Les amphétamines clandestines : Littérature autorisée sur des opérations illicites
Le mode opératoire qui doit être suivi pour réaliser les opérations de synthèse d’amphétamines peut être trouvé facilement sur Internet. Toutefois, les informations qui figurent sous cette forme sont, le plus souvent, sommaires et difficiles à mettre concrètement en œuvre. Mais il existe des livres qui donnent, eux, une description détaillée du protocole à suivre. Bien qu’ils décrivent des opérations illicites, ces livres sont en vente sous des titres très explicites. Par exemple : Advanced Techniques of Clandestine Psychedelic and Amphetamine Manufacture publié par Loompanics Unlimited sous le pseudonyme de « Uncle Fester »’, ou encore, sous la même signature de Uncle Fester : Secrets of Metham- phetamine Manufacture (même éditeur, 2002). D’autres livres s’attachent plus précisément aux problèmes logistiques rencontrés dans ce type de projets ; ainsi, par exemple, le livre signé Jack Wimble intitulé The Construction and Opération of Clandestine Drug Laboratories (Loompanics Unlimited, 1994).
Le 1er Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression à tous les citoyens, n’est pas pour rien dans le paradoxe apparent que représente l’existence de ces ouvrages qui semblent être des incitations à s’engager dans des activités illégales. On trouve, en général, au début du livre, un bref avertissement de l’éditeur, de tonalité ironique, qui précise que le texte n’est pas publié pour provoquer une quelconque émulation dans la fabrication de substances prohibées mais uniquement pour informer le public et les autorités des procédures couramment suivies pour la synthèse de ces produits.
Loopanics Unlimited est un éditeur spécialisé dans la publication de ce type d’ouvrages. Sa devise est : « Plus de secrets, plus de limites ». Il préconise une « exploitation illimitée du potentiel individuel ». Il exalte l’immortel sens de la liberté et l’esprit de résistance à la tyrannie, explique Michael Hoy, président et fondateur de la compagnie. Hoy dit assumer le fait que les textes qu’il publie ont trait à des activités qui sont prohibées par la loi. Il se défend cependant d’inciter à une quelconque transgression.
Il ne manque jamais de faire remarquer que, si on devait mettre le contenu des livres sur le même plan que les actes qui y sont décrits, alors il faudrait, en premier lieu, blâmer l’armée américaine. Son US Army Field Marnai, recueil illustré des manières les plus efficaces d’occire un être humain, utilisé pour l’entraînement des soldats, devrait, en effet, être considéré comme le plus dangereux et le plus subversif des bréviaires. Or, ajoute Hoy : « Ces mêmes soldats, vous les croisez tous les jours en civil dans la rue. Gomme vous pouvez le constater avec soulagement, le fait d’avoir été informés sur des techniques les plus efficaces pour donner la mort ne fait pas d’eux automatiquement des meurtriers. »
Cette facilité de production de la methamphétamine va conduire à un large développement des laboratoires clandestins. En 1984, les Nations Unies, se rendant finalement aux arguments de la Suède, chargeront une commission de préparer un texte qui « prenne en considération certains aspects jusqu’ici négligés », c’est-à-dire la question des précurseurs. Il s’agira donc cette fois d’élaborer une convention, non sur les substances psychoactives elles-mêmes, mais sur les produits qui servent à les fabriquer.
Ce travail aboutira, en 1988, à une nouvelle convention qui définira deux nouveaux tableaux de substances interdites : un tableau des précurseurs – y figure, par exemple, l’éphédrine et un tableau des solvants — y figure, par exemple, le toluène. Mais d’autres précurseurs que l’éphédrine peuvent être utilisés (la pseudo-éphédrine, par exemple, qui, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, n’est pas une fausse éphédrine, mais un isomère optique de l’éphédrine qui ne modifie rien au produit final obtenu lorsqu’on lui applique le même traitement qu’à l’éphédrine), d’autres solvants aussi peuvent remplacer le toluène, de sorte que l’interdiction ne fait toujours que déplacer le problème sans jamais en venir à bout.
D’ailleurs, certains indicateurs montrent que, même après l’interdiction des précurseurs, la consommation générale des psychotropes de synthèse prohibés a continué d’augmenter. Les mesures prises jusque-là avaient pourtant bien atteint un de leurs objectifs : elles étaient parvenues à réduire la toxicomanie. Mais dans le même temps, tout indiquait que l’usage de drogue, lui, avait globalement augmenté. En d’autres termes, contrairement à ce qui s’était passé en Suède, c’est la consommation non liée à une toxicomanie qui avait augmenté.
Ainsi que le relève une étude britannique parue dans la revue Addiction’, la grande majorité des utilisateurs de psychotropes de synthèse n’a jamais eu affaire ni à la police ni aux associations de toxicomanes. Ils n’en ont d’ailleurs nul besoin, car ils maîtrisent eux-mêmes soigneusement leur consommation : avertis des risques qu’elle comporte, ils contrôlent les tendances à l’addiction dont ils savent qu’elles représentent le principal danger dans l’usage de ces substances. Astrid Fontaine a montré dans son livre Double vie, les drogues et le travail), qu’une part de plus en plus large des consommations de drogue échappait ainsi à l’attention des enquêteurs et des commentateurs, faute d’être liée à une forme de toxicomanie.
