Le tabac
Les cigarettes légères ne sont pas moins nocives que les autres
Le principe de « légèreté » de ia cigarette n’est qu’un argument de vente, afin de convaincre les consommateurs que l’on peut fumer sans danger, ce qui est faux. En effet, de nombreuses études ont montré le paradoxe suivant : des cigarettes à faible teneur en nicotine conduisent le plus souvent le fumeur à modifier sa façon de fumer : il consomme davantage de cigarettes, conserve la fumée plus longtemps dans ses poumons, et les consume jusqu’au mégot, inhalant alors un concentré de produits toxiques.
De plus, les travaux d’une équipe américaine du Massachusetts Général Hospital de Boston ont montré que le cancer du poumon n’est pas fonction de la quantité de goudron inhalé. Toutes les cigarettes sont nocives, quelle que soit leur teneur en goudron et l’étude n’a révélé aucune différence dans le taux de mortalité par cancer du poumon entre ceux qui fumaient des medium avec filtre et les adeptes des légères (mildou ultra light).
La seule différence mise en évidence dans cette étude est que ceux qui fument des cigarettes fortes sans filtre présentent un plus grand risque de cancer du poumon que ceux qui fument des cigarettes classiques avec filtre.
C’est pourquoi, en 2001, l’Union européenne a interdit l’utilisation de mentions comme « légères » {mild, light et low tare n anglais) sur les paquets de cigarettes et un traité adopté l’an dernier par l’organisation mondiale de la santé (OMS) limite également l’utilisation de ces termes.
Ils trompent en effet les usagers quant à la dangerosité des produits qu’ils consomment, tout comme les images que les fabricants associent à leurs produits (aventure, liberté, grands espaces, performance) visent à leur accoler une image trompeuse, quand on sait que leur utilisation conduit à la dépendance plus qu’à la liberté, à la contrainte plus qu’à l’aventure, à l’exiguïté d’une chambre d’hôpital plus qu’aux grands espaces, et au handicap plus qu’à la performance.
II faut beaucoup de temps pour devenir dépendant du tabac ?
rapidement, et s’installe d’autant plus vite que les utilisateurs sont jeunes. Les chiffres dont on dispose sont à cet égard alarmants : selon la Fédération française de cardiologie, l’âge moyen de la première cigarette tend à rester stable ces dernières années, autour de 11,4 ans ! Et il semble qu’il suffise de quelques cigarettes assez rapprochées pour qu’une dépendance s’installe déjà et se confirme au fur et à mesure de la consommation. Ainsi, à 15 ans, la moitié des jeunes fumeurs a déjà essayé sans succès d’arrêter sa consommation. Cette précocité de la dépendance au tabac est confirmée par d’autres statistiques : autant, en ce qui concerne l’alcool, la majorité de ses consommateurs en ont un usage modéré sans dépendance, autant, en ce qui concerne le tabac, le nombre estimé de personnes dépendantes est le même que celui des fumeurs réguliers, soit 11,9 millions ! Cela signifie qu’il n’y a pas de « petits » fumeurs, ou de fumeurs « récréatifs sans risque » : quand on fume, on est quasi certain d’être ou de devenir dépendant ! Il suffit aussi de regarder autour de nous la difficulté qu’ont les gens pour arrêter, quelles que soient les méthodes utilisées (patch, gommes à la nicotine, traitements médicamenteux…). La nicotine, l’un des trois mille principes actifs du tabac, est certainement de toutes les drogues celle qui engendre le plus sûrement une dépendance. De ce point de vue, c’est une vraie « drogue dure ».
Les cigares ne sont pas moins dangereux que les cigarettes
On l’entend souvent, y compris dans la bouche de certains députés membres du club très fermé des parlementaires amateurs de cigares. Il n’y a pas à ce jour d’études établissant une équivalence entre une taille référence de cigare et un nombre de cigarettes standard. On peut néanmoins faire une estimation, sachant que le poids d’un cigare peut varier de 6 à 21 grammes environ selon sa taille et qu’une cigarette pèse 1 gramme.
Quant à la toxicité de la consommation de cigares, elle est potentiellement plus grande que celle de la cigarette : d’une part parce que la fumée n’est pas filtrée, et d’autre part, parce que la feuille de tabac qui l’entoure ne permet pas, contrairement au papier, l’évaporation d’une partie des substances dégagées par la combustion. Or, contrairement à une idée reçue, l’essentiel des substances nocives sont issues de la combustion du tabac, et non de celle du papier ! Les cigares sont donc aussi nocifs pour la santé, voire davantage, que les cigarettes.
Il faut souligner aussi que la façon de fumer peut encore aggraver cette dangerosité : de nombreux fumeurs de cigares précisent que, contrairement à la cigarette, il ne faut pas « avaler » la fumée mais la garder dans la bouche. Or, les fumeurs de cigarettes qui passent au cigare continuent le plus souvent à fumer comme ils le faisaient auparavant, en inhalant profondément la fumée, ce qui majore l’exposition des voies respiratoires à des goudrons plus denses et plus toxiques que ceux des cigarettes.
Même les amateurs de cigares retenant la fumée dans la bouche ont quatre fois plus de risques de mourir de cancer buccal, laryngé ou pharyngé, et trois fois plus de risques d’avoir le cancer des poumons que les non-fumeurs !
Par ailleurs, comme pour la cigarette, la dangerosité du cigare dépend bien sûr des quantités consommées, mais aussi de la durée de la consommation (donc de l’exposition aux substances toxiques, cancérigènes ou autres).
Ainsi, quelqu’un qui fume moins de dix cigarettes par jour (ou probablement un cigare par jour) voit les risques augmenter de façon significative au fur et à mesure de l’allongement de sa durée de consommation. Et, de fait, la plupart des maladies liées au tabac (maladies cardiovasculaires, cancers…) se déclarent après plusieurs années de consommation, exception faite de la fragilisation des voies respiratoires due à l’absorption des fumées, qui peut se manifester précocement et se traduire par davantage de rhinopharyngites, bronchites, laryngites, etc.