Le processus de la maladie du SIDA (VIH)
L’évolution de la maladie comporte trois phases :
- Celle dite asymptomatique
- Celle symptomatique non
sidéenne. - Celle du SIDA proprement dite.
La phase sans symptômes évidents
La première période commence avec la phase aiguë de primo-infection qui survient dans un délai de 15 jours à 3 mois après le contact infectieux, Cette phase ne présente des symptômes cliniques que dans 20 à 50 % des cas. L’infection évoque alors la mononucléose infectieuse : adénopathies cervicales disséminées (affection des ganglions), fièvre pouvant durer un mois, éruption, etc. La plupart du temps, elle passe inaperçue. Dans quelques cas, des symptômes plus graves apparaissent (candidoses, troubles de la conscience, méningites), mais quelle que soit la gravité des symptômes, et leurs traitements éventuels, ils disparaissent spontanément en quelques semaines. Parallèlement, on observe l’apparition d’anticorps propres au VIH : c’est la séroconversion. Ces anticorps sont détectés par les tests VIH.
La phase non sidéenne avec symptôme apparents
Dans l’état des recherches, il semble que seuls moins que 10% des personnes infectées ne développeront pas la maladie. La rapidité d’entrée dans la phase sidéenne semble liée à la virulence particulière de tel ou tel virus, à la réponse immunitaire de l’individu et, d’une manière certaine, à l’âge. Le sujet peut rester longtemps symptomatique, ce qui ne veut pas dire forcément que le virus reste inactif. Progressivement un certain nombre de symptôme peuvent apparaître.
La phase chronique peut être caractérisée par des adénopathies généralisées persistantes. Celles-ci peuvent mesurer alors plus d’un centimètre de diamètre, siège dans deux aires ganglionnaires distinctes, n’ont pas de cause connue et persistent plus de trois mois. En général, cette affection est classée dans la phase non symptomatique, le gonflement des ganglions traduisant simplement l’activité du système immunitaire.
On observe des manifestations cutanées ou muqueuses : dermite séborrhéique, impétigo, folliculite, herpès génital. La muqueuse buccale peut être atteinte de candidose, de leucoplasie chevelue, de gingivites récidivantes ou d’ulcérations aphtoîdes. On constate également des problèmes hématologiques et notamment la diminution des lymphocytes T4, dont le nombre est un des marqueurs de l’infection, de même que des manifestations dysimmunitaires (psoriasis) rappelant celles rencontrées dans les maladies de système.
D’autres symptômes sont fréquemment observés : altération de l’état général, fièvre, sueurs, nocturnes ou diarrhées récidivantes. Ces symptômes deviennent significatifs s’ils persistent plus d’un mois et doivent alors faire rechercher une infection sous-jacente.
La phase sidéenne proprement dite
L’entrée dans la phase du SIDA est caractérisée par l’apparition d’une pathologie appartenant à l’un des quatre grands types d’atteintes recensés dans la classification suivante :
— infections dites opportunistes,
— tumeurs,
— dénutrition ou syndrome de cachexie, troubles neurologiques dus à l’action propre au virus, démences, affections des fonctions cérébrales supérieures, paralysies faciales, etc.
La manifestation la plus fréquente est la pneumonie à pneumocystis carinii, suivi du sarcome de Kaposi, puis des autres affections opportunistes. La tuberculose pulmonaire commune est entrée en 1993 dans la classification du SIDA. Suivant la région du monde, les manifestations inaugurales les plus fréquentes seront de telle ou telle nature.
- Les tumeurs :
Le sarcome de Kaposi est caractéristique de l’infection chez les homosexuels. La tumeur se déclare volontiers aux extrémités, mais tout le corps peut être touché. La forme avec localisations viscérales est plus agressive. En dehors de formes pulmonaires asphyxiantes, cette tumeur est cependant rarement la cause directe du décès.
Les lymphomes malins sont plus particulièrement situés dans le système nerveux central, la moelle osseuse et le tube digestif. Ils surviennent le plus souvent au décours d’une maladie opportuniste.
- Les atteintes pulmonaires :
Dans 50 % des cas, le poumon est le premier organe touché, soit par des maladies opportunistes, soit par des tumeurs. Même si la maladie a débuté ailleurs, le poumon est rarement épargné par la suite.
La pneumonie à pneumocystis carinii, souvent inaugurale de la phase sidéenne, se révèle par une toux sèche accompagnée de dyspnée et souvent de fièvre. Elle doit être recherchée pour toute fièvre isolée prolongée chez le sujet séropositif. Le Bactrim et les aérosols de pentamldine constituent une prévention efficace de cette affection et ont permis un recul relatif de cette pathologie.
- Les mycobactéries :
La mycobactérie M. tuberculosis survient en général à un stade plus précoce de la maladie. Longtemps considérée comme une manifestation mineure de déficit Immunitaire, elle signe depuis 1993, l’entrée de la maladie dans la phase SIDA.
Les mycobactéries atypiques (notamment avium) sont souvent indicatrices d’une phase plus avancée de la maladie.
- Les manifestations neurologiques :
Elles peuvent être dues à des tumeurs, des maladies opportunistes ou à une atteinte spécifique du VIH. L’ensemble du système nerveux peut être touché.
La toxoplasmose est la plus fréquente des manifestations cérébrales. Elle réalise un abcès cérébral, le plus souvent multiple, avec une image caractéristique au scanner. Elle se révèle, en général, par des céphalées, de la fièvre et un déficit neurologique moteur ou sensitif. Le lymphome cérébral peut donner les mêmes symptômes mais réalise une Image différente au scanner.
Parmi les autres manifestations neurologiques, citons les méningites à cryptococcus, les encéphalites (à CMV, VIH, herpétique), et la redoutable leuco-encéphalite multifocale progressive.
- Des atteintes digestives :
la plus fréquente est la diarrhée (plus de 50 % des cas), causée par différents agents Infectieux : cysptosporidies, mlcrosporidies, mycobactéries atypiques, herpès ou cytomégalovirus. Certaines atteintes digestives semblent être sous la responsabilité directe du VIH. Elles empêchent la nutrition correcte du malade alors même que les besoins énergétiques augmentent, entraînant un amaigrissement, voire la cachexie. Enfin, les atteintes hépatiques sont fréquentes et peuvent se compliquer de lésions toxiques médicamenteuses.
- Enfin, les affections de la rétine :
(principalement dues au cytomégalovirus) atteignent 60 à 70% des sujets. Non traitées, ces affections mènent progressivement à la cécité.