Le traitement de la dépendance tabagique : Les méthodes obsolètes
Pour les autres thérapeutiques proposées, certaines n’ont aucune action réelle démontrée scientifiquement et peuvent done etre considérées comme ayant un effet «placebo». Il en est ainsi de toutes les médecines dites douces, parallèles: acupuncture, auriculo-puncture, reflexotherapie, massothérapie… Ceci ne veut pas dire que leur interet soit nul. Des arrêts du tabagisme peuvent éventuellement être obtenus chez des fumeurs peu dependants; ils sont alors lies a la prise en charge particuliere qu’impliquent ces techniques et a l’attrait pour le merveilleux, le sumaturel qui persiste au fond de l’âme humaine… ce qui renforce l’effet placebo.
Elles sont également très utilisées par certains fumeurs dont l’engagement personnel est faible et qui espèrent trouver ainsi la « potion magique » ou le «true » qui viendra supplier leur motivation incertaine, mais, bien entendu, ils échouent… Pour d’autres fumeurs, bien motives mais tres dépendants, la détresse et l’angoisse sont telles qu’ils veulent tout essayer pour se liberer de cet esclavage; ces « méthodes » ne les aident pas, bien entendu ; le risque est alors, et je l’ai observe souvent, de voir ces malheureux perdre une partie de leur motivation. La nouvelle « méthode miracle », et hélas souvent couteuse, n’a pas reussi, donc l’arrêt est impossible. C’est l’autre danger de ces démarches empiriques et non éprouvées.
L’hypnose est souvent utilisée, car elle a également une image magique; par certains aspects, elle se rapproche des psychotherapies cognitives, mais, la aussi, les evaluations scientifiques recentes n’ont pas apporte la preuve d’une action réelle .
D’autres thérapeutiques sont utiles lors d’une premiere tentative : ce sont en particulier les therapies de groupe. Elles reposent d’ailleurs en partie sur des stratégies comportementales ; elles peuvent être réalisées dans le cadre de collectivites et en particulier d’entreprises et il y a indiscutablement en ce domaine un effet renforcement lorsque l’ arrêt est réalise par plusieurs personnes simultanément, chacune soutenant et encourageant l’autre. C’est le même principe que celui utilise par le groupe Weight-Watchers pour le poids.
Un autre exemple, bien connu et tres utilise est le « Plan de 5 jours », avec des succes indiscutables, mais la nécessite de réserves:
Les taux de succes sont certes de 85 a 90 % a 5 jours, mais que se passe-t-il plus tard ?
Aucune evaluation des dependances n’est faite au debut; le suivi et la prevention des recidives ne sont pas mis en place. Il ne faut pas 1’oublier, pour certains le probleme du sevrage tabagique est tres complexe et ne se resout pas en 5 jours, ni meme en 5 semaines… Pour exemple, nous pouvons citer les observations de trois ex-fumeurs ayant arrete, d’ailleurs facilement, lors d’un plan de 5 jours; mais ils ont developpe quelques semaines plus tard un etat depressif grave, eventualite maintenant bien connue au décours du sevrage. On peut cependant considerer que cette approche
par thérapie de groupe est certainement utile comme première demarche. Des fumeurs reussissent ainsi a arreter, avec un double benefice pour eux-memes et pour la collectivite; mais ils devraient etre avertis que c’est une premiere etape, qu’un suivi est toujours indispensable et qu’en cas d’echec, d’autres strategies efficaces sont possibles.
Les cigarettes sans tabac ont ete autrefois utilisées avec quelques resultats favorables, leur but etant de supprimer l’envie de fumer en retirant des cigarettes la nicotine responsable de la dependance du fumeur. Mais actuellement, leur place est de plus en plus limitee. Ces cigarettes sont fabriquées avec des plantes, tussilage et autres; certes, elles ne contiennent pas de tabac, mais leur fumee foumit inevitablement du monoxyde de carbone (CO), des goudrons et toutes les substances irritantes; seule manque la nicotine, mais comme le fumeur en a besoin, inconsciemment il«tire » très fort sur ses cigarettes et inhale ainsi de façon intense tous les toxiques. Outre l’odeur de la fumée dégagée fort desagreable pour l’entourage, leur utilisation peut même être dangereuse, comme nous l’avons vu dans quelques observations.
Des sujets traites par gomme ou timbre-nicotine, sans doute a dose insuffisante, ont eu l’idee, pour calmer une envie de fumer persistante, de recourir a ces cigarettes sans tabac, done sans danger dans leur esprit. Mais d’un cote l’apport de nicotine et de l’autre l’inhalation de CO, reviennent a fumer une «vraie» cigarette, avec tous les risques que cela comporte : dans cette situation, a deux reprises nous avons observe des crises d’angine de poitrine. Les cigarettes sans tabac ne doivent done pas etre utilisees en cas de traitement nicotinique; leur utilisation doit etre reservee aux fumeurs peu ou pas dependants, a faible consommation, en precisant bien que leur emploi ne doit pas exceder quelques semaines, le risque de cancer lie aux goudrons etant au moins egal a celui des cigarettes.