C’est cet aspect de la consommation de psychotrope qui, en augmentant, a fait croître la consommation générale alors même que les cas de toxicomanie avérée se faisaient plus rares. Cette forme de consommation est plus difficile encore à suivre et à analyser que la précédente car elle est intégrée dans la vie de travail et n’occasionne pas de problème de santé publique. Elle ne donne lieu à aucun comportement déviant. Le problème sanitaire lié à la drogue paraît donc s’estomper, mais tout indique qu’un problème économique de la drogue a fait son apparition. En dépit des nombreuses mesures adoptées pour la combattre, l’économie de la drogue demeure florissante.
Le 1er Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression à tous les citoyens, n’est pas pour rien dans le paradoxe apparent que représente l’existence de ces ouvrages qui semblent être des incitations à s’engager dans des activités illégales. On trouve, en général, au début du livre, un bref avertissement de l’éditeur, de tonalité ironique, qui précise que le texte n’est pas publié pour provoquer une quelconque émulation dans la fabrication de substances prohibées mais uniquement pour informer le public et les autorités des procédures couramment suivies pour la synthèse de ces produits.
Loopanics Unlimited est un éditeur spécialisé dans la publication de ce type d’ouvrages. Sa devise est : « Plus de secrets, plus de limites ». Il préconise une « exploitation illimitée du potentiel individuel ». Il exalte l’immortel sens de la liberté et l’esprit de résistance à la tyrannie, explique Michael Hoy, président et fondateur de la compagnie. Hoy dit assumer le fait que les textes qu’il publie ont trait à des activités qui sont prohibées par la loi. Il se défend cependant d’inciter à une quelconque transgression.
Il ne manque jamais de faire remarquer que, si on devait mettre le contenu des livres sur le même plan que les actes qui y sont décrits, alors il faudrait, en premier lieu, blâmer l’armée américaine. Son US Army Field Marnai, recueil illustré des manières les plus efficaces d’occire un être humain, utilisé pour l’entraînement des soldats, devrait, en effet, être considéré comme le plus dangereux et le plus subversif des bréviaires. Or, ajoute Hoy : « Ces mêmes soldats, vous les croisez tous les jours en civil dans la rue. Gomme vous pouvez le constater avec soulagement, le fait d’avoir été informés sur des techniques les plus efficaces pour donner la mort ne fait pas d’eux automatiquement des meurtriers. »
Cette facilité de production de la methamphétamine va conduire à un large développement des laboratoires clandestins. En 1984, les Nations Unies, se rendant finalement aux arguments de la Suède, chargeront une commission de préparer un texte qui « prenne en considération certains aspects jusqu’ici négligés », c’est-à-dire la question des précurseurs. Il s’agira donc cette fois d’élaborer une convention, non sur les substances psychoactives elles-mêmes, mais sur les produits qui servent à les fabriquer.
Ce travail aboutira, en 1988, à une nouvelle convention qui définira deux nouveaux tableaux de substances interdites : un tableau des précurseurs – y figure, par exemple, l’éphédrine et un tableau des solvants — y figure, par exemple, le toluène. Mais d’autres précurseurs que l’éphédrine peuvent être utilisés (la pseudo-éphédrine, par exemple, qui, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, n’est pas une fausse éphédrine, mais un isomère optique de l’éphédrine qui ne modifie rien au produit final obtenu lorsqu’on lui applique le même traitement qu’à l’éphédrine), d’autres solvants aussi peuvent remplacer le toluène, de sorte que l’interdiction ne fait toujours que déplacer le problème sans jamais en venir à bout.
D’ailleurs, certains indicateurs montrent que, même après l’interdiction des précurseurs, la consommation générale des psychotropes de synthèse prohibés a continué d’augmenter. Les mesures prises jusque-là avaient pourtant bien atteint un de leurs objectifs : elles étaient parvenues à réduire la toxicomanie. Mais dans le même temps, tout indiquait que l’usage de drogue, lui, avait globalement augmenté. En d’autres termes, contrairement à ce qui s’était passé en Suède, c’est la consommation non liée à une toxicomanie qui avait augmenté.
Ainsi que le relève une étude britannique parue dans la revue Addiction’, la grande majorité des utilisateurs de psychotropes de synthèse n’a jamais eu affaire ni à la police ni aux associations de toxicomanes. Ils n’en ont d’ailleurs nul besoin, car ils maîtrisent eux-mêmes soigneusement leur consommation : avertis des risques qu’elle comporte, ils contrôlent les tendances à l’addiction dont ils savent qu’elles représentent le principal danger dans l’usage de ces substances. Astrid Fontaine a montré dans son livre Double vie, les drogues et le travail), qu’une part de plus en plus large des consommations de drogue échappait ainsi à l’attention des enquêteurs et des commentateurs, faute d’être liée à une forme de toxicomanie.
C’est cet aspect de la consommation de psychotrope qui, en augmentant, a fait croître la consommation générale alors même que les cas de toxicomanie avérée se faisaient plus rares. Cette forme de consommation est plus difficile encore à suivre et à analyser que la précédente car elle est intégrée dans la vie de travail et n’occasionne pas de problème de santé publique. Elle ne donne lieu à aucun comportement déviant. Le problème sanitaire lié à la drogue paraît donc s’estomper, mais tout indique qu’un problème économique de la drogue a fait son apparition. En dépit des nombreuses mesures adoptées pour la combattre, l’économie de la drogue demeure florissante.