Les plantes et les aliments transgéniques (OGM)
Il était une fois le gène. Une nouvelle discipline est née au cœur de la biologie, le génie génétique. Un gène détermine un ou plusieurs caractères héréditaires de l’individu qui le contient : par exemple, les yeux bleus chez un homme, forme des feuilles ou résistance aux parasites chez une plante. Les gènes se transmettent de génération en génération par les cellules sexuelles. Ces dernières ne peuvent se féconder qu’à condition d’appartenir à des individus d’une même espèce.
Ceci est une des grandes lois de la nature. L’homme a réussi des hybridations entre individus appartenant à des variétés d’une même espèce ou entre espèces très voisines. S’il dépasse ces limites, la nature se charge d’y remédier. L’exemple du produit de l’âne et du cheval, la mule, est parlant. La mule ne peut procréer et perpétrer une erreur génétique.
Les plantes transgéniques sont une transgression des lois ordinaires de la nature. N’importe quel gène peut désormais être prélevé de l’animal, de la plante, donc de l’homme, pour être introduit dans une autre espèce très éloignée de celle du donneur. On voit déjà des gènes de bactéries greffés sur du maïs pour le rendre plus résistant, des porcs engraisser plus vite car on leur a greffé un gène humain, des chèvres qui produisent du lait destiné à la fabrication de médicaments. Plusieurs gènes peuvent être insérés, c’est le cas du maïs Cb Novartis qui contient un gène induisant la biosynthèse d’un pesticide actif contre la pyrale, un gène de résistance à un antibiotique, l’ampicilline, un gène de tolérance à un herbicide, le glufosinate.
La nature risque de basculer dans un immense désordre qui sera difficilement contrôlable. Une partie des scientifiques, les plus jeunes surtout, sont des irresponsables ! Il y a eu la physique nucléaire et ses conséquences actuelles et futures, aujourd’hui, il y a le génie génétique. Les découvertes scientifiques engendrent l’innovation technologique. Le monde économique s’en empare et s’arrange pour le faire accepter à notre société. Quant au public, c’est-à-dire vous et moi, on s’en moque et il est placé devant le fait accompli. Lorsqu’il s’en aperçoit, on lui décrète qu’il est trop tard, que tout est déjà décidé.
Tous les scientifiques ne sont pas d’accord, heureusement. Un grand nombre d’entre eux s’interrogent et émettent des réserves mais ne les expriment qu’entre les lignes de leurs écrits. Juger les dérives de sa discipline est difficile intellectuellement, mais aussi parfois dangereux pour sa carrière. Une chose est certaine, la science est exempte de tout jugement qualitatif, en d’autres termes, la science ne sait pas ce qui est bien ou ce qui est mal. Elle ne répond que sur le comment faire. De plus, la science bornée, prétend « ce qu’on ne connaît pas n’existe pas » et « ce qu’on n’explique pas n’existe pas ». Il y a quelques années, on ne connaissait pas le prion responsable de la maladie de la vache folle, ni le sida… La génétique est une méthode empirique qui ne permet pas de savoir quels seront les effets possibles des transferts de gènes. Les grands trusts de l’agro- alimentaire nous imposent l’alimentation qu’ils nous concoctent sans nous demander notre avis et surtout sans se préoccuper des conséquences futures, de notre lendemain mais surtout, de l’avenir de nos enfants. De plus, ce qui laisse une impression désagréable et très dérangeante est le fait que les sociétés qui produisent les graines transgéniques sont les mêmes qui, jusque-là, se partageaient les 80 % du marché des engrais chimiques et des pesticides.
« La nature n’admet pas la plaisanterie » ; elle est toujours vraie, toujours sérieuse, toujours sévère ; elle a toujours raison. I es fautes et les erreurs viennent toujours de l’homme (Goethe).
Pour en savoir plus, je vous conseille vivement de lire le remarquable ouvrage de Jean-Marie Pelt : « Plantes et aliments transgéniques », ainsi que le dernier ouvrage de Bernard Herzogh, OGM, « Les prémisses d’une catastrophe », édité au Canada en 2000.