signifiants au même titre que les mots et la grammaire.
